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Sous l’œil menaçant des marchés, les syndicats espagnols battent en retraite

Perspective communiste

Le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero a bénéficié du feu vert des deux grandes confédérations à la réforme des retraites, qui prévoit, entre autres, de porter à 67 ans l’âge légal de départ à la retraite

Elles en avaient fait un point de rupture. Et pourtant, les principales confédérations espagnoles, les Commissions ouvrières (CCOO) et l’Union générale des travailleurs (UGT), en donnant leur feu vert, il y a une semaine, à l’accord social et économique du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, ont entériné une réforme des retraites régressive.

Le nouveau pacte prévoit en effet le relèvement de l’âge de départ à la retraite à 67 ans, de manière progressive à partir de 2013 jusqu’en 2027. Les salariés désireux de partir à 65 ans, avec une pension à taux plein, seront contraints de cotiser 38,5 ans contre 35 actuellement. Les retraites anticipées ont elles aussi été relevées, à 63 ans contre 61 ans actuellement.

Autre sacrifice : le calcul des pensions. Hier encore, il s’opérait sur les quinze dernières années de salaire. Il sera désormais sur vingt-cinq ans. Une aberration alors que seulement près de la moitié des salariés parviennent à totaliser les annuités suffisantes pour jouir d’une retraite à taux plein.

Dans un pays qui détient le record européen en matière de travail temporaire (24,8 %) et un taux de chômage explosif à plus de 20 %, le niveau de vie des retraités a de fortes chances de reculer. Sauf à avoir recours aux fonds de pension privés. Ce que les syndicats ne voulaient surtout pas. « Nous sommes satisfaits du résultat du processus », a déclaré le secrétaire de l’UGT, Candido Mendez, en précisant néanmoins qu’il ne mettait pas de côté les « divergences » avec le gouvernement concernant la réforme du travail. C’est « un accord équilibré (…) qui établit des voies pour améliorer les rentrées d’argent et assurer ainsi de meilleures pensions », a fait valoir son homologue des CCOO, Ignacio Fernandez Toxo, en allusion aux modifications arrachées. Ainsi, les femmes qui ont interrompu leur activité à la suite d’une naissance pourront faire valoir 9 mois de cotisation par enfant mais avec un seuil maximum de 24 mois. Deux annuités seront comptées pour les longues carrières universitaires. L’accord prévoit enfin une prestation de 400 euros pour les chômeurs de longue durée, alors que le gouvernement vient de supprimer l’allocation de 426 euros qu’ils percevaient. Maigres compensations au regard de la ligne directrice.

Dans une Espagne en pleine crise économique, le gouvernement, intransigeant, rabote sous la pression des marchés financiers et de Bruxelles, qui lui ordonnent de dégager 50 milliards d’euros d’ici à 2013, et de réduire le déficit public de 11,4 % à moins de 3 % du PIB. Après avoir initié une grève générale en septembre dernier, les syndicats semblent avoir adopté la politique du moins pire. Mais pour qui ? L’accord a été ratifié par la principale confédération patronale, et accueilli positivement par la droite du Parti populaire, dont le seul regret est de ne pas avoir participé à son élaboration.


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