Perspective Com
Staline, héros national en Russie

Nicolas Maury

Plus d'un demi-siècle après sa mort, l'ancien numéro un soviétique reste un héros pour de très nombreux Russes. C'est ce qui ressort d'un jeu télévisé sans précédent

Staline, héros national en Russie
Quelle est la personnalité historique qui symbolise le mieux la Russie ? Vaste question. Pour y répondre, la chaîne de télévision Rossia a lancé en mai 2008 le projet Imia Rossia [Un nom pour la Russie].

Le journal Troud rappelle les différentes étapes du projet. Cinq cents noms de personnalités de diverses époques ont initialement été proposés aux suffrages populaires à travers un site Internet, par SMS ou par téléphone. Une première sélection a permis d'en conserver cinquante. En phase finale, il n'en est plus resté que douze : le prince Alexandre Nevski (1221-1263), les tsars Ivan le Terrible (1530-1584), Pierre le Grand (1672-1725), Alexandre II (1818-1881) et l'impératrice Catherine II (1729-1796), le général Alexandre Souvorov (1729-1800), le poète Alexandre Pouchkine (1799-1837), l'écrivain Fiodor Dostoïevski (1821-1881), le chimiste Dmitri Mendeleev (1834-1907), le Premier ministre Piotr Stolypine (1862-1911), et enfin Lénine (1870-1924) et Staline (1879-1953).

A partir de septembre 2008, la dernière étape du concours a donné lieu à une campagne médiatique intensive à travers un show télévisé dominical. Un jury de douze personnalités et experts russes de divers horizons a été mis en place. Chacun des juges était chargé de défendre l'un des douze finalistes. Par exemple, le Président du Comité Central du Parti Communiste de la Fédération de Russie, Guennadi Ziouganov s'est fait l'avocat de Lénine.

Après moult débats, le jeu-concours s'est achevé le 28 décembre 2008 par la victoire du prince Alexandre Nevski, talonné par le Premier ministre Piotr Stolypine (1862-1911) lui-même suivi de Staline. Le premier, vainqueur des Suédois sur les bords de la Neva, est un héros national et a été canonisé par l'Eglise orthodoxe. Le second est considéré comme un réformateur, notamment en matière agraire, qui n'a pu empêcher les bouleversements révolutionnaires et le troisième, "Petit Père des peuples" Staline, Lénine a fini 5ème.

Les Izvestia défendent le choix populaire de Staline. Il s'agit, selon elle, d'une réaction "contre la dictature libérale des vingt dernières années, contre le politiquement correct, l'idéologie du profit et l'argent roi". Ainsi, ceux qui ont choisi Staline ne mettent pas en avant "le sang, la paranoïa et la cruauté mais la victoire, la force, le désintéressement, la raison d'Etat.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :