Perspective Com
"Tuez les communistes !", ordonne le Président des Philippines Rodrigo Duterte

Perspective communiste

Le président philippin Rodrigo Duterte donne pour consigne aux policiers et militaires de tirer à vue sur tous les "rebelles communistes", faisant craindre un bain de sang répressif contre toute opposition de gauche.

Dans l'archipel des Philippines, le président Rodrigo Duterte donne un "permis de tuer" à ses forces de l'ordre.

Un permis de tuer voire même une consigne de tirer à vue, d'après l'article que consacre Al Jazeera au discours qu'a prononcé le président philippin vendredi dernier, discours consacré à la menace communiste qui selon lui gangrène le pays et menace de renverser son pouvoir.



"Je le dis aux policiers et aux militaires : si vous avez face à vous un ennemi, un rebelle communiste qui est armé, alors tuez-le ! Tuez-les tous, achevez-les, vérifiez qu'ils sont bien morts. Et au diable les droits de l'Homme : si quelqu'un doit aller en prison, ce sera moi !"

Rodrigo Duterte égal à lui-même, lui qui a laissé ses forces de l'ordres, après son arrivée au pouvoir en 2016, tuer des milliers de personnes au nom de la lutte contre le trafic de drogues...

Le voilà qui reprend donc les armes contre la "menace communiste". Ce terme, nous précise Al Jazeera, faisant référence au départ aux Philippines à la rébellion maoïste qui résista au pouvoir central philippin dès la fin des années 1960. Duterte n'a pas réussi à désarmer ses derniers représentants par des négociations de paix comme il l'avait promis. Alors pas de quartier, désormais pour les combattre, Rodrigo Duterte reprend ses accents de chef de guerre plutôt que de chef d'Etat, lui qui en 2018 déjà appelait ses soldats à "abattre les femmes rebelles en visant leurs parties génitales", ou leur offrait une récompense pour chaque communiste tué.

Sauf que cette fois, poursuit le site d'info indépendant Rappler, tout porte à craindre que, sous couvert de chasse aux rebelles communistes, ce soit la moindre opposition politique de gauche qui soit pourchassée et massacrée. D'ailleurs, deux jours après l'appel au meurtre lancé par le président, plusieurs opérations conjointes de la police et de l'armée, au sud de Manille, ont conduit à la mort de neuf personnes et l'arrestation de six autres, tous militants dans des syndicats ou des organisations de défense des droits civiques et de la démocratie aux Philippines, proches du parti d'opposition Bayan, de gauche certes mais pas vraiment une guerilla communiste pour autant.

Les forces de l'ordre ont expliqué avoir eu des informations selon lesquelles les militants étaient en possession d'armes, ce qui n'a pas été confirmé a posteriori pour toutes les victimes. Il s'agit clairement là "d'exécutions politiques", et "d'actes profondément lâches", assènent dans le quotidien Tempo deux sénatrices d'opposition, selon qui il ne saurait y avoir de coïncidence entre les paroles du président vendredi et leur sanglante mise en application dimanche.

Une enquête a été ouverte par la Commission philippine des droits de l'Homme... Mais on l'a bien compris ce n'est pas ça qui va arrêter Rodrigo Duterte, lequel prépare déjà la campagne pour sa réélection à la présidentielle de l'an prochain.

France Culture



Commentaires (0)
Nouveau commentaire :