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Tunisie: Chokri Belaid, haut responsable de l'opposition communiste abattu

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Chokri Belaïd, l'un des responsables de l'opposition communiste laïque en Tunisie, Chokri Belaïd, a été assassiné par balles ce mercredi matin, a indiqué son frère à l'AFP, alors que les violences politiques s'aggravent deux ans après la révolution

Selon l'épouse de l'opposant, s'exprimant à la radio Mosaïque, il a été touché par plusieurs balles alors qu'il sortait de chez lui, à El Menzah 6 à Tunis, pour rejoindre son lieu de travail. Selon la radio tunisienne Shems, Chokri Belaïd a été atteint au niveau du cou et de la tête. Il a été transféré à une clinique à Ennasr, où il a succombé à ses blessures. «Chokri Belaïd a été assassiné de quatre balles tirées dans la tête et dans la poitrine devant son domicile», a pour sa part déclaré à Reuters Ziad Lakhder, l'un des responsables du Front populaire. «C'est un triste jour pour la Tunisie», a-t-il ajouté.

Son frère accuse le parti islamiste Ennahda d'être responsable du meurtre

«Mon frère a été assassiné, je suis plus que désespéré et déprimé», a indiqué à Abdelmajid Belaïd. Il a immédiatement accusé le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien, d'être responsable du meurtre. «J'emmerde tout le mouvement Ennahda et j'accuse (son chef) Rached Ghannouchi d'avoir fait assassiner mon frère», a-t-il déclaré, sans plus d'explication.

La veille de sa mort, il avait dénoncé la stratégie de la violence d'Ennahda

Chokri Belaïd, figure de l'opposition de gauche communiste et critique acerbe du gouvernement actuel, avait rejoint le Front populaire, constitué de douze partis politiques et associations de gauche, communiste, socialiste, panarabiste et écologistes, ainsi que de nombreux intellectuels indépendants. Chokri Bekaïd était le secrétaire général d'une de ses composantes, le Mouvement des patriotes démocrates. Le Front populaire est l'un des principaux adversaires politiques du gouvernement dominé par les islamistes d'Ennahda, vainqueurs des élections législatives organisées après le renversement de Ben Ali en janvier 2011.

Chokri Belaïd avait à de nombreuses reprises critiqué la montée de la violence en Tunisie, et à la veille de sa mort mardi, avait dénoncé une stratégie de la part d'Ennahda. La Tunisie a vu se multiplier les violences sociales et politiques ces derniers mois. Plusieurs partis d'opposition et des syndicalistes ont accusé des milices pro-islamistes d'orchester des heurts ou des attaques contre les opposants ou leurs bureaux.

Rassemblement devant l'ambassade de Tunisie à Paris à 11h
La coordination Ile de France du front populaire de Tunisie appelle les tunisiens de la région parisienne et tous les amis de la Tunisie à se rassembler à partir de 11h devant l'ambassade de Tunisie à Paris (Ligne 13 / Métro St François Xavier) pour dénoncer ce crime odieux.

Le Front populaire (الجبهة الشعبية) ou Front populaire pour la réalisation des objectifs de la révolution (الجبهة الشعبية لتحقيق أهداف الثورة) est une coalition politique tunisienne regroupant douze partis politiques et associations de gauche, communiste, socialiste, panarabiste et écologistes, ainsi que de nombreux intellectuels indépendants.

Après la révolution tunisienne de 2011 qui aboutit au départ du président Zine el-Abidine Ben Ali et à l'élection d'une assemblée constituante qui porte les islamistes d'Ennahda et leurs alliés au pouvoir (troïka), le paysage politique de la Tunisie se transforme : Béji Caïd Essebsi, ancien Premier ministre du deuxième gouvernement de transition, fonde un parti, l'Appel de la Tunisie, qui rassemble des représentants de la bourgeoisie, des hauts cadres et des personnalités du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Ben Ali, dissous après la révolution.
Ce nouveau parti, considéré par certains comme le recyclage du RCD, arrive pourtant à trouver des alliés auprès de certains partis centristes et de droite, pour la plupart issus de l'éclatement de l'ancien régime et à attirer la sympathie de près de 20 % des Tunisiens selon de premiers sondages, juste derrière Ennahda, au nom de la logique « Tout sauf les islamistes ».

Ces faits donnent au paysage politique une réalité bipolaire que les partis de gauche tentent de briser en créant le Front populaire afin de donner aux Tunisiens un choix autre que les islamistes au pouvoir et l'Appel de la Tunisie et ses alliés, allant davantage dans le sens des revendications sociales de la révolution.

Le Front Populaire est fondé le 7 octobre 2012 ; son porte-parole est Hamma Hammami.

Tunisie: Chokri Belaid, haut responsable de l'opposition communiste abattu
Les partis membres:

-Parti des travailleurs tunisiens de Hamma Hammami (ex-PCOT / Marxiste Léniniste)
-Parti du travail patriotique et démocratique, aile menée par Mohamed Jmour (se revendique du socialisme scientifique)
-Mouvement des patriotes démocrates de Chokri Belaïd (marxisme panarabique)
-Patriotes démocrates (Watad) de Jamel Lazhar
-Parti de la lutte progressiste de Mohamed Lassoued
-Ligue de la gauche ouvrière de Jalel Ben Brik Zoghlami, trotskiste
-Parti populaire pour la liberté et le progrès de Jelloul Azzouna, socialiste
-Front populaire unioniste d'Amor Mejri, panarabe marxiste
-Mouvement du peuple de Mohamed Brahmi, nationaliste arabe nassérien
-Mouvement Baath d'Othmen Bel Haj Amor, nationaliste arabe baasiste
-Parti d'avant-garde arabe démocratique de Kheireddine Souabni, nationaliste arabe baasiste
-Tunisie verte d'Abdelkader Zitouni, écologiste


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