UIMM-MEDEF : le parquet ouvre enfin une information judiciaire
Nicolas Maury
Denis Gautier-Sauvagnac est nommément visé pour abus de confiance et travail dissimulé. L’ex-numéro 2 du MEDEF continue d’entretenir le flou en pointant la piste des « organismes qui participent à la vie sociale »
Jusqu’à présent, Denis Gautier-Sauvagnac a refusé de s’expliquer sur ces retraits réguliers en espèce, évalués, selon le dernier décompte de la brigade financière, à 26 millions d’euros entre 2000 et 2007. À la fin de la garde à vue, son avocat Me Jean-Yves Leborgne a repris la rengaine des versements à des « organismes participant à la vie sociale », visant sournoisement les organisations syndicales. « L’UIMM n’a jamais donné aux patrons de ces organismes, mais à leurs émissaires », a-t-il argué dans le Parisien, avant de lâcher que Denis Gautier-Sauvagnac ne se rappelle plus « combien il a donné et à qui ».
Mais pour l’heure, au-delà de ces insinuations qui ulcèrent les syndicats depuis deux mois, un usage frauduleux des espèces retirées sur les comptes de l’UIMM a été mis au jour par la brigade financière : il s’agit des « compléments » de salaires ou de retraites, non déclarés au fisc, versés en liquide aux dirigeants ainsi qu’à certains cadres de l’organisation patronale. C’est cette utilisation de l’argent qui justifie, dans l’information judiciaire, les poursuites pour « travail dissimulé ». Avant l’ouverture de l’information judiciaire, le parquet a laissé filtrer que l’hypothèse d’un financement de syndicats de salariés ou de corruptions ponctuelles de délégués syndicaux était bel et bien examinée, mais qu’elle n’avait pas été confirmée jusqu’ici. La piste politique est aussi prise en compte, faisait-on savoir au parquet, d’autant que d’importants montants ont été retirés au moment des élections présidentielle et législatives de 2002 et 2007.