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UIMM-MEDEF : le parquet ouvre enfin une information judiciaire

Nicolas Maury

Denis Gautier-Sauvagnac est nommément visé pour abus de confiance et travail dissimulé. L’ex-numéro 2 du MEDEF continue d’entretenir le flou en pointant la piste des « organismes qui participent à la vie sociale »

UIMM-MEDEF : le parquet ouvre enfin une information judiciaire
En fin de semaine dernière, Denis Gautier-Sauvagnac, président démissionnaire mais toujours délégué général de l’UIMM, figure de proue, à ce titre, du - MEDEF depuis des années, était, à la surprise générale, sorti libre à l’issue de ses deux jours de garde à vue. Dimanche, Rachida Dati promettait l’ouverture d’une information judiciaire « dans les prochaines semaines ». Et c’est donc hier, plus de deux mois après la transmission au parquet de Paris par la cellule antiblanchiment du ministère de l’Économie (Tracfin) et les premières révélations dans la presse, que le procureur Jean-Claude Marin a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire dans cette affaire. Confiée à un juge d’instruction, l’information judiciaire vise nommément Denis Gautier-Sauvagnac pour « abus de confiance ». Sa proche collaboratrice est également dans le collimateur pour « complicité, recel d’abus de confiance et destruction de preuves », en raison de la disparition d’une partie de la comptabilité de l’organisation. L’information judiciaire visera également « toute autre personne » pour l’accusation de recel d’abus de confiance et de travail dissimulé afin de déterminer les bénéficiaires des espèces retirées.

Jusqu’à présent, Denis Gautier-Sauvagnac a refusé de s’expliquer sur ces retraits réguliers en espèce, évalués, selon le dernier décompte de la brigade financière, à 26 millions d’euros entre 2000 et 2007. À la fin de la garde à vue, son avocat Me Jean-Yves Leborgne a repris la rengaine des versements à des « organismes participant à la vie sociale », visant sournoisement les organisations syndicales. « L’UIMM n’a jamais donné aux patrons de ces organismes, mais à leurs émissaires », a-t-il argué dans le Parisien, avant de lâcher que Denis Gautier-Sauvagnac ne se rappelle plus « combien il a donné et à qui ».

Mais pour l’heure, au-delà de ces insinuations qui ulcèrent les syndicats depuis deux mois, un usage frauduleux des espèces retirées sur les comptes de l’UIMM a été mis au jour par la brigade financière : il s’agit des « compléments » de salaires ou de retraites, non déclarés au fisc, versés en liquide aux dirigeants ainsi qu’à certains cadres de l’organisation patronale. C’est cette utilisation de l’argent qui justifie, dans l’information judiciaire, les poursuites pour « travail dissimulé ». Avant l’ouverture de l’information judiciaire, le parquet a laissé filtrer que l’hypothèse d’un financement de syndicats de salariés ou de corruptions ponctuelles de délégués syndicaux était bel et bien examinée, mais qu’elle n’avait pas été confirmée jusqu’ici. La piste politique est aussi prise en compte, faisait-on savoir au parquet, d’autant que d’importants montants ont été retirés au moment des élections présidentielle et législatives de 2002 et 2007.


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