Mais, visiblement, les autorités russes ont pris cette décision unilatéralement, car un haut responsable des services de sécurité ukrainiens, cité par l'agence Interfax-Ukraine, a annoncé qu'il « considérait cela comme une invasion directe de l'Ukraine par la Russie », et que « ces camions [allaient] être utilisés par les rebelles pour le transport d'armes ».

Près de 100 des 260 camions du convoi, censé transporter 1 800 tonnes d'aide humanitaire, avaient franchi la frontière ukrainienne en fin de matinée, selon un observateur de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Trente-quatre d'entre eux ont été inspectés, les autres passant sans aucun contrôle. « Ni la partie ukrainienne ni la Croix-Rouge ne savent ce qui se trouve dans ces camions, ce qui nous inquiète particulièrement », a déclaré le ministère des affaires étrangères ukrainien.

L'armée ukrainienne a annoncé que l'« entière responsabilité » de la sécurité du convoi incombait à la Russie, mais qu'elle ne s'interposerait pas. Les camions se rendent dans la ville de Lougansk, à 63 kilomètres de la frontière, où les combats avec les séparatistes font rage. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a d'ailleurs fait savoir qu'il n'escorterait pas le convoi, en « raison de la situation sécuritaire imprévisible » et du « manque de garanties données par les belligérants ».

La Russie a justifié sa décision en soutenant que « toutes les garanties indispensables » avaient été données et « l'itinéraire » prévu « vérifié » par le CICR. « Tous les prétextes pour retarder la livraison de l'aide aux zones en situation de catastrophe humanitaire ont été épuisés », avait justifié le ministère des affaires étrangères de la Russie après que les premiers camions ont dépassé le poste-frontière.

Des responsables russes estiment que désormais « la responsabilité de possibles conséquences de provocations dirigées contre le convoi » revient « totalement » au gouvernement ukrainien. Les deux camps mettent en garde, et s'accusent mutuellement, de ces risques des « provocations » lorsque les camions vont traverser les territoires contrôlés par les séparatistes.

UNE « GRANDE BATAILLE » EN COURS À LOUGANSK

A Lougansk, assiégée depuis presque un mois, les autorités locales ont multiplié les appels au secours face à une situation « critique » alors qu'eau, électricité, communications et approvisionnement sont coupés depuis plus de quinze jours, et que les combats continuent.

La distribution de l'aide, si elle a lieu, se déroulera dans un climat de véritable guerre. Jeudi soir, l'armée ukrainienne affirmait qu'une « grande bataille » était en cours à Lougansk, assiégée et inaccessible à la presse. Des commandos ukrainiens étaient à l'œuvre dans les rues pour « détruire les engins d'artillerie » des combattants rebelles.

http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/08/22/le-convoi-humanitaire-russe-entre-en-ukraine_4475174_3214.html