Perspective Com
Un petit bilan du Front de Gauche

Nicolas Maury

Le Front de Gauche a t-il mangé le PCF ou alors le PCF, a travers le Front de Gauche a t-il mangé le Parti de Gauche et ses alliés ?

La révolution d'octobre 1917 n'aurait pas été possible si Lénine et les Bolchéviks n'avaient pas crée une coalition avec d'autres partis notamment le Parti socialiste-révolutionnaire de gauche (scission du Parti socialiste-révolutionnaire clairement anti révolutionnaire). Ici, le Front de Gauche, doit être étudié pour comprendre ce qu'est cette coalition électorale. Prendre pour exemple la révolution de 1917 n'est pas anodin. Le Front de Gauche est une coalition qui est intéressante a décortiquer.

I - Ce qu'est le Front de Gauche et son bilan

A) Le Front de Gauche une réussite pour les européennes ?

- Le Front de Gauche a permis l'élection de 5 députés européens avec une amélioration du score du Parti Communiste de 2004. En effet la réélection de Jacky Hénin et la succession de Francis Wurtz n'étaient pas assurés. Le Front de Gauche a permis d'augmenter les scores du PCF 5,88% en 2004 à 6,47% en 2009, d'obtenir 2 députés supplémentaires, Jean Luc Mélenchon (Sud-Ouest) et la grande surprise Marie Christine vergiat dans le Sud-Est. Bref en 2009 le Front de Gauche obtient 1.115.021 voix (6,47%) et le PCF en 2004 1.009.976 voix (5,88%), soit une différence de +105.045 voix.


- Le Front de Gauche permet la reconquête de certains bastions perdus au profit du PS, c'est le cas à Aubervilliers ou Patrick LeHyaric devance le PS (17,51% contre 15,59% pour Harlem Desir). A Montreuil, ville perdue grâce au PS, Patrick LeHyaric se trouve devant le PS (16,52% contre 13,07%) et dans d'autres villes anciennement dirigées par le PCF, le Front de Gauche devance souvent le PS (12,82% contre 12,36% à Drancy - 15% contre 14,19% à Noisy le Sec).

- Malgré tout le Front de Gauche conserve les faiblesses territoriales du PCF, en effet là ou le PCF est faiblement implanté, les scores du Front de Gauche seront faible (même si en hausse par rapport à 2004).

- Le Front de Gauche a permis la marginalisation du NPA dans son premier test électoral. Le NPA a été doublé par un PCF unitaire et non allié avec la social-démocratie. Ceci lui a coûté beaucoup de sa crédibilité et près de 2000 adhérents (sur les 7000 officieux ou 9100 officiels). Malgré ses 4,89%, son électorat essentiellement issue des quartiers populaires, n'était pas présent. Ainsi 73 % des personnes ayant voté pour Olivier Besancenot au premier tour de l'élection présidentielle de 2007 n'ont pas participé à ce scrutin, ce qui explique la perte de plus de 650.000 électeurs entre 2007 et cette élection. La stratégie sectaire du NPA c'est retourné contre lui.

B) Le Front de Gauche coalition ou parti ?

- Le Front de Gauche est une alliance de partis et associations politiques claire, avec un projet défini (essentiellement celui de la GUE et du PGE). Les dérives gauchistes des comités antilibéraux, qui ont abouti a l'apparition de "forces politiques" microscopiques et a des travers politicards ne se sont pas reproduit. Aucune perte de temps dans d'interminables discutions, aucunes querelles de leaders auto proclamés et aucun anti communisme primaire. Le Front de Gauche en tant que coalition électorale a permis de stabiliser cette partie de la gauche en crise depuis plus de 20 ans.

- Le Front de Gauche est une coalition électorale de partis et non un Die Linke à la française. Il faut que ce soit bien dit, en effet ils serait contre productif de vouloir transformer le Front de Gauche en parti. Chaque composante du FdG est une force politique avec sa spécificité : chaque parti doit y conserver ses valeurs, la Gauche Unitaire (issue du NPA) doit rester une orga post-trotskyste, le Parti de Gauche doit être le parti du socialisme démocratique (ce que n'est plus le PS depuis plus de 20 ans) et enfin le Parti Communiste qui doit redevenir cette force politique communiste majeur dont les travailleurs ont besoin.


Un petit bilan du Front de Gauche
II- Ce que doit être le Front de Gauche

Le Front de Gauche devrait être une coalition électorale avec un programme précis, révolutionnaire et qui ne remettent pas en question l'identité des partis qui la compose. Le modèle portugais du Le Front de Gauche, la "Coalition démocratique unitaire" (CDU, Coligação Democrática Unitária) démontre que des alliances durables entre différents partis (les Verts et le Parti Communiste Portugais) n'aliène pas l'idéologie des partenaires. Bien au contraire, le Parti Communiste Portugais dispose d'un solide outil militant, idéologique et d'une implantation forte dans les milieux ouvriers, syndicaux et étudiants.

Le Front de Gauche doit être maintenu pour les échéances futurs, les Régionales seront le moment d'affirmer l'indépendance du PCF face au PS, d'autant plus que ce dernier regarde toujours plus vers le MoDem (de plus en plus marginal à droite). Doit-il s'ouvrir au NPA ? la question pourrait poser débat sachant que cette organisation trotskyste ne cherche qu'a créer une nouvelle hégémonie à la gauche d'un PS en crise, son anti communisme primaire et son idéologie hétéroclite n'en font pas un partenaire fiable. Le culte de la personnalité est très important dans ce parti (il n'y a qu'a voir les affiches, Besancenot y est omniprésent).


Commentaires (6)
1. alain giraud le 15/06/2009 18:17
bien sur nicolas ton analyse et des plus respectable...la mienne aussi dalleur !! si je compte bien la coalision parti de gauche //parti communiste et de 0 , 59 %..au national !!!! pas grand chose
..MAIS PLUS LOCALEMENT JE MEINTIEN QUE LE PC LOCAL aurrais pu faire un meilleur score en fonction de la conjoncture economique dansnotre region ...PACA....voir martigues // port saint louis // port de bouc // gardane // ou aubagne /// DE CELA ILS FAUDRA EN TENIR COMPTE POURLES REGIONALES OU LES LOCALES....................................
bise /// alain
2. Nicolas le 15/06/2009 18:30
Héhé

je suis convaincu, comme je l'explique,et je suis favorable à une coalition électorale qui ne remettrait pas en question les partis et leurs identités. C'est ma vision du FdG. Le modèle de la CDU au Portugal semble pouvoir répondre aux enjeux du FdG. Ainsi le PCF conserverait son indépendance, tout comme le PG et serait suffisamment fort pour partir au combat sans le PS ou les gauchistes
3. Solidaire le 15/06/2009 19:22
Bonne analyse d'un Front de Gauche pertinent et efficace !

Comme tu le dis, Nicolas, il y a un lien direct entre résultat du FdG et implantation militante locale.

Le NPA, lui, a obtenu un résultat globalement homogène partout (4 à 6 %) y compris dans des terres difficiles pour la gauche radicale depuis longtemps (l'Alsace, notamment). Vue sa force militante et cette homogénéité, l'importance des médias dans son résultat est claire !

A nous de maintenir le cap pris par le FdG loin des objectifs de dissolution du PCF souhaités par certains au sein du Parti !
4. Pierre le 16/06/2009 00:39
Dans mon département (Allier 03) le Front de gauche réalise 12 %, il obtient des bons score (+20%) dans les mairies communiste, il n' y a eu aucune plus values du PG.
dans le FdG le projet et l'idéal communiste disparait
5. Pingouin094 le 26/06/2009 10:36
Je partage la majeure partie de ton analyse, sauf sa chute concernant le NPA.

Tout d'abord parce qu'il manque de mon point de vue un élément à ton analyse : quelle est l'ambition du Front de Gauche ?
Le Front de gauche veut-il se contenter d’être une organisation « de témoignage », en marge du jeu politique, ou son intention est-il de parvenir un jour en position de responsabilité où il pourrait contribuer directement à changer la société ?
Si le Front de Gauche a cette ambition – transformer la société – cela lui impose un minimum de pragmatisme politique pour y parvenir, sans renoncer pour autant au cœur de son idéal politique. Pour peser sur le jeu politique, il faut avoir une assise électorale que le Front de Gauche avec ses 6% n’a pas. Il faudrait au moins être au dessus de la barre des 10%, qui autorise par exemple à se maintenir au deuxième tour d’une élection à la proportionnelle (régionale, municipale ou autre). Et cela, le Front de Gauche ne peut pas le faire s’il doit affronter la concurrence fratricide d’autres formations qui se réclament des mêmes idéaux (l’opposition au libéralisme) le NPA et dans une moindre mesure LO. Le pragmatisme politique impose donc d’élargir le front de gauche au NPA et aux autres forces anticapitalistes. La fidélité à notre idéal politique impose également de ne pas élargir le front de gauche à la gauche non anticapitaliste comme le PS (cf. mon blog à ce sujet).

Donc l’élargissement au NPA – dans le respect de l’indépendance de chacun comme tu le dis si bien – est indispensable au Front de Gauche. Deplus, le Conseil National du NPA a entre-ouvert une porte le week-end dernier en posant ces conditions à un tel élargissement :
• Oui à une union de toute la gauche (PS compris) dans les luttes et l’opposition au gouvernement,
• Oui à une alliance électorale de la gauche anticapitaliste (LO, NPA, PCF, PG) au premier tour des régionales,
• Oui à un rassemblement de toute la gauche (PS compris) au 2ème tour pour battre la droite,
• Non à la participation aux exécutifs régionaux issus d’une alliance au 2ème tour.
Ces conditions posent des bases qui permettent la discussion et l’espoir d’une éventuelle alliance électorale. Ensuite, c’est dans l’action commune, dans les luttes ou dans le militantisme, que nous construiront les ponts nécessaires pour l’étoffer et la faire vivre.

Le point du 2ème tour des régionales devrait à mon sens être laissé en suspend. La question ne se posera en effet pas de la même manière selon les résultats du 1er tour. Si le Front de Gauche arrive péniblement à 11% avec un PS caracolant à 25% et des verts retrouvant leur niveau habituel à 6%, ou si les trois forces politiques Front de Gauche, PS et Verts sont presque à égalité, toutes trois aux environs de 15%, la question ne se posera évidemment pas de la même façon. Dans un cas, le Front de Gauche est largement minoritaire et ne pourra pas peser, dans l’autre cas, le Front de Gauche pèse à égalité des autres et rien ne pourra se faire contre lui.
6. Nicolas le 26/06/2009 11:44
Je tiens a rassurer le devenir du FdG que je propose est très inspiré de la CDU portugaise, je doute que les dirigeants nationaux voient le même devenir.

Concernant le NPA, j'ai une allergie dès que j'entends ce nom, tout comme Besancenot qui sont, a mon goût, des pions au service de l'ordre établit, bien sûr après rien n'est interdit pour les régionales, il faut cependant veiller a ce que ces derniers ne s'autocongratule pas ou mange la soupe avant de cracher dedans.

Sur les propositions que tu avances, je suis assez d'accord (malgré mon allergie au NPA).

Concernant les élections, j'ai un schéma clair: la premier tour exprime une idée, un programme -> y participer en tant que parti est indispensable donc pas d'alliance (sauf si FN en passe d'être élu comme à Henin Beaumont), le second sert a battre la droite (sauf si alliance PS-MoDem)-> des accords peuvent être négocié mais pas de participation aux exécutifs
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