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Un président communiste au Sri Lanka ?

Perspective communiste

Anura Kumara Dissanayake, 56 ans, dirigeant du parti marxiste-léniniste Janatha Vimukthi Peramuna (JVP) pourrait devenir le prochain président du pays traversé par une grande crise économique depuis 2022.

Face à ce "fils de la classe ouvrière", son rival, Sajith Premadasa, 57 ans, fils "de la bourgeoisie" et d'un ancien président autoritaire.

Article et traduction Nico Maury

Le 21 septembre, le Sri Lanka organise ses premières élections après la grande crise économique de l'île en 2022. Crise qui a entraîné des manifestations massives, connues sous le nom d'Aragalaya, qui ont forcé le président de l'époque, Gotabaya Rajapaksa, à démissionner et à s'enfuir.

Il y a deux favoris. L'un est le fils d'un ancien président. L'autre est un "citoyen ordinaire" :

Sajith Premadasa, 57 ans, est l'actuel chef de l'opposition au Parlement et le chef du Samagi Jana Balawegaya (SJB).

Anura Kumara Dissanayake, 56 ans, dirige le parti marxiste-léniniste Janatha Vimukthi Peramuna (JVP) et la large alliance formée en 2019, la National People's Power (NPP).

Les deux candidats à la présidence représentent des idéologies politiques diamétralement opposées : le centre-gauche libéral et la gauche.

Le fils de la classe ouvrière du Sri Lanka

Anura Kumara Dissanayake est considéré comme l'« outsider » dans la course à la présidence, le leader communiste qui se retrouve soudainement favori, dont la campagne s'est construite sur des réformes radicales, la lutte contre la corruption et l'assurance d'un soulagement économique. En bref, Dissanayake propose une révolution politique.

Le dirigeant communiste est originaire de Thambuttegama, dans le district centre-nord d'Anuradhapura. Son ambition, changer le Sri Lanka et sortir du bourbier actuel en donnant le pouvoir à la classe ouvrière, aux habitants des zones rurales, jusqu'à présent exclus des décisions politiques.

Issue de la classe ouvrière du Sri Lanka, il fréquente l'école publique dans sa ville natale et devient le premier étudiant de Thambuttegama à entrer à l'université. Son engagement dans la politique étudiante l'a amené à rejoindre le parti marxiste-léniniste Janatha Vimukthi Peramuna (JVP) en 1987.

Dissanayake entre au bureau politique du JVP en 1998. Il participe aux élections parlementaires de 2004, et devient ministre de l'Agriculture, de l'élevage, des terres et de l'irrigation dans un gouvernement de coalition. . En 2014, il devient dirigeant du JVP. En 2019, il s'est présenté sans succès à la présidence, recueillant 418.553 voix, soit seulement 3% des voix.

Lorsque l'économie du Sri Lanka s'est effondrée en 2022, entraînant des manifestations massives, le JVP a retrouvé un second souffle et est devenu le porte-voix de la lutte contre le clientélisme, le népotisme, la concentration du pouvoir et la corruption. Le JVP s'est engagé à réformer le système, de mettre fin au règne des grandes familles bourgeoises, d'introduire des réformes financières et d'améliorer les structures de gouvernance, afin de récupérer les biens volés par les riches et de punir les responsables de la crise économique du Sri Lanka.

Dissanayake est vu comme un dirigeant capable de mettre fin à 76 ans de règne politique élitiste et qui représente le « commun des mortels ». La faiblesse du JVP repose sur la faible adhésion des minorités aux idées communistes. Les Tamouls et les musulmans représentent 11 % et 9 % de la population totale de l'île et ont traditionnellement soutenu des partis politiques libéraux ou des candidats connus pour leurs politiques favorables aux minorités.

Contre le fils de la bourgeoisie Sri lankaise

C'est là que son rival, Sajith Premadasa, est en force. Le candidat du Samagi Jana Balawgaya (Pouvoir populaire uni) et leader de l'opposition parlementaire est l'antithèse de Anura Kumara Dissanayake.

Il est issu de la bourgeoisie, et son père, Ranasinghe Premadasa, a été président de l'île de 1989 à 1993 (il a écrasé brutalement la deuxième insurrection du JVP de 1987 à 1989). Il est formé dans les écoles privées et prestigieuses du Sri Lanka (S. Thomas' Preparatory School, au Royal College de Colombo, à la Mill Hill School) et d'Angleterre (London School of Economics).

Son programme est celui du libéralisme économique marié à une politique « socialement démocratique » qui promet des réformes constitutionnelles, des programmes spéciaux pour les pauvres, une relance du tourisme et un gouvernement responsable.

Premadasa dispose d'un soutien fort dans les élites cinghalaises de l'île ainsi que des minorités ethno-religieuses. Il est largement considéré comme un candidat modéré.


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