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Visite Kadhafi: les députés communistes boycottent la cérémonie à l'Assemblée

Nicolas Maury

Le rôle international de la France doit s’appuyer sur l’expression de références éthiques et politiques conforme aux valeurs de la République. Les députés PCF, PS, PRG et Verts ont boycotté la cérémonie

Mouammar Kadhafi et Bernard Accoyer (Président UMP de l'Assemblée)
Mouammar Kadhafi et Bernard Accoyer (Président UMP de l'Assemblée)
La venue de Mouammar Khadafi en France suscite une indignation légitime car, si la France se doit d’entretenir des relations avec ce pays comme avec tous les autres Etats d’Afrique, elle ne peut apporter caution à un homme et à son régime qui méprisent avec tant de cynisme les droits humains fondamentaux et les pratiques les plus élémentaires de l’ Etat de droit : mauvais traitements, emprisonnements arbitraires, enfermement de femmes et de jeunes filles dans des centres dits de « réhabilitation sociale », arrestations et retours forcés de migrants, répression brutale et meurtrière contre des manifestations, restrictions sévères du pluralisme politique et de la presse...

La véritable prise en otage des infirmières bulgares et du médecin palestinien n’est pas la seule triste illustration de cette réalité. Les autorités françaises, sur cette question, se doivent de faire toute la transparence quant aux engagements pris par notre pays et en particulier par le Président de la République, dans le domaine des armements et du nucléaire. La Commission d’enquête de l’Assemblée nationale demandée notamment par Alain Bocquet et les députés communistes doit rendre publiques toutes les informations sur le véritable contenu des accords passés et sur les conséquences qui peuvent en découler.

La visite de Khadafi à Paris rappelle aussi la responsabilité assumée par le régime de ce dernier dans plusieurs attentats très meurtriers à la fin des années 80. Pourtant le chef libyen, le week-end dernier à Lisbonne, a légitimé le terrorisme devant le sommet euro-africain.

Il est consternant de constater que bien des dirigeants occidentaux et en particulier, aujourd’hui, français, « oublient » les valeurs auxquelles ils se réfèrent puisque le « Guide de la Révolution libyenne » a normalisé ses relations avec Washington et s’ouvre aux investissements du monde capitaliste. Vis-à-vis de la Libye comme de la Tunisie, les intérêts et les profits passent avant le respect de ces valeurs et de l’exigence démocratique.

Le Parti communiste français condamne cette dérive qui caractérise la nouvelle politique étrangère mise en place par Nicolas Sarkozy dans le prolongement des politiques précédentes. L’affirmation d’un grand rôle international de la France doit s’appuyer sur l’expression claire de références éthiques et politiques positives conformes aux valeurs de la République et à celles de la Charte des Nations Unies.


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