50 Milliards de profits
Nicolas Maury
une rentabilité record pour les entreprises du CAC40
Les chiffres sont chocs, les bénéficiaires chics et les discours de toc.
Les profits montent, la colère aussi.
Les 40 géants du CAC40 ont vu leurs bénéfices bondir de 23 % au premier trimestre 2006.
Cinquante milliards d’euros de plus pour les actionnaires et les placements financiers. Citons les chiffres : Bouygues + 47 %, Accor + 54 %, Crédit agricole + 43 %, Dexia + 37 %, Lafarge + 53 %, LVMH + 46 %, Publicis + 50 %, SANOFI-Aventis + 33 %, Schneider Electric + 46 %, Société générale + 27 %, Vinci + 32 %, Vivendi + 48 %…
Jamais les sociétés n’ont bénéficié d’une telle rentabilité : 16 % contre 9 % il y a quatre ans. Une vendange exceptionnelle réalisée sur le dos des salariés trop souvent saisonniers et précarisés. Cette récolte-là ne doit rien à la météo. Toute la politique des gouvernants de ces dernières années a tendu à alléger les contributions sociales des entreprises, à réduire les impôts des sociétés et ceux sur le revenu, à liquider les droits sociaux et à déréglementer.
Contrairement aux idées toutes faites, l’envolée des bénéfices concerne aussi celui des PME - même si certaines connaissent des difficultés - qui, selon l’indice de référence Mid&small, a atteint 36 % dans la même période.
Alors que depuis 2003 les bénéfices sont au plus haut, l’investissement stagne obstinément. Cette corne d’abondance n’est pas injectée vers des projets productifs ni utiles à la population. Elle sert à acheter encore et encore des actions pour faire grimper les cours ; elle s’évanouit dans le versement de dividendes énormes ; elle se stérilise dans la croissance externe - le rachat d’autres entreprises - qui supprime des emplois. Voilà le véritable bal des privilégiés, celui à la porte duquel Nicolas Sarkozy et les siens jouent le rôle de vigiles ! L’appétit vient en mangeant et les marchés attendent avec impatience que GDF (et ses 44 % d’augmentation des bénéfices semestriels) leur soit livré sur un plateau par le gouvernement et l’UMP.
Et Sarkozy, qui sait ce qu’il doit aux beaux quartiers, a choisi de mener l’offensive contre les retraites de cinq millions de fonctionnaires ou assimilés. “ Celui qui dira qu’il est normal que les uns cotisent 40 ans pour que les autres cotisent 37,5 ans, celui-là ne respectera pas les Français ”, a-t-il osé déclarer sans risque d’être contredit sur France 2. C’est le même raisonnement qui conduit la droite à remettre en question les contrats à durée indéterminée, prétextant que d’autres salariés sont encore plus mal traités ! Le cynisme est à son comble quand certains présentent les régimes spéciaux comme des “ privilèges ”. Ce sont les mêmes qui détournent les yeux pudiquement sur les flots de richesse détournés de l’économie utile pour grossir les dividendes. Ni le MEDEF ni la droite ne tolèrent qu’on écorne le pactole pour permettre aux salariés qui l’ont produit d’avoir la sécurité d’emploi ou de formation durant leur vie professionnelle et la garantie d’une retraite paisible après 37 ans et demi de travail.
Dommage que Ségolène Royal (PS) ou Lionel Jospin (PS) ne se soient pas distingués du candidat de l’UMP à la présidentielle en refusant la remise en question des droits des salariés concernés par les régimes spéciaux, se bornant l’un et l’autre à souhaiter “ une réforme ”. Un exemple qui souligne la nécessité d’offrir en 2007 la possibilité d’un vote porteur de choix franchement antilibéraux aux électeurs de gauche, à ceux qui ont dit “ non ” lors du référendum. Toutes et Tous avec Marie George Buffet (PCF)