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CPE/ VICTOIRE

Perspective communiste

l’Europe libérale ébranlée

CPE/ VICTOIRE
“Désormais, on va parler aux patrons en français”.

Les propos de ce syndicaliste allemand, responsable des jeunes métallurgistes, en disent long sur l’influence en Europe des manifestations françaises. Alors que l’esprit du CPE est contenu dans les textes du sommet européen de Lisbonne en mars 200, les mobilisations ont ébranlé l’Europe libérale.

En mars 2005 encore, la Commission de Bruxelles proposait "d’accroître la flexibilité des marchés du travail ”. En perdant la bataille du CPE, le gouvernement et l’UMP ont échoué dans une mission qui dépasse largement le cadre français: celle de la flexibilité du marché du travail en Europe. L’enjeu était de taille, il n’est qu’à voir l’entêtement du Premier ministre depuis plus de deux mois. Les raisons sont à chercher en premier lieu dans la volonté du MEDEF de développer la précarité. L’autre raison est à chercher du côté du soutien du patronat européen et des orientations de l’Union européenne.

Si les contrats CNE ou CPE ne résultent pas d’une contrainte imposée par Bruxelles, ils correspondent cependant aux recommandations du sommet intergouvernemental européen de Lisbonne de mars 2000. La stratégie de Lisbonne définie par la Commission et le Conseil européens donne la ligne à suivre à tous les pays de l’Union en matière de politique de l’emploi.

Sur cette base a été élaboré, en mars 2005, un “ pacte européen pour la jeunesse ” proposant "d’accroître la flexibilité des marchés du travail ” et de “ retenir un plus grand nombre de personnes sur le marché ”. Il n’est pas fait ici mention d’améliorer l’emploi stable. Mais d’attribuer un travail flexible à plus de personnes. La précarité et les rotations multiples des salariés, entrant et sortant d’un marché du travail “ souple ”, reviennent à détruire le système d’indemnisation du chômage et induisent les logiques des CNE, CPE et autres contrats senior.
De Villepin s’est placé dans la stratégie de l’Europe libérale, avec pour mission de faire plier la France pour qu’elle se résigne à la précarité. Les actionnaires et la droite en Europe retenaient leur souffle, le CPE adopté ouvrirait la porte à une nouvelle offensive contre les droits des salariés à l’échelle du continent. Pas étonnant dans ces conditions que le CPE ait été soutenu par de nombreux médias en Europe et au-delà. La Commission ne fut pas en reste pour soutenir implicitement la réforme.

Mais ces coups de pouce au CPE n’auront pas suffi, le gouvernement a dû reculer. En Europe, les mobilisations françaises ont provoqué sympathie et admiration dans les mouvements sociaux et le monde syndical. Les luttes en France, bien avant la victoire, avaient déjà des conséquences au-delà des frontières de l’hexagone. Une réforme similaire en Allemagne était mise au placard. Au vu de la situation à Paris, les gouvernements en Europe ont joué la carte de la prudence d’autant que des mouvements sociaux se développent, en Grande Bretagne, en Grèce, en Allemagne.

Après les coups de semonce des “ non ” français et néerlandais au projet de constitution européenne, la victoire contre le CPE lance un nouveau pavé dans la mare de l’Europe libérale. Une montée des résistances qui correspond à un rejet des politiques de casse des droits sociaux. Le point décisif marqué contre le CPE est une bonne nouvelle pour l’avenir d’une Europe sociale.



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