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Le mot du gouvernement: 'La rigueur'

Nicolas Maury

Querelle de mots dans la majorité pour faire oublier l’ampleur des coupes dans les effectifs de la fonction publique.

Aux riches les cadeaux et aux travailleurs la rigueur
Aux riches les cadeaux et aux travailleurs la rigueur
Pendant la controverse, les coupes sombres continuent. Depuis trois jours, divers membres de la majorité tentent de se mettre d’accord sur la manière dont il convient de qualifier les suppressions de postes massives dans la fonction publique - 22 700 en 2008, du jamais vu.

Dimanche soir, c’est Christine Lagarde qui a ouvert le feu en reconnaissant que la fonction publique connaissait un « plan de rigueur ». Le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, a immédiatement corrigé en expliquant qu’il préférait parler de « plan de revalorisation », comme si les deux mots étaient synonymes. Le lendemain matin, le premier ministre, François Fillon, a recadré sa ministre de l’Économie en assurant qu’il n’y avait « pas de plan de rigueur », mais « un effort constant pour réduire les dépenses de l’État », ce qui semble être la même chose. Lundi, le ministre de la Fonction publique, Éric Woerth, a déchiffré Christine Lagarde en expliquant qu’en parlant de « rigueur », elle voulait dire « bonne gestion ». Enfin hier, le même a déclaré sur LCI que les fonctionnaires étaient une « masse », « trop importante », qui « pèse financièrement », avant de rectifier ses propos.

Ces gesticulations interviennent alors que personne ne nie que la fonction publique est soumise depuis 2000 à un plan de rigueur. L’objectif pour 2008, celui de ne pas remplacer un tiers des fonctionnaires partant à la retraite, est pourtant en deçà des promesses électorales du candidat Sarkozy. L’éducation nationale sera amputée de 10 000 à 15 000 postes, surtout dans le secondaire. La Défense et Bercy sont aussi lourdement touchés. Pour 2007, 12 000 départs en retraite ne seront pas remplacés.

Fin août, le premier ministre, François Fillon, a rappelé la promesse de Nicolas Sarkozy qui avait expliqué aux fonctionnaires qu’ils seraient « moins nombreux mais mieux payés ». Le problème, c’est que, côté salaires, c’est aussi la diète : les syndicats chiffrent à 6 % la perte de pouvoir d’achat subie par les fonctionnaires depuis 2000, l’année du dernier accord salarial. Il faut dire que le gouvernement a besoin de trouver de quoi honorer les promesses contenues dans le « paquet fiscal » adopté fin juillet, et qui devrait coûter de 10 à 11 milliards à l’État.

Bref, tout ça n’arrangera pas l’ambiance des conférences sociales qui doivent débuter en octobre sur le pouvoir d’achat, les missions de la fonction publique, le dialogue social et les parcours professionnels. Jean-Marc Canon, secrétaire général des fonctionnaires CGT, qui doit rencontrer demain, avec Bernard Thibault, le ministre de la Fonction publique, Éric Woerth : « Le gouvernement nous dit qu’il abordera ces questions sans dogmatisme, mais il veut parler des missions tout en supprimant les postes, et parler du pouvoir d’achat en refusant de négocier sur les salaires. C’est inacceptable. »


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