Université: La mobilisation contre la LRU s’amplifie
Nicolas Maury
Alors que beaucoup de médias et le gouvernement jouaient ces derniers jours sur la dramatisation, le mouvement touche de nouvelles universités. Une preuve que les arguments contre la loi font mouche. La ministre ayant de plus en plus de mal à y répondre
La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, a reçu une série d’organisations étudiantes (excluant certaines pourtant au coeur du mouvement) ainsi que la Conférence des Présidents d’Université. Elle a bien évidemment refusé toute possibilité d’abrogation. Mais elle a aussi refusé de s’engager sur une programmation pluriannuelle détaillée des moyens pour les universités.
Pour l'Union des Etudiants Communistes (UEC) le gouvernement reste sourd aux revendications des étudiants. Le gouvernement s'enferme dans sa surdité face aux revendications des étudiants. Valérie Pécresse déclare : « Cette autonomie n'est pas un désinvestissement de l'État. Elle va s'accompagner d'un investissement jamais vu de l'État dans l'université. » François Fillon affirme pour sa part : « Quand j'entends des étudiants dire que la réforme sur l'autonomie des universités qui a été votée cet été (...) conduirait à la privatisation, à la sélection ou à l'augmentation des droits d'inscription, je dis c'est faux! ».
Pourtant, les faits sont là :
=>Le budget pour l'enseignement supérieur présenté par le gouvernement est le premier depuis 15 ans à ne pas prévoir de création de poste. Au contraire, la diminution des places aux concours de l'enseignement augure des suppressions futures. Sur les 1,8 milliards d'« augmentation » annoncés, pas un sou n'ira aux universités : 450 millionssont consacrés à l’augmentation des exonérations d’impôts, 470 financent les retraites des personnels, 329 sont attribués aux programmes de rénovation des bâtiments déjà prévus et 391 s’évaporent dans l’inflation. Comment alors nier le désengagement financier de l'État ?
=>La loi prévoit effectivement une augmentation de la part des « représentants des entreprises » aux conseils d'administration qui peut atteindre 10 points ; de plus, les universités ont la possibilité de faire appel à des fonds privés, par le biais de fondations, sans aucun contrôle : les entreprises auront ainsi un pouvoir de pression sur les politiques universitaires. Comment alors nier une dérive vers la privatisation ?
=>Dans les autres pays de l'Union européenne qui ont mis en œuvre des réformes similaires, à moyen terme, les frais d'inscription à l'université ont considérablement augmenté ; d'ailleurs, les rapports qui inspirent cette réforme (comme le « Pacte pour une nouvelle université ») prévoient un financement des universités provenant pour quart des étudiants. Comment alors nier une future augmentation des frais d'inscription ?
=>La loi stipule que l'accès à l'université est conditionné à une préinscription. Celle-ci est l'occasion pour les universités de faire pression sur les étudiants pour qu'ils ne s'inscrivent pas dans l'établissement ou dans la filière de leur choix. Comment alors nier un premier pas vers la sélection ?
Que le gouvernement ne partage pas cette analyse, on s'en doute. Le gouvernement doit abroger cette loi, votée contre l'avis de la communauté universitaire.