Amnistie
Nicolas Maury
Amnistie pour les manifestants anti-CPE
Les jeunes manifestants anti-CPE, arrêtés lors des mobilisations de mars-avril, et frappés depuis de lourdes peines, en bénéficieront-ils?
L’heure est venue de répondre à cette demande d’élémentaire justice. Une telle mesure de clémence serait pertinente.
Les faits sont connus. Au plus fort de la mobilisation anti-CPE, alors que le pouvoir (UMP_UDF) s’acharne encore à maintenir un texte qu’il va devoir jeter aux oubliettes de l’histoire quelques semaines plus tard, le gouvernement, ministre de l’Intérieur en tête, décide d’utiliser la répression policière et judiciaire comme une arme de dissuasion massive contre les jeunes engagés dans le mouvement. L’espoir de briser l’élan de contestation qui gagne le pays motive les gouvernants. Toutes les tentatives d’intimidation sont utilisées. Elles visent systématiquement les jeunes. Bien qu’aucun bilan officiel n’ait jamais été complètement établi, les chiffres disponibles montrent qu’en quelques semaines au moins quatre mille personnes vont être interpellées, plus de six cents seront traduites en justice, certains relaxés, beaucoup lourdement condamnés, notamment parmi ceux qui sont jugés en comparution immédiate. Plusieurs dizaines iront même en prison, certains s’y trouvant toujours. Des dizaines de procès sont encore prévus. Les audiences pourraient s’étaler jusqu’à l’automne.
Ce qui frappe, plus encore aujourd’hui qu’hier, c’est l’arbitraire qui a présidé à cette vague de répression. Les faits établis se recoupent. Les jeunes concernés ne sont pas des casseurs. Ils participaient à un mouvement revendicatif massif, dont la légitimité a été largement établie. La disproportion des peines prononcées, sur la foi d’uniques témoignages policiers dans la plupart des cas, est très souvent flagrante. Certaines séances de comparution immédiate ont fait de la justice d’abattage, à un moment où les injonctions gouvernementales appelaient ouvertement à manier le bâton. Certains jeunes ont alors renoncé à leur droit d’appel, acceptant de fait leurs condamnations.
Au-delà de la grâce présidentielle, qui lèverait immédiatement l’exécution des peines prononcées et enverrait un signe fort à la jeunesse du pays, une loi d’amnistie, dont les parlementaires communistes ont déjà déposé le projet, est nécessaire. Elle stopperait les procédures toujours en cours et libérerait les jeunes concernés de l’épée de Damoclès qui plane au dessus de leur tête. Elle effacerait toutes les peines prononcées. À l’inverse, sans elle, des jeunes verraient leur vie marquée à jamais, et leur avenir professionnel entravé, ce qui serait un comble pour ceux dont le combat visait précisément à préserver leur droit au travail.
Jacques Chirac doit prononcer la grâce des jeunes anti-CPE, donner le signal d’une amnistie générale concernant toutes les peines prononcées ou encore en cours !