Perspective Com
Banlieues

Nicolas Maury

Le drame de Marseille, où une jeune étudiante a été gravement brûlée lors d'une attaque de bus, suscite l'indignation. Les communistes la partagent. Une fois de plus, c'est la population des quartiers populaires qui paie l'addition de la tension et des provocations.

Banlieues

En même temps il faut s'interroger sur ces actes de violence ? qui joue avec le feu?

Il faut aussi redire que seule une ambitieuse politique de développement des « quartiers » apportera une réponse durable.

Qui a intérêt à cette extrême violence? A qui profite le crime?

Surtout pas les habitants des quartiers. La vérité doit être recherchée et établie. Aucune hypothèse ne doit être à priori écartée. Et ces actes ne sauraient servir de prétexte à des mesures d'encadrement policier généralisées visant des quartiers en bloc, qui ne résolvent aucun problème et ne font au contraire que les attiser et contribuent à stigmatiser davantage des populations déjà largement victimes.

La méthode Sarkozy (UMP) a largement fait la preuve de son échec.

La réponse à la crise des banlieues passe par une politique ambitieuse de développement des quartiers, dans une vaste ambition sociale pour les familles qui y vivent, dans une vaste ambition en matière d'éducation et d'emplois pour les enfants de ces quartiers.

Sans cela, il n'y aura pas de remède durable et efficace.

Tant que les populations et les jeunes concernés, les élus, les associations ne seront pas considérés comme les acteurs premiers de ces transformations, et non comme ceux qu'il convient de mettre sous surveillance, sous tutelle, aucun plan n'aura de chance de réussite.

En effet, les questions soulevées l'an dernier sont pour l'essentiel restées sans réponses. Voire, elles ont gagné en urgence avec les coups de boutoir redoublés de la politique de la droite.

Aujourd'hui, on veut le faire oublier, ces exigences ne s'expriment pas dans la violence; elles s'expriment dans les cahiers de doléance d'ACLEFEU, dans les demandes incessantes des maires et des élus, notamment communistes de ces quartiers, dans le travail des forces associatives, dans l'engouement de nombreux jeunes à aller s'inscrire sur les listes électorales, dans le succès des référendums locaux pour le droit de vote des étrangers...

Et que répond le gouvernement à ces exigences? Rien.

Il préfère spéculer sur l'exaspération des populations.

En vérité c'est le face-à-face systématiquement médiatisé entre quelques groupes de jeunes violents et les réponses musclées de Sarkozy qui entretient l'image d'un anniversaire placé sous le signe de la violence.

Marseille est la conséquence dramatique de cette escalade. Il faut en sortir.


Commentaires (1)
1. Incendie du bus de la RTM : Réaction de Jean-Marc Coppola le 31/10/2006 00:52
Réaction de Jean-Marc Coppola, Secrétaire de la Fédération des Bouches du Rhône du PCF et Président du groupe Communiste et Partenaires de la Région PACA, après l’incendie criminel du bus de la RTM à Marseille samedi 28 octobre au soir.

Mes premiers mots vont à la jeune femme qui est entre la vie et la mort à la suite de l’incendie criminel d’un bus de la RTM, et à sa famille pour leur dire toute ma compassion et celle des communistes du département.

Je voudrais également dire aux autres victimes et particulièrement à la conductrice du bus ce soir là, ainsi qu’à l’ensemble du personnel de la RTM, combien je partage leur émotion et leur colère par rapport à cet acte barbare qui vient troubler Marseille et ses habitants.

Je condamne avec la plus grande fermeté ces actes de délinquance et j’espère que l’enquête en cours permettra rapidement l’arrestation et la sanction de ceux qui ont commis ces violences, afin que justice soit rendue.

Rien ne peut justifier de tels actes, mais il ne suffit pas seulement de les condamner ou de ne trouver comme seule solution la répression et le quadrillage policier des quartiers populaires où sont concentrées la misère et les difficultés.

Les faits sont beaucoup trop graves pour s’en tenir aux commentaires simplistes, aux réponses populistes et surmédiatisées que l’on a pu entendre ces derniers jours à propos de « l’anniversaire des révoltes des banlieues » en région parisienne, stigmatisant des jeunes devenus soi-disant de plus en plus violents.

La situation est d’autant plus compliquée que Marseille avait été épargnée par les évènements de l’automne 2005. Mais à force de le répéter, cela devient incitation et provocation.

C’est pourquoi cet évènement mérite une grande attention de la part des pouvoirs publics et un débat démocratique à l’échelle de la ville et du pays sur les causes profondes des violences.

Nous avons besoin de comprendre, pour agir efficacement sur les violences et les exclusions sociales. Des causes sont certainement à trouver dans le sentiment d’injustice, dans les inégalités, dans les discriminations et dans le mépris qui traversent toute notre société.

Ce n’est pas la première fois que des agressions sont commises dans les transports urbains à Marseille, avec des demandes répétées des syndicats de la RTM pour obtenir des moyens supplémentaires pour assurer la sécurité de ce service public. Or quelles sont les réponses apportées aux revendications posées, et où sont les engagements du gouvernement depuis les actes de 2005 ?

Des dispositions doivent être prises afin de retrouver le calme, la sérénité et les valeurs de solidarité et de fraternité dont peut s’enorgueillir Marseille. Les Marseillaises et les Marseillais doivent réagir mais surtout, elles et ils ont la clé des problèmes et pour le vivre ensemble. Ne tombons pas dans le piège tendu par des justiciers qui voudraient résoudre les problèmes sans réelle confrontation avec la population et sans sa participation.

Que la colère s’exprime par le rassemblement et le débat autour de mots d’ordre justes, sans surenchère d’aucune sorte, lors des manifestations qui seront organisées.

Marseille, le 29 octobre 2006

29 octobre 2006


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