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Marxisme-Léninisme, socialisme, communisme

Note de Pierre Bachman (extrait et note complète en téléchargement)


De la LCR au NPA ou le retour au PS de… 1974 !
Jusqu’en 2007, par la voie électorale, il s’agissait pour la LCR, de constituer une force d’appoint disposant d’une légitimité suffisante pour aider à la « grève interprofessionnelle prolongée » qui doit se constituer en « contre-pouvoir global anticipant » un « pouvoir démocratique nouveau » dans le but de faire se lézarder le capitalisme. Il s’agissait de construire un socialisme autogestionnaire non bureaucratique et non étatisé. La référence au communisme persistait dans le nom même du parti. En d’autres termes, pour la LCR, l’accès au gouvernement ou à toute autre institution était secondaire.

La stratégie de la LCR recherchait les conditions d’un affrontement sans cesse différé par des organisations supposées réformistes ou social- libérales, politiques, associatives ou syndicales. Ses références à la dictature du prolétariat, à la révolution, au centralisme démocratique étaient confirmées.

Quoi de neuf donc au dernier congrès de la LCR en 2008 ?

La différence est de taille : il s’agit d’un changement de stratégie qui devrait aboutir à la dissolution de la LCR et à l’abandon de toute référence au communisme !

« Le but de la lutte révolutionnaire, c’est de permettre la prise du pouvoir par les travailleurs associés, et pour cela de développer une démocratie maximale. L’émancipation est donc l’affaire de celles et ceux qui luttent pour s’émanciper, ou elle n’est pas. Cela a des conséquences dès maintenant, sur notre manière d’aborder le combat politique, qui détermine le type de société que nous voulons bâtir… »

Exit la révolution au profit de la « lutte révolutionnaire »… Pour atteindre ses objectifs affichés, la LCR ne préconise pas l’union des forces historiquement de gauche (dont le PS fait incontestablement partie) :

« A la coalition répétée de partis de gauche avec les intérêts de la bourgeoisie, nous opposons la coalition politique de tous les partis et organisations décidés à s’attaquer réellement au pouvoir capitaliste… »

La référence à la grève générale comme anticipation d’un pouvoir nouveau n’est plus mentionnée. Si l’idée d’affrontement persiste, la LCR ne précise pas comment, selon quelles modalités… à moins que cette fameuse grève générale y soit cachée. Mais l’objectif actuel est la constitution d’un nouveau parti anticapitaliste (NPA) :

« … Le monde du travail a besoin d’un nouveau parti représentant ses intérêts politiques en rupture avec le système capitaliste et susceptible d’ouvrir des perspectives politiques aux luttes de classes. Nous travaillons à l’émergence d’un tel parti et au regroupement de tous les anticapitalistes, en suscitant les initiatives et de l’engagement des travailleurs et des jeunes. »

Cette « nouvelle stratégie » ressemble comme deux gouttes d’eau à la stratégie du Parti Communiste Français … en 1920 (lutte de classe contre classe, rassemblement autour du parti d’avant-garde, lutte contre la social-démocratie etc. mais avec la référence au communisme en moins) en la mettant à la sauce du XXIe siècle, du moins l’espère-t-on. On pourrait presque schématiser ce changement en caricaturant « le PCF débarrassé du réformisme » ou inversement « le PCF, le sectarisme en plus ».

Dans ces conditions, rien n’interdit de penser à une dérive électoraliste ou opportuniste de la LCR dans les années qui viennent, dérive qui se camouflera toujours derrière un discours véhément et apparemment radical. Car, dans tous les cas, la tension entre l’influence électorale et l’action dans les luttes va surgir et s’accroitre. C’est le NPA qui va assumer cette dérive opportuniste.

Création du NPA en 2009 : véhémence du discours, virage opportuniste et retour aux « assises du socialisme » de… 1974 !

La dernière hypothèse ci-dessus énoncée semble bien se confirmer avec le sectarisme et l’isolement calculés dont fait preuve le NPA dans sa stratégie européenne. Usant et même abusant du support médiatique offert par les adversaires politiques de tout changement, le NPA et plus précisément Olivier Besancenot pensent être confortés par des sondages flatteurs en vue de la prochaine élection au Parlement européen. Cette stratégie cherche ainsi un nouveau rééquilibrage politique, vieille lune de la gauche dite « non communiste » des années 70 avec François Mitterrand, le PSU de Michel Rocard, la CFDT d’Edmond Maire ou du parti communiste des années 80 de Georges Marchais et à Robert Hue. De telles stratégies ont des valeurs intrinsèques faibles au bénéfice d’un rapport à une autre force, en l’occurrence le parti socialiste, qu’il conviendrait de changer. Ce changement devenant une fin en soi, ouvrant alors la porte à tous les opportunismes, renoncements ou revirements comme on peut aujourd’hui de constater pour le parti socialiste qui, finalement, n’échappe quand même pas à la contradiction capital — travail. Pourtant, c’est le cap incontestablement choisi par le NPA qui se trouve ainsi propulsé 35 cas en arrière au temps des assises du socialisme !

En effet : le NPA dans son manifeste et son programme s’affiche pour le socialisme autogestionnaire, l’émancipation, la fin des oppressions et des rapports d’exploitation. Il cherche à ouvrir la voie au socialisme. Il n’y a plus aucune référence au communisme sauf pour le dénoncer ou pour simplement citer sont manifestes de 1848. L’articulation entre le « haut » et le « bas » telle que le dernier congrès de la LCR en 2008 le préconisait reste sous-jacente par l’articulation des luttes avec l’action politique qui doit les imprégner par un comportement qui s’imposerait à tous les membres du NPA dans les associations et les syndicats.

« … Nous voulons avancer vers l’auto-organisation et l’autogestion démocratiques de la société…. Les libertés démocratiques qui ont pu être conquises sous le régime capitaliste seront consolidées et développées. Le socialisme, c’est bien le règne de la démocratie la plus réelle et la plus étendue. »

« À l’échelle nationale, l’application d’un tel programme impliquerait la confrontation avec les classes dominantes, et exigerait une formidable mobilisation populaire, susceptible de faire émerger de nouvelles formes de pouvoir qui donneraient à un gouvernement anticapitaliste les moyens de sa politique. »

« Face à cette situation, nous pensons que les militants du NPA (quand ils le peuvent) doivent s’investir pour renforcer le mouvement syndical dans les entreprises, les branches professionnelles ou les structures interprofessionnelles. En y développant l’unité entre les salariés malgré les différents statuts, pour y faire vivre la démocratie et un syndicalisme de lutte de classe ainsi que l’unité entre les syndicats. »

Toutefois, il n’est précisé aucune modalité d’accession aux pouvoirs contrairement aux textes antérieurs de la LCR. Sur ce plan c’est le vide complet. Il n’est même plus indiqué que la grève générale peut constituer une « anticipation de pouvoirs nouveaux ». L’obsession antisocialiste domine le NPA. Pourtant..

… Parfois presque mot pour mot les objectifs du NPA étaient déjà préconisés par les protagonistes des assises du socialisme en 1974 ! Ces assises du socialisme ont donné naissance au grand parti socialiste tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Voici ce que disait François Mitterrand dans un article publié dans le « Nouvel Observateur » du mois d’octobre 1974 :

« Dans la semaine qui a suivi l’élection présidentielle, j’ai appelé les socialistes à se rassembler dans un seul parti. J’étais en cela logique avec la démarche entreprise depuis plusieurs années, démarche qui suppose ce choix préalable : plutôt une vaste formation politique riche de ses contradictions qu’une multitude de petits groupes qui se veulent rigoureux à la condition de rester séparés et donc concurrents. (...)

Quel projet ? Je me méfie des formules obscures et des mythologies. Celui auquel j’ai souscrit, avec les 1500 participants aux Assises (1), part de données précises et constantes, dont la première est et reste la lutte des classes. Le corps de doctrine socialiste a été élaboré par approches successives pendant près de deux siècles. On n’a pas tout dit lorsqu’on a constaté qu’il y a le capital et le travail et que le capital et le travail ne sont plus ce qu’ils étaient naguère. Mais on ne peut pas échapper à cette évidence que l’affrontement entre le capital et le travail continue de commander notre devenir historique. (...)

« Au capitalisme, qui a imposé un système de valeurs politiques, économiques, morales et culturelles, il convient d’opposer un système de valeurs politiques, économiques, morales et culturelles. D’où le mot d’ordre d’autogestion, derrière lequel apparaît celui de responsabilité. (...)

… Il serait dommage que des polémiques infondées entre communistes et socialistes détournent l’attention des vrais problèmes du moment. J’ai cherché à équilibrer la gauche tant que j’ai redouté que la force comparée des partis qui la composent ne lui interdise la victoire… Mais il y a de nombreux mois, si je me souviens bien, que je n’évoque plus le « rééquilibrage de la gauche ». Pourquoi en parlerais-je aujourd’hui ? Il est fait.

(1) Assises du socialisme, octobre 1974. »

Les « assises du socialisme » se tiennent les 12 et 13 octobre 1974.

Ces assises ont lieu dans la dynamique de l’élection présidentielle de mai 1974, où François Mitterrand a frôlé la victoire. Elles ouvrent le Parti socialiste à la majorité de la direction du PSU (Michel Rocard, Robert Chapuis) et à des personnalités de la CFDT (Jacques Chérèque, Pierre Héritier) ainsi qu’à la “troisième composante” (vie nouvelle, GAM, Objectif socialiste…). Elles marquent un ancrage formel fortement à gauche du parti socialiste dont le discours use désormais abondamment des termes de « collectivisation des moyens de production », « autogestion », « socialisme », « lutte des classes », « changement de société » et même pour certaines de ses membres « dépassement du capitalisme » ou « lutte anticapitaliste ».

Ces assises sont suivies quelques temps après par une convention nationale sur l’autogestion les 3 et 4 mai 1975.

Les Quinze thèses pour l’autogestion, élaborées au sein d’une commission de travail, sont adoptées à l’unanimité par la convention. Ces Quinze thèses tournent autour del’articulation du “mouvement d’en haut” et du “mouvement d’en bas”.

Et au congrès du parti socialiste de Metz en 1979, les partisans d’une rupture avec le capitalisme s’affrontent, parfois avec violence1, à ceux qui souhaiteraient une transition plus douce. En tous les cas c’est la question du capitalisme ou plus exactement de l’anticapitalisme et de son dépassement qui était posée comme aujourd’hui au NPA ! On le voit, sur les thèses, les objectifs, les stratégies de rééquilibrage, le rapport au capitalisme et à la lutte, le rapport aux communistes et au communisme, sur le « haut » et le « bas » etc. Il y a incontestablement cousinage idéologique entre le parti socialiste des années 75 et le NPA de 2009 !

Et pour conclure, si l’on fait un petit tour par l’Italie on voit où conduisent les abandons successifs dont le premier fut celui de la référence au communisme !

Pierre Bachman,
Le 11 Mars 2009.

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