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Socialisme et communisme en Amérique Latine

Remettre les pendules à l'heure des grands médias "bien-pensants" : L’infamie des bons


Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme
Ce qu’on ne pardonne pas à la Cuba révolutionnaire depuis le début, ce qu’on lui reproche est d’avoir dû se défendre sans répit. Depuis 1959, en effet, Cuba a dû se défendre d’invasions, de blocus, d’attentats terroristes et d’ingérences déstabilisatrices.

L’écrivain espagnol Santiago Alba Rico a lu le dernier ouvrage de Salim Lamrani, Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme. Comme dans le scénario de " l’arroseur arrosé ", l’auteur applique aux États membres de l’UE les critères que Bruxelles utilise pour condamner La Havane.

Le résultat est édifiant : selon les normes occidentales, Cuba est bien plus respectueux des droits de l’homme que les pays européens !

Ce qu’on ne pardonne pas à la Cuba révolutionnaire depuis le début, ce qu’on lui reproche est d’avoir dû se défendre sans répit. Depuis 1959, en effet, Cuba a dû se défendre d’invasions, de blocus, d’attentats terroristes et d’ingérences déstabilisatrices ; et elle a également dû se défendre contre une propagande farouche, aussi agressive qu’insistante, dont la puissance illumine sans l’ombre d’un doute la grande ignominie de la petite île. Un pays autant attaqué doit forcément être mauvais ; un pays tant défendu ne peut être qu’indéfendable. On ne peut même plus savoir pourquoi on attaque et pourquoi on défend un pays aussi attaqué et défendu.

On peut juger, en tout cas, de l’illégitimité de cette défense par la légitimité de l’offensive. On peut juger de la bassesse des défenseurs par la grandeur des attaquants. Qui attaque Cuba ? Des gouvernements très puissants qui parlent au nom de la démocratie et des droits de l’homme et qui envahissent ou soutiennent l’invasion de nations souveraines ; des gouvernements qui parlent au nom de la démocratie et des droits de l’homme et qui tuent pour sauver des banques et des entreprises pétrolières ; des gouvernements qui parlent au nom de la démocratie et des droits de l’homme et qui ordonnent - ou y consentent - les séquestrations de la CIA, les camps de torture, les prisons secrètes, le contrôle des téléphones et des communications, la suspension de l’habeas corpus, le racisme exterminateur des lois migratoires et un bon nombre de dictatures collaborationnistes ; des gouvernements très puissants qui parlent publiquement de démocratie et de droits de l’homme et qui bafouent la démocratie et les droits de l’homme, et qui le font non pas parce qu’ils sont hypocrites ou rusés, mais parce qu’ils savent qu’il est autant utile de les violer que de les invoquer. Pourquoi peuvent-ils parler publiquement de démocratie et de droits de l’homme ?

Précisément parce qu’ils peuvent les bafouer et les violer publiquement sans trop d’opposition. Pourquoi croit-on à ce qu’ils disent et non à ce qu’ils font ? Parce que leurs moyens pour se faire entendre sont aussi puissants que leurs moyens pour violer, tuer et détruire. Cuba ne pourra jamais avoir raison face à une irrationalité aussi irrésistible ; Cuba ne pourra jamais être juste face à une injustice aussi criminelle.

Salim Lamrani, enseignant et journaliste spécialiste de Cuba, a très bien compris qu’une partie de la stratégie de sape de la révolution cubaine passe par le fait de l’obliger à se défendre sans cesse, afin que tous ses principes paraissent rhétoriques, ses vérités vides de sens, ses chiffres gonflés, ses acquis douteux. Face à cette auto légitimation de l’attaquant - basée sur sa propre capacité à attaquer -, face à laquelle toute défense se retrouve délégitimée, il s’agit moins d’insister sur la légitimité de la révolution que de questionner radicalement la légitimité de ses détracteurs. C’est ce que fait Salim Lamrani dans Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme. Avec un calme très efficace, sans rhétorique, en ayant toujours recours à des rapports officiels au-delà de tout soupçon, il ose faire face aux gouvernements européens les plus belligérants contre Cuba sur leur propre terrain, là où ils se croient le plus intouchables ou d’où ils prétendent imposer leur doctrine au reste du monde. Abordant la question la plus difficile, la plus sensible et également la plus manipulée, l’ouvrage court et convaincant de Lamrani accumule tant d’accusations contre l’UE (et, bien sûr, contre les États-Unis) qu’apparaît naturellement aux yeux du lecteur tout ce que la propagande nous cache par le biais d’artifices et de violences symboliques, à savoir, les véritables raisons de l’offensive anti-cubaine et, indissociable de celles-ci, la supériorité positive et manifeste de Cuba - et pas seulement de manière comparative - dans la défense des droits de l’homme.

Mais les comparaisons sont vraiment édifiantes et je ne peux pas résister à l’envie de citer un passage du livre de Lamrani qui, précisément sous ce titre (" une comparaison édifiante "), exprime parfaitement aussi bien l’illégitimité morale et démocratique de l’Union européenne que le talent de l’auteur pour ordonner des vérités de façon à ce qu’elles puissent être perceptibles. Pour un compte rendu, la citation est longue ; pour un résumé judiciaire, elle est trop courte :

« Contrairement aux rapports concernant les pays de l’Union européenne, Amnesty International n’a rapporté, pour ce qui concerne Cuba,
Aucun cas d’assassinat politique contrairement au Royaume-Uni.
Aucun cas de torture ou traitement inhumain contrairement à la Belgique, à Chypre, à l’Estonie, à la France, à la Grèce, à l’Italie, à la Lettonie, à Malte, à la République tchèque et au Royaume-Uni.
Aucun cas d’utilisation de preuves obtenues sous la torture contrairement à l’Allemagne et à Chypre.
Aucun cas de disparition contrairement à l’Estonie.
Aucun cas d’enlèvement de personnes par les autorités contrairement à l’Italie.
Aucun cas de violation du droit à la vie contrairement à la Suède.
Aucun cas d’impunité suite à un crime commis par des agents de l’Etat contrairement à l’Autriche, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Portugal, la République tchèque et au Royaume-Uni.
Aucun cas de trafic d’êtres humains contrairement à la Grèce et à la Lituanie.
Aucun cas de violence contre les mineurs commises par des agents de l’État, contrairement à l’Estonie, la République tchèque et la Slovaquie.
Aucun cas de violence systématique contre les femmes contrairement à la plupart des pays européens.
Aucun cas de violence contre les minorités contrairement à l’Allemagne, à l’Estonie, à la France, la Grèce, la République tchèque, le Royaume-Uni et à la Slovaquie.
Aucun cas d’enfants privés d’accès à l’éducation en raison de leur origine ethnique contrairement à la Grèce, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Lettonie, et la Slovénie.
Aucun cas d’enfants internés en raison de leur origine ethnique contrairement à la République tchèque et à la Slovaquie.
Aucun cas de stérilisation forcée de femmes issues de minorités contrairement à la République tchèque et à la Slovaquie.
Aucun cas de citoyens déchus de leur nationalité contrairement à la Grèce et à la Slovénie.
Aucun cas d’utilisation de lits-cages pour enfermer les handicapés mentaux contrairement à la République tchèque.
Aucun cas de répression de manifestants contrairement à Chypre et à Malte.
Aucun cas de familles expulsées de leur logement contrairement à la Hongrie.
Aucun cas de violences sur les handicapés contrairement à l’Irlande.
Aucun cas de mineurs incarcérés contrairement à l’Espagne, l’Estonie et l’Irlande.
Aucun cas de malades mentaux mis en prison contrairement à l’Autriche, à l’Irlande et à l’Italie.
Aucun cas de suicide en prison contrairement à l’Italie.
Aucun cas d’automutilation en prison contrairement à l’Italie.
Aucun cas de manque d’attention médicale contrairement à l’Estonie, l’Italie, et au Royaume-Uni.
Aucun cas de violences policières contrairement à la plupart des pays européens.
Aucun cas de suspension des garanties constitutionnelles contrairement à la France.
Aucun cas de traite d’êtres humains contrairement à la Grèce.
Aucun cas d’incitation à la haine raciale et à la discrimination par les autorités contrairement à la Hongrie et à la Lettonie.
Aucun cas d’expulsion de demandeurs d’asile contrairement à l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, Chypre, la France et à la Grèce ».

Avec un véritable bon sens, Salim Lamrani brandit contre l’UE une source qu’elle-même reconnaît et utilise, mais le nombre de violations des droits de l’homme commises dans les pays européens et non commises à Cuba augmenterait sans aucun doute si l’on acceptait les dénonciations d’organismes moins officiellement « indépendants ».

Pour les défenseurs des droits de l’homme, il est clair, en tout cas, non seulement que la propagande occidentale contre Cuba est dénuée de fondement mais qu’elle inverse littéralement (conformément à une projection freudienne consciente et intéressée) le partage des rôles : la vérité est que pendant que le gouvernement de l’île caribéenne oriente toute sa politique vers la protection des droits de l’homme, les gouvernements européens (suivant celui des États-Unis) montrent clairement que les temps – si l’on veut protéger le capitalisme – ne sont pas aux scrupules juridiques ni aux simagrées humanistes. C’est pour cela qu’a servi et que sert encore la propagande contre Cuba ; si elle aide à la faire tomber, très bien ; sinon, au moins on arrive à camoufler un peu l’infamie croissante de ceux qui l’attaquent.

Après avoir lu le livre de Salim Lamrani, les atrocités commises par ceux qui les racontent m’inquiètent beaucoup plus que les bêtises que l’on raconte sur Cuba ; et l’ingénuité avec laquelle on avale ce que nous racontent nos journalistes et nos gouvernements sur eux-mêmes m’inquiètent beaucoup plus que l’ingénuité avec laquelle on gobe les bobards qu’ils nous racontent sur Cuba. Après avoir lu le livre de Salim Lamrani, je suis surtout inquiet de l’horreur de tout ce que les anti-cubains de l’Union européenne sont en train de faire aux Européens, et du silence avec lequel nous le supportons sans une plainte. Sur ce point également les Cubains ont beaucoup à nous apprendre : parce qu’au moins eux se défendent.

De Santiago Alba Rico, écrivain et enseignant de philosophie

Tiré de Radio Habana Cuba

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