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Elections législatives du 30 juillet: Dans les cuisines d’un scrutin qui aiguise les appétits


Rédigé le Vendredi 7 Juillet 2017 à 11:40 | Lu 43 fois | 0 commentaire(s)


Elections législatives du 30 juillet: Dans les cuisines d’un scrutin qui aiguise les appétits


Elections législatives du 30 juillet: Dans les cuisines d’un scrutin qui aiguise les appétits
L’Assemblée nationale est entrée dans le jeu politique en délivrant un satisfecit à la Commission électorale nationale autonome (Cena) et au ministre de l’intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo quant à l’organisation du scrutin du 30 juillet prochain. Alors que l’opposition dénonce en bloc une série de forfaitures en contestant la modification de l’article L78 du code électoral, le choix de 5 bulletins par l’électeur passe comme lettre à la poste. Le président Macky Sall vient de réussir un grand plat de résistance, en grand chef, dans sa cuisine électorale.
Avec ces élections législatives qui viennent droit devant nous, le président Macky Sall a bluffé l’opposition sénégalaise, dans son ensemble. Le patron de la coalition Benno Bokk Yakaar s’est d’abord occupé du fichier électoral avec l’application du Décret N° 2016-1536 du 29 septembre 2016 portant application de la loi n° 2016- 09 du 14 mars 2016 instituant une carte d’identité biométrique de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) pour les citoyens Sénégalais. Tous les électeurs déjà inscrits sur les listes électorales étaient tenus de confirmer physiquement leur inscription. Officiellement, la carte d’électeur est couplée à la carte d’identité biométrique valable dans l’espace de la Cedeao. En imposant à l’opposition l’établissement de nouvelles cartes nationales d’identité biométrique à puce et d’une nouvelle inscription sur les listes électorale. Entre le stock mort et les électeurs non reconduits, le nouveau fichier suscite toujours un débat. A 24 jours des élections, les cartes sont en souffrance dans les commissions de distribution, d’autres ont été enfouis à Kaolack et à Touba, et une majorité des inscrits peinent à prendre possession de leur carte. D’ailleurs, le professeur Amsatou Sow Sidibé avait sonné l’alerte sur «la qualité défectueuse de la nouvelle carte nationale d’identité biométrique Cedeao sans filiation apparente et inexploitable pour l’obtention d’un casier judiciaire»
Espace électoral dans sa besace
La carte électorale est l’autre levier qui a mérité beaucoup d’attention de la part du régime en place. A ce jour, l’extension des bureaux de vote sur l’ensemble du territoire national constitue un enjeu important et est supervisé, ipso facto, par le ministre de l’intérieur. Rien que pour la commune de Keur Massar, dans le département de Pikine, les bureaux de vote sont passés de 65 à 134. Une population électorale que la mouvance présidentielle cherche à contrôler. Dans la commune de Grand-Yoff, fief de l’opposant Khalifa Sall, le nombre d’inscrits est passé à 59 721 électeurs soit une augmentation en valeur relative de 6, 95%. Le constat est le centre Foyer a vu ses quelques bureaux de vote transférés vers l’école Aline Sitoé Diatta. Au total aucun changement sur le nombre de bureaux de vote pour l’ensemble de la commune qui reste à 220 bureaux, malgré une croissance sensible du nombre d’électeurs. Il en ressort que le régime s’est donné les moyens de fabriquer un électorat. Il s’appuie d’abord sur les statistiques, les sondages post-électoraux et les enquêtes d’opinion qui saisissent les transformations des conditions de vie, mettent en exergue les régularités observées à chaque scrutin et sondent les attentes, les penchants et les exaspérations des votants potentiels. Ces colonnes de chiffres dissèquent la société selon le sexe, l’âge, le diplôme, le lieu de résidence et, surtout, la profession et la catégorie socioprofessionnelle. Partielles et parcellaires, elles offrent néanmoins un aperçu de l’espace électoral sénégalais et des intérêts contradictoires qui s’y affrontent.
Violation du secret électoral ?
Pour finir, le régime assaisonne le plat électoral à servir à l’opposition en modifiant, dans un consensus douteux, le code électoral. Pour le libéral Babacar Gaye, la règle communautaire est précise, dans son Article 2 au 1er alinéa, et dit ceci : «aucune réforme substantielle de la loi électorale ne doit intervenir dans les six (6) mois précédant les élections, sans le consentement d’une large majorité des acteurs politiques». L’élément qui fait tilt dans cette modification est le secret de vote. «Une réforme substantielle signifie la modification d'un élément essentiel d'un contrat entre les parties. Sous ce rapport, l’élément substantiel prévu à l'article L.78 du Code électoral est le secret du vote, un acquis fondamental d'un long processus de dialogue politique qui a abouti en 1992 au Code électoral consensuel; un consentement unanime de toute la classe politique», soutient le partisan de Me Abdoulaye Wade. Et Babacar Gaye de renchérir : «Le secret du vote sera violé dans la mesure où l’on connait les 42 listes pour lesquelles l’électeur n’a pas voté». Ce grand jeu politique du président Macky Sall fait dire à Babacar Gaye que «en tout état de cause si le Gouvernement parvient à faire accepter son énième coup fourré, l'opposition qui a raté l'occasion de se constituer en une large Coalition gagnante, comme l'avait préconisé Me Wade, n'aura que ses yeux pour pleurer».
Vision étriquée de la loi électorale
A ce rythme, les observateurs de la scène électorale pensent que le Président Macky Sall veut amener l’opposition la plus significative (Coalition Gagnante Wattu Senegaal, Manko Taxawu Senegaal, Mankoo Yessal, Joyyanti, Ndawu Askan Wi, etc.) à boycotter les élections et ne pas siéger à l’hémicycle pour la 13ème législature. L’opposition à la réforme du code électoral et l’occupation de la place Soweto par la bande à Oumar Sarr, Mamadou Lamine Diallo, Gallo Tall, Moussa Diakhaté et autres ont convergé dans le refus d’une vision étriquée de la politique : évanouissement des espérances collectives dans le «trou noir électoral». Ce trou qui renferme les activités de révision du cadre électoral, de la relecture de la loi électorale, de la planification des activités et de leur chronogramme, de la mise en œuvre, de l’inscription jusqu’à l’établissement des cartes d’électeur. Tout se passe comme si plusieurs années de batailles défensives avaient privé les structures politiques de leur capacité à proposer, fût-ce dans l’adversité, une visée de long terme désirable et enthousiasmante sur l’organisation d’élection au Sénégal. Pour cette fois-ci, l’opposition en lice contre la coalition du président Macky Sall a perdu beaucoup de terrain et risque de s’embourber les cuillères dans le plat électoral servi par le maître de l’Alliance pour la République.
 





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