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SENEGAL-CONDAMNEE A CINQ ANS DE PRISON POUR INFANTICIDE


Rédigé le Samedi 24 Décembre 2016 à 11:19 | Lu 46 fois | 0 commentaire(s)


Mbène Mbaye recouvre la liberté


Mbène Mbaye, est poursuivie pour infanticide. Hier à la barre de l’avant dernière journée de la chambre criminelle, le président de la cour a disqualifié le crime d’infanticide en délit de délaissement d’enfant. Condamnée à cinq ans de prison, elle recouvre la liberté vu qu’elle a déjà passé six ans en détention préventive. A voir Mbène Mbaye s’avancer à la barre de la chambre criminelle, la première question qui vient à l’esprit est comment une jeune fille aussi frêle et âgée d’à peine vingt ans au moment des faits a pu dissimuler sa grossesse pendant neuf mois. Sans doute, cette question restera à jamais sans réponse. Mais, ce qui est sûr, c’est que la jeune femme, malgré sa corpulence, est arrivée a duper son monde. Et à dissimuler sa grossesse au nez et à la barbe de toute sa famille, pour finalement abandonner son enfant dans une maison en construction. Au final ses cachoteries n’ont pas aboutis au but escompté. Elle a été arrêtée et poursuivie pour infanticide. La jeune femme aujourd’hui âgée de 26 ans est apparue, les épaules voûtées, la tête baissée, le corps enveloppé dans un châle blanc. Comme pour se protéger contre le regard de l’assistance. Les faits pour lesquels elle est poursuivie remontent en 2011. Ce jour-là, des habitants du quartier de la zone industrielle de Keur Mbaye Fall découvrent le corps sans vie d’un nouveau-né de sexe masculin dans une maison en construction. Ils alertent les gendarmes qui procèdent automatiquement à des investigations. Ces dernières vont les mener tout droit vers Mbène Mbaye qui habite en face du lieu où le corps du nouveau-né a été découvert. Interrogée la jeune fille reconnait les faits. Elle va s’en tenir à cette posture devant le président de la chambre. A la demande de ce dernier, elle déroule le film de son tragique histoire. Elle raconte qu’elle avait été violée par un certain Mamadou Ka dans la maison où elle officiait comme ménagère. Ce dernier l’ayant menacé de la tuer si jamais elle le dénonçait, elle opte alors de garder le silence. Mais, quelques mois après le viol, elle découvre qu’elle a contracté une grossesse. Ne voulant pas encourir la colère de sa mère, mais surtout soucieuse de ne pas lui causer de la peine, elle cache son état et continue son travail comme si de rien n’était. Néanmoins, sa grand-mère et un de ses oncles soupçonnent son état, et l’interroge. Elle dit ne pas être enceinte et se maintient dans cette position. « Je n’ai jamais voulu la mort de mon enfant » Arrivée à terme de sa grossesse, elle se rend, une nuit dans les toilettes, pour donner naissance à un petit garçon de deux kilos. Elle raconte qu’elle est restée par la suite, une heure auprès de l’enfant pour voir s’il respirait encore, car «il n’a pas crié à sa naissance». Mais voyant que le bébé reste toujours inerte, elle l’enveloppe dans un pagne et va l’abandonner dans la maison en construction qui se trouve en face de chez elle. Elle soutient qu’elle n’a jamais voulu la mort de son enfant et que tout ce qu’elle souhaitait, c’était de le donner en adoption. Mais «il ne respirait pas» soutient-elle à la barre. Ces aveux accompagnés d’une bonne dose de larme, n’ont pas outre mesure ému le procureur. Selon elle, le fait que Mbène Mbaye ait caché sa grossesse et ait omis de faire des visites prénatales démontre de sa volonté de se débarrasser de son enfant à la naissance. Et de s’insurger contre la manière dont Mbène Mbaye s’est séparée de son nouveau-né : «on aurait dit quelqu’un qui se débarrasse d’une vielle chaussette». Elle remet également en cause les propos de l’accusée selon lesquels elle a été violée. Pour le procureur, la première chose à faire lorsqu’on est victime de viol, c’est d’aller directement dénoncer le coupable. Une action que la jeune femme n’a pas faite. Toujours dans son réquisitoire, elle affirme que la seule victime dans cette histoire, est l’enfant qui a perdu la vie, «alors qu’il aurait pu faire le bonheur de sa mère si elle lui avait donné une chance de vivre, ou bien, la joie d’une famille adoptive». De ce fait, elle requière 10 ans de travaux forcés, à l’encontre de Mbène Mbaye. Disqualification des faits en délits de délaissement d’enfant Pour l’avocat de la défense, il ne fait aucun doute que sa cliente fut violée. Car «il y a 10 ans en arrière, quand on se fait violer, on le cache» soutient-il. Revenant sur le crime d’infanticide, il réfute le fait que sa cliente ait donné la mort. Selon lui, si on doit poursuivre Mbène Mbaye, c’est sur le fait d’avoir abandonné un enfant dans sans protection et jusqu’à ce que mort s’en suive. Il demande en ce sens la disqualification des faits d’infanticide en celui d’abandon d’enfant. Car «en aucun moment il n’est écrit dans l’autopsie que l’enfant a été tué. Il n’y a aucune trace de strangulation ou de violence sur le corps de l’enfant» martel l’avocat de la défense. Au vu de ces faits, il sollicite la clémence de la cour : « aujourd’hui, elle est âgée de 26 ans, elle a perdu les plus belles années de sa vie » plaide-t-il. Son plaidoyer a finalement porté ses fruits, puisque le président de la chambre a consenti à disqualifier le fait d’infanticide en délit de délaissement d’enfant. Il prononce alors, une peine de cinq ans de prisions. Une condamnation qui est synonyme de liberté pour Mbène Mbaye, puisqu’elle a déjà passé six ans derrière les barreaux.





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