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SENEGAL-DEFIANCE, MEDIATION ET MENACES


Rédigé le Samedi 24 Décembre 2016 à 12:06 | Lu 44 fois | 0 commentaire(s)


Et si la Cedeao se montrait plus «garçon» face à Jammeh ?


SENEGAL-DEFIANCE, MEDIATION ET MENACES
Après sa réunion du samedi, la Cedeao semble mettre la pression sur Jammeh. Mais, l’homme fort de Banjul donne aussi l’air plus que zen. L’un défie tout le monde, l’autre menace, sans griffe ni canine dehors. La Cedeao saura-t-elle se montrer, avant la date fatidique du 17 janvier, plus «garçon» face à l’arrogance de Jammeh ? 1er décembre 2016 - 17 janvier 2017. Un mois et demi. C’est suffisant pour réussir une médiation. Mais c’en est aussi pour fomenter et peaufiner une opération armée. La Cedeao semble se donner le temps pour réussir, soit l’une, soit l’autre. Mais, de l’autre côté, cette période de légalité constitutionnelle profite aussi au «renégat» de Banjul, Yahya Jammeh. Depuis plus d’une semaine, Yahya Jammeh défie. La Cedeao menace. Et à moins qu’un accord soit en train de se négocier souterrainement, la médiation entre les deux camps n‘augure rien de probant. Que se passera-t-il d’ici le 17 janvier 2017, date légale de la fin du magistère de Yahya Jammeh ? D’un côté, le président dictateur qui a joué un tour au peuple gambien et à la communauté internationale après avoir reconnu sa défaite et félicité son tombeur, est couvert par une légalité constitutionnelle : jusqu’au 17 janvier, il reste le président de la Gambie. Cette période d’un mois et demi (à compter du 1er décembre) lui donne les coudées franches pour défier, donner du tournis à la Cedeao, et même préparer une riposte à une éventuelle intervention militaire dans son pays. En tous les cas, Jammeh ne devrait surprendre personne. Cet homme qui a toujours foulé au pied tous les textes qu’il a signés et ratifiés dans le cadre de la Cedeao. De l’autre côté, une Cedeao contrainte de respect cette période de légalité constitutionnelle. Au risque de ne pouvoir justifier l’illégalité de son intervention par une autre illégalité, cette fois non encore consommée (Jammeh encore président). Mais la Cedeao peut également utiliser cette phase où on se regarde en chiens de faïence, pour se donner une chance dans la médiation, afin de préserver la stabilité et la démocratie. Deux aspirations tant exprimées par le peuple gambien à travers les urnes, le 1er décembre dernier. Mais, comme dit le dicton, «qui veut la paix prépare la guerre», cette phase de négociation peut servir à la Cedeao de peaufiner une stratégie efficace pour déloger Jammeh à l’issue de l’ultimatum du 17 janvier. Par ailleurs, c’est la première fois que la Cedeao se retrouve face à une crise du genre. Donc, elle a l’obligation d’éviter un échec qui serait préjudiciable au peuple gambien et à elle-même. Tout comme elle porte la lourde responsabilité de donner cette expérience en leçon à tous, pour qu’à l’avenir, personne ne s’essaie à une telle aventure en Afrique de l’Ouest. En tenant compte de tous ces paramètres, la Cedeao, dont la conférence des chefs d’Eta s’est réunie le samedi dernier, a de bonnes raisons de ne pas «déclarer la guerre à l’homme fort de Banjul». Mais, plutôt que de maintenir la pression et de resserrer l’étau autour de lui. C’est pourquoi, pour témoigner la fermeté de sa posture à manier la carotte et le bâton, elle a désigné le Nigérian, Muhammadu Buhari comme médiateur, secondé par le Ghanéen, John Dramani Mahama, un homme qui représente tout le contraire de Jammeh. Elle affirme d’abord qu’elle «maintient le résultat de l’élection du 1er décembre 2016» et promet de prendre «toutes les actions nécessaires pour faire appliquer» le verdict des urnes. La Cedeao va plus loin en s’engageant à «garantir la sécurité et la protection» du Président-élu, M. Adama Barrow. Surtout que garantir la sécurité de M. Barrow implique une intervention directe et rapprochée. D’où la nécessité d’une présence de forces de sécurité de la Cedeao en terre gambienne. Mieux, l’organisation sous-régionale promet le déplacement de tous ses chefs d’Etat en Gambie, le 19 janvier prochain, pour prendre part à l’investiture du président Adama Barrow qui prêtera serment ce jour, conformément aux dispositions de la Constitution gambienne. A cet effet, l’organisation sous régionale invite l’Union africaine et les Nations Unies à «avaliser» les décisions qu’elle prend sur la situation en Gambie et demande leur appui à ses «efforts de médiation, ainsi que toute forme d’assistance technique nécessaire». La Cedeao exhorte également les forces de défense et de sécurité gambiennes – une armée divisée aujourd’hui – «à exercer leur mandat de façon républicaine et assurer la protection des personnes et des biens». Et d’appeler la population de la Gambie «à faire preuve de retenue, à respecter l’état de droit et à assurer une transition pacifique du pouvoir».





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