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Asie & Extrême Orient
26/06/2008 - 18:55

Indonésie: surpeuplement des orphelinats à cause de la misère


Ses parents sont encore en vie, mais Yulianto, à 13 ans, a passé la moitié de sa vie dans un orphelinat. il fait partie de ces nombreux petits Indonésiens qui s'entassent dans des orphelinats surpeuplés car leurs parents sont trop pauvres pour les nourrir et les envoyer à l'école.



Une grande enquête sur les institutions d'aide à l'enfance réalisée par l'organisation non gouvernementale (ONG) américaine Save the Children et le gouvernement indonésien, rendue publique ce mois-ci, a confirmé ce phénomène. "Je voudrais juste être avec mes parents, même si ça veut dire que je ne pourrai pas faire d'études", soupire Yulianto.

Selon le rapport d'enquête de Save the Children, jusqu'à 500.000 des 85 millions d'enfants indonésiens vivent en institution, soit l'un des taux les plus élevés au monde. Et 90% de ces enfants possèdent encore un, voire deux parents vivants.

Dans les 36 orphelinats visités, les enfants passent une grande partie de leur temps à faire la cuisine et le ménage et à s'occuper des plus petits dans ces endroits où le personnel d'encadrement manque.

Florence Martin, conseillère à Save the Children à Djakarta, souligne que s'occuper des enfants sur le plan psychologique n'est pas la préoccupation de ces orphelinats, qui se contentent de leur faire l'école et de les nourrir.

Effet boomerang paradoxal, l'enquête constate que c'est aussi la politique gouvernementale de lutte de la pauvreté qui renforce le phénomène: depuis cinq ans, le financement des orphelinats dépend du nombre d'enfants hébergés. Cette assistance économique a poussé les organisations religieuses et sociales à ouvrir de nouvelles institutions d'accueil et les orphelinats existants à pratiquer le "recrutement" intensif d'enfants, expliquent les analystes de Save the Children.

L'Indonésie compte aujourd'hui 8.000 orphelinats, contre 1.600 en 1998. "Si on voulait être méchant, on pourrait dire que gérer un orphelinat est une bonne affaire. Mais quand vous avez dix enfants qui partent, il vous faut en récupérer dix autres."

Les enfants ne voient qu'en moyenne une fois par an leur famille, trop pauvre pour voyager. Et certains orphelinats découragent des relations suivies, estimant que "l'encadrement moral des enfants en institutions serait affaibli par le contact avec les parents", ajoute Mme Martin.

La plupart des institutions d'aide à l'enfance du pays sont privées et gérées par des organisations musulmanes. La moitié disposent d'un budget de fonctionnement inférieur à 10.000 dollars par an, selon l'enquête de Save the Children.

Makmur Sunusi, directeur général des services sociaux au ministère des Affaires sociales, affirme que le gouvernement a pris conscience du problème et cherche comment aider les familles misérables sans qu'elles soient obligées de se séparer.

A Djakarta, Yulianto vit avec 65 autres enfants à l'orphelinat Parapattan, qui, lui, encourage les visites des familles. Les locaux vétustes sont propres et bien entretenus. Dans la cour, les enfants jouent au "tennis" avec leurs sandales en guise de raquettes, se renvoyant des balles en plastique de part et d'autre d'un filet déchiré.

Selon la Banque mondiale, la moitié des 235 millions d'Indonésiens vit avec moins de 2 dollars par jour. Et la hausse actuelle des prix alimentaires ne risque pas d'arranger les choses pour les enfants abandonnés.

"Je sais que mes enfants m'en veulent, mais j'essaie de les convaincre que c'était le meilleur choix pour nous", soupire Tinor Niang, marchande de nouilles des rues âgée de 38 ans, qui a mis ses deux fils à Parapattan il y a neuf ans. "En tant que mère, je voudrais m'occuper de mes enfants, mais je ne peux pas être égoïste. Je veux qu'ils aient le meilleur avenir possible, alors je n'ai pas d'autre choix que de les laisser", ajoute-t-elle.

Noldi Jacob, paysan, retient ses larmes en expliquant pourquoi il vient de laisser ses enfants à Parapattan. "La situation économique est de plus en plus difficile et je ne peux pas dépendre de mes frères et soeurs pour payer pour mes enfants. Cela me fait du mal de reconnaître que je ne peux pas financer mes enfants, mais je pense que cet orphelinat peut les guider, les aimer et les éduquer."

Source: yahoo news

Arame Diène










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