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Vie du PCF et du MJCF

Lors du Conseil national du PCF du weekend dernier, un texte devant fixer une feuille du congrès a été présenté (voir pièce jointe). Voici la réaction de Frédéric Boccara sur ce document proposé aux membres du CN (naturellement je ne partage pas toutes les positions, mais il y a une réponse politique très intéressante)


38ème congrès du PCF : Et si rien ne changeait ?
Les textes distribués posent un problème de méthode et un problème de fond. Le fond des choses, c’est qu’ils ne proposent pas de changer d’orientation.

Un problème de méthode.

Les textes sont déjà transmis depuis avant-hier dans les fédérations pour « viser à introduire les réunions de militants, les débats des communistes ».

A quoi sert alors le CN ? Ce n’est pas admissible.

D’autant que le texte sur la stratégie, commission à laquelle j’ai participé, ne reflète pas les débats de la commission. Il est une prise de position qui se nourrit, certes, du débat de la commission, en tout cas de certains éléments, … mais sans les faire apparaître vraiment.

Je conteste le cadrage du débat ainsi.

Le Bilan, problème de fond majeur.

Le texte sur notre « stratégie » ne commence pas par le bilan.

Plusieurs camarades l’ont dit, cela pose un problème majeur. Cela a été dit ce matin avant moi, cela a aussi été dit dans la commission du texte « stratégie », et ce n’est pas pour rien que c’est le premier point par lequel commence le texte de 30 jeunes responsables du PCF rendu public cette semaine, mais non publié par l’Huma.

Il faut proposer une critique précise de ce qui a conduit à l’effacement et à l’échec électoral.

Mais le texte, au total, propose de « faire mieux ce qu’on essaie de faire depuis longtemps ».

La question posée est de changer d’orientation tout autant que de changer de direction.

Quels pouvoirs ? Comment ? Il faut articuler stratégie et analyse de fond.

En effet si, développant Marx, nous analysons le capitalisme comme étant en crise, si nous avons une analyse en termes de classes sociales, si nous avons une analyse de la révolution informationnelle. Qu’en tirons-nous ? Quels sont les pouvoirs ? Où ? Comment les saisir ? Si « les banques sont les tanks d’aujourd’hui contre les peuples », on ne peut pas ne pas en tirer de conclusions, et donc un questionnement. Que signifie la conquête du pouvoir ? La question n’est pas abordée par le texte sur la stratégie.

Est-ce que cela veut dire que le pouvoir d’Etat ne compte pas ? De même que les institutions publiques ? Cela veut premièrement dire que le pouvoir sur l’argent est une question décisive et politique, pas une question technique et seconde. Ce qui a des conséquences stratégiques.

Cela veut dire deuxièmement, à mon sens, qu’il s’agit de prendre le pouvoir d’Etat, le gouvernement et les institutions publiques, « en soi » mais pour conquérir des pouvoirs autogestionnaires sur les banques et les entreprises. C’est à dire d’agir dans les institutions publiques pour qu’elles permettent ces conquêtes de pouvoir. Ce qui a aussi des conséquences stratégiques.

Le texte devait poser cela, au moins de façon ouverte, sans nécessairement y répondre, même si mais pour le congrès il faudra y répondre, en tout cas la direction devra proposer une réponse.

Le texte devrait d’autant plus poser la question de la conquête des pouvoirs, que cette question a été un élément majeur de débat dans la commission. On ne peut s’en tenir à un à vague « que signifie la prise de pouvoir dans les institutions » comme écrit dans le texte actuel.

Le communisme du « déjà là ».

Le texte est traversé par l’idée du « communisme du déjà là ». Loin de moi l’idée de minorer les expériences dans la société et encore moins les luttes sociales. Loin de moi l’idée de minorer les transformations que je désigne comme révolutionnaires qui ont été imposées, telles que l’instauration de la sécurité sociale. Cependant d’abord certaines (comme l’instauration de la sécurité sociale) participent de transformations profondes, dans une certaine mesure systémiques, avec toute une cohérence de réformes (Sécu, nationalisations industrielles, CE, nationalisations bancaires, nouvelle constitution, …). En outre, elles sont en crise, voire remises en cause. Mais surtout nous avons la crise globale, le chômage massif, la misère, la menace écologique globale, etc. Donc cela ne « fait pas la maille ».

Il y a un problème de système, de cohérence : peut-on se contenter de transformations qui laissent intouchées la cohérence systémique ? Mais alors, quelle visée : le communisme un point c’est tout ? On ne peut répondre que le communisme c’est seulement « le mouvement », c’est aussi des contenus, une visée.

Nous avons répondu longtemps par la notion d’étapes : en distinguant socialisme et communisme, et nous ajoutions la notion de « démocratie avancée » pour aller au socialisme. L’idée de socialisme a été abandonnée, de façon opportuniste sous la pression de la bataille idéologique avec l’échec des pays se réclamant du socialisme[1],

Mais se pose à mon sens la question d’une société mixte de transition, du capitalisme au socialisme[2].

Il nous faut discuter autour de cette notion d’« étape », sans lui donner un aspect mécaniste d’étapes pré-déterminées. Or nous avons eu ce débat dans la commission. Et ne peut pas s’en sortir avec la notion vague et gauchisante de « ruptures », qu’adore Mélenchon, mais qui ne dit rien du dépassement proprement dit. Il faut dire les choses. Je pense, pour ma part, que la question du dépassement du marché du travail avec le projet de Sécurité d’emploi et de formation, si on lui donne son plein sens, fait partie d’une société mixte de transition. Je pense qu’un tout autre crédit aux entreprises, s’il prédomine avec d’autres critères de gestion et d’efficacité sociale des entreprises, fait partie de cette société de transition, révolutionnaire, sans être toutefois le communisme[3].

En outre, la visée d’un autre système renvoie précisément aux classes sociales. Le communisme, c’est une société sans classes. Certes, l’ « opposition capital/travail » est citée mais elle ne joue aucun rôle dans le texte. Or celle-ci renvoie au profit, et donc à l’exigence de mettre en cause le rôle du profit et les pouvoirs du capital, d’autres en ont parlé, au service des moyens de production matériels et de l’accumulation financière, s’opposant aux dépenses pour développer les capacités humaines, y compris au-delà des salaires (dépenses sociales, services publics, …). Quel rôle ceci a dans notre démarche stratégique ?

Cette question des classes sociales, avec la diversité des couches sociales, est aussi stratégique dans la mesure où elle renvoie aux alliances à construire et à travailler. Dans quelle mesure elle conditionne notre démarche stratégique ?

« Notre but la démocratie »
?

La démocratie est pour nous but et moyen.

La démocratie est centrale, mais est-ce notre seul but ? Je crois que nous avons trois buts conjoints : la démocratie (conquête de pouvoirs), l’argent et la culture (les moyens financiers et culturels), un objectif social d’épanouissement humain.

Le texte est assez unilatéral, voire défensif sur cette question de la démocratie.

En outre, le texte parle de démocratie de façon déconnectée de la question des institutions, les institutions publiques comme les institutions actuellement privées que sont les banques et les grandes entreprises.

Remplacer la dimension autogestionnaire, que nous avons longtemps mise en avant, par la notion « d’intervention citoyenne dans les constructions politiques » est aussi plus que discutable. Elle évacue à nouveau les enjeux de lutte de classe et la dialectique nécessaire entre enjeux de classes et enjeu pour toute la société.

A quoi sert le PCF ?

Uniquement accompagnement de l’existant ou bien porteur d’idées et de propositions ? Y a-t-il une bataille d’idées à mener et des idées à construire ou bien la prise de conscience appartient au domaine du spontané et il n’y a pas besoin d’un parti révolutionnaire ?

Le PCF sert-il à avoir quelques élus ou à travailler tout autrement les institutions pour les prendre en tenaille du dedans et du dehors, afin de ne pas y être isolés quand on est élu (problème que nos élus connaissent bien et rencontrent en permanence) et afin, en même temps, de ne pas être mis en-dehors. C’est tout autre chose que d’écarter d’un revers de main « des faux débats sur les relations les relations du parti aux élus ».

Les élections européennes

C’est peut-être le plus significatif de la volonté de poursuivre comme avant défendue par le texte stratégie. Le paragraphe sur les élections européennes qui le conclut ne parle que d’alliances et de liste. Il est totalement déconnecté du reste du texte. Alors qu’il s’agit de marcher sur deux jambes : alliances et liste, bien sûr, mais aussi : quelle bataille immédiate sur l’Europe ? Tout particulièrement, quelle bataille sur la BCE, pour prendre le pouvoir dessus si nous pensons que la BCE est une institution fondamentale.

*

Au total, le texte « stratégie » montre qu’il y a un refus de changer d’orientation, alors qu’un changement d’orientation est plus que jamais à l’ordre du jour, sur la base d’un bilan, en même temps que de changer de direction.

[1] Socialisme, que Paul Boccara désignait par l’étiquette de « SRE », socialisme de rattrapage étatiste et autoritaire des économies capitalistes développées.

[2] Les historiens marxistes français (dont Antoine Casanova, François Hincker, Michel Vovelle et Paul) sont, à mon avis, tout particulièrement des penseurs de ce type de société que constitue une société « mixte de transition », nourris comme ils le sont de l’analyse de la Révolution française et de la société d’Ancien régime, s’opposant à la société féodale comme à l’avènement de la société capitaliste et à la domination politique effective de la bourgeoisie.

[3] De même que le dépassement du marché des produits (avec d’autres critères de gestion et une réelle appropriation publique et sociale des entreprises, des services publics refondus, et une refonte écologique et culturelle des productions), que le dépassement du marché de l’argent (avec un autre crédit et une appropriation publique et sociale de la création monétaire, une prise des dettes publiques par les banques centrales et de nouveaux prélèvements publics et sociaux, notamment sur la finance), que le dépassement du marché mondial (pour le co-développement avec une refonte du FMI et avec des traités internationaux de maîtrise des échanges pour développer et partager les biens communs), qui branche sur les trois marchés précédents, et une expansion nouvelles des services publics jusqu’à des biens communs publics de l’humanité.

Sur le blog de Frédéric Boccara

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