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La France n'est pas aux travailleurs, elle est à 500 familles qui la pillent

Les quarante premières capitalisations de la place financière parisienne ont distribué 57,1 milliards d'euros de dividendes en 2016, soit le plus haut niveau jamais atteint depuis 2007, à la veille du krach


57,1 milliards d'euros de dividendes versés aux actionnaires du CAC40 en 2016
Un montant de 56 milliards d’euros représente environ les deux tiers de ce qui a été dépensé par la puissance publique pour l’éducation nationale, l’enseignement supérieur et la recherche en France l’an dernier. C’est également le montant que les sociétés du CAC 40 ont versé à leurs actionnaires en 2016 sous forme de dividendes et de rachats d’action (9,5 milliards contre 5 l’année précédente) afin d’en doper les cours et in fine le bénéfice par action. Un chiffre à rapprocher des 57,1 milliards de rémunération du capital versés selon les calculs de la lettre professionnelle Vernimmen.net en 2007 par les quarante premières capitalisations de la place de Paris. Juste avant le krach de 2008.

13% de hausse sur un an

En 2015, ce montant n’était «que» de 43 milliards, dans la moyenne des cinq dernières années. Si l’on met de côté les rachats d’action, en forte hausse mais qui restent loin des niveaux atteints dans ce domaine outre-Atlantique, les seuls dividendes atteignent donc leur plus haut niveau depuis la crise de 2008, à 46,2 milliards d’euros. Sur un an, cette hausse atteint 13%.

Si la rémunération du capital par les banques françaises reste toujours en deçà de ce qu’elle était avant 2008 (2,8 milliards tout de même pour BNP Paribas), d’autres géants en forte croissance de la cote parisienne comme L’Oréal, LVMH, Schneider ou encore Airbus ont pris leur suite. Le labo pharmaceutique Sanofi (6,66 milliards d’euros de dividendes distribués), le pétrolier Total (5,9 milliards) et Vivendi (5,57 milliards sans compter un dividende exceptionnel de 3,7 milliards) constituent dans l’ordre le trio gagnant des entreprises les plus généreuses pour leurs actionnaires. A elles trois, elles ont versé un tiers des dividendes du CAC 40 en 2016.

Une situation qui s’explique selon les spécialistes par l’amélioration globale des résultats du CAC 40 l’an dernier. En 2016, un seul groupe du CAC 40 a continué d’enregistrer des pertes (le sidérurgiste ArcelorMittal), contre quatre l’année précédente (ArcelorMittal, Alstom, Peugeot et Alcatel-Nokia). Au total, les bénéfices des quarante premières capitalisations françaises restent cependant en retrait de 7% depuis 2010.

«Pas pour acheter des cigares»

Ce mouvement pourrait se poursuivre cette année, si l’on s’en tient à la hausse de 11% des profits du CAC 40 constatée au premier semestre 2016. Il reste que les bénéfices allant dans la poche des actionnaires ont déjà atteint un niveau très élevé de 57% l’an dernier (30% si l’on prend en compte l’ensemble des sociétés cotées) contre 51% en 2015. La preuve que cette amélioration des résultats profite plus à la rémunération du capital qu’à l’investissement et aux salaires dans le partage de la valeur.

Cela n’empêche pas l’investissement de mieux se porter : selon le cabinet Ricol Lasteyrie, il a représenté 7,6% du chiffre d’affaires du CAC 40 en 2015, soit son taux le plus élevé depuis 2006. Et pour le spécialiste de Vernimmen.net cité par les Echos, cet argent ne sert pas «à acheter des cigares», mais est majoritairement réinvesti dans d’autres entreprises plus petites ou dans des start-up. Autrement dit, l’argent frais généré par le CAC 40 irriguerait à plus long terme l’ensemble de l’économie.

Des actionnaires majoritairement étrangers

Un raisonnement qu’il faut au minimum tempérer en raison de l’origine des actionnaires du CAC 40. Ces derniers sont aujourd’hui à plus de 50% étrangers (contre 25% en 1995), à l’image des très gros fonds souverains de pays riches en hydrocarbures comme les monarchies du Golfe ou encore le fonds souverain norvégien dont les plus-values servent à compléter le financement des retraites des habitants du royaume scandinave. Les petits porteurs, régulièrement essorés par les fluctuations du CAC 40 et une fiscalité du capital en forte hausse, ont largement déserté l’ancienne «corbeille» du Palais-Brongniart ces dernières années.

La part des salaires en hausse depuis 2008

Le travail, c’est-à-dire les salariés, sont-ils les grands perdants de cette rémunération en forte hausse du capital ? Cela ne semble plus être le cas depuis la crise de 2008. Alors que les 100 premières entreprises françaises (CAC40, une partie du SBF 120, quelques grandes sociétés familiales et plusieurs grandes ETI) manifestent des vélléités d’investissement jamais vues depuis 2011 d’après un récent baromètre de l’observatoire BFM Business et Eurogroup, la part des salaires dans la valeur ajoutée (les salaires «super brut» incluant les cotisations salariales et patronales plus les dividendes) est remontée à 59% en 2014. C’est ce que dit une étude menée en 2015 par l’économiste David Marguerit à partir de l'analyse de données de la Banque de France sur la période 1998-2013.

Alors que jusqu’au déclenchement de la crise financière, la part de la valeur ajoutée distribuée aux actionnaires avait doublé au détriment de celle des employés (cette dernière a atteint un point bas de 53,4% en 2008), ce mouvement s’est interrompue depuis cette date. Mais ce n’est pas tant en raison d’une revalorisation des salaires que de la chute des bénéfices provoqué par le krach de 2008. Durant cette dernière période, les salaires sont restés assez stables de même que les dividendes : lors d’une récession, les salaires baissent moins que les profits. Résultat, leur poids relatif dans la répartition d’une valeur moindre augmente. Pour sauvegarder salaires et dividendes, les entreprises n’ont eu d’autre choix que de rogner sur la part de la valeur ajoutée dévolue à l’investissement. Autrement dit, l’autofinancement qui, sur les dix dernières années, a assuré 75% de ces investissements, a fait les frais de cet arbitrage. «En maintenant le niveau des dividendes au détriment de l’autofinancement, il y a un risque de fragiliser l’investissement, écrivait ainsi en 2015 David Marguerit dans une tribune publiée dans le quotidien les Echos. Par ailleurs, cela contribue à amoindrir, voire annuler, la baisse des inégalités salariales», poursuivait l’économiste qui note qu’après 2010 l’écart de salaire moyen en France entre les 10% les mieux rémunérés et les 10% les moins rémunérés s’est réduit. Un simple effet de «rattrapage» selon lui, dans la mesure où la tendance était à un accroissement de cet écart depuis 1995.

Les plus aisés surreprésentés chez les actionnaires particuliers

Ce «rattrapage» ne tient surtout pas compte du fait que parmi les détenteurs d'actions, les salariés très aisés sont largement surreprésentés. Comme l’a bien montré l’économiste Thomas Piketty qui vient de mettre en accès libre sur le Web une version très enrichie de sa base de donnée sur l’évolution historique des inégalités dans le monde, plus les revenus grimpent, plus la part du patrimoine, notamment financier, dans la rémunération augmente et ce dans des proportions exponentielles. En 2013, les 20% les mieux payés étaient ainsi quinze fois plus nombreux à détenir des actifs financiers que les 20% en bas de l’échelle. Et lorsque le CAC40 augmente ses dividendes, ce sont très majoritairement les salariés les mieux rémunérés qui en bénéficient. En 2013, les 5% des Français les plus riches représentaient 63,8% des détenteurs de fonds communs de placement, d'actions et d'obligations.

Libération

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