Suite de la première partie

La manifestation du 1er Mai c'est conclue par un meeting de Claudia Klimt Weithaler, tête de liste du KPÖ pour les élections régionales du 31 Mai. La barrière de la langue étant un véritable obstacle pour comprendre le discours de l'élue régionale, je passerai très vite sur ce moment politique. Les manifestants conclurent le meeting par l'Internationale et plusieurs "hoch die internationale solidarität".

Les communistes de Graz organisaient une fête populaire à la Volkshaus (Maison du peuple). Et quelle belle surprise cette Volkshaus, voilà un lieu qui joue un rôle politique, syndical et culturel. Cette Volkshaus a été crée en 1948 pour héberger le journal communiste "Die Wahrheit" (La Vérité). Ce bâtiment est totalement entretenu par les dons des communistes. La Volkshaus montre l’ouverture du KPÖ, notamment au niveau culturel et festif. En plus de la fête du 1er Mai, est organisé le "festival Volkshaus", le plus beau festival de la ville.

A travers la Volkshaus, le Parti communiste permet de poser ses revendications culturelles, son ouverture politique et sa modestie. Le KPÖ replace l'éducation populaire au cœur des enjeux politiques.

On trouve dans ce lieu, les bureaux du KPÖ de Graz et du Steiermark, l'association d’éducation populaire du KPÖ (Bildungsverein der KPÖ), la faction communiste, GLB, au sein de l'ÖGB (Gewerkschaftliche Linksblock), le KiG (Kultur in Graz) une association culturelle et de promotion de la culture à Graz, L'Association centrale des retraités (Zentralverband der Pensionisten) qui aide les retraités, Dramagraz un forum de promotion du théâtre et des performances des auteurs allemands contemporains et enfin Popvox, un chœur de musique pop.

La Volkshaus, accueillait ce 1er Mai, une fête populaire.

Lors de cette fête populaire j'ai pu discuter avec un dirigeant des Jeunesses communistes (KJÖ), Robert Krotzer, sur les actions menés par les jeunes et étudiants communistes de Graz et d'Autriche. Force était de constater la richesse des publications des jeunes communistes, de très nombreux journaux sont publiés (en couleur et sur un papier de bonne qualité), et chaque structure fédérale dispose de sa publication (Le "Rotcrowd", journal des étudiants communistes, le "Vorneweg Zeitung" le journal des jeunes communistes).

Il m'explique que les étudiants communistes, la Kommunistischer StudentInnenverband (KSV), était en pleine campagne électorale pour faire élire les représentants étudiants à "Österreichische Hochschülerinnen- und Hochschülerschaft" le 12 mai. 11 listes s'affrontent et les listes sont politiques. Les étudiants communistes disposaient d'un élu sortant.

Au niveau des jeunesses communistes, Robert m'expliquait les campagnes du mouvement. La KJÖ (Kommunistische Jugend Österreichs) est, comme en France, indépendante du Parti communiste depuis le 33ème Congrès de 2005, elle se définie comme Marxiste-Léniniste, organisée sur les principes du centralisme démocratique. Comme le MJCF, les jeunes communiste autrichien sont membre de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique ( FMJD ). Les autres campagnes principales reposent sur la lutte contre le fascisme et l'extrême droite incarnée par le FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs) dont Jörg Haider fut le dirigeant et le BZÖ (Bündnis Zukunft Österreich).

Les jeunes communistes disposent d'une documentation riche sur le programme du FPÖ. Une plaquette s'intitule : "Für eine antifaschistische, demokratishe und soziale Wende ! Wie stoppen wir die FPÖ?" ("Pour un tournant anti-fasciste, démocratique, et sociale! Comment pouvons-nous arrêter le FPÖ?").

Je récupère du matériel (et de très nombreux autocollants), nous échangeons sur les slogans de nos organisations.

Les discussions continuent avec Elke Kahr sur les relations du KPÖ avec la GLB, les "Volkshilfe"... Les GLB (Gewerkschaftliche Linksblock), voilà quelle étrange chose, qu'est-ce ? un bloc électoral ? et bien non, il s'agit d'une faction organisée au sein de la Fédération autrichienne des syndicats (Österreichischer Gewerkschaftsbund - ÖGB), cette faction est héritière de la faction communiste et s'ouvre plus largement à ceux qui souhaitent que l'ÖGB devienne une force syndicale de lutte, opposé au capitalisme ... C'est le PAME autrichien. Le GLB dispose d'élus à Vienne (2), à Salzbourg (1) et à Graz (4). Le GLB publie un magazine, "Die Arbeit" (Le travail).

J'ai découvert les "Volkshilfe" (Volkshilfe Österreich) lors de mon séjour, Elke m'explique qu'il s'agit d'un réseau d'entraide populaire, non-confessionnelle. La Volkshilfe est active dans les domaines de la sécurité sociale , du chômage , de la pauvreté , du handicap ... Si cette organisation est très solidaire envers les ouvriers sa direction reste au SPÖ et est en concurrence avec l'ÖVP et ses "Hilfswerk Österreich".

Quelle propagande et quelle action politique pour le KPÖ ? Et bien il n'y a pas de dogmatisme (comme chez nos fractionnistes du PCF) mais une immersion totales des communistes de Graz dans la vie des gens. Par exemple Elke nous expliquait qu'elle reversait une grosse partie de ses indemnités d'élue municipale à des personnes en difficultés pour payer leurs loyers. Si bien que les slogans du KPÖ collent aux attentes sociales des habitants de Graz.

Quelques exemples :

1- "KPÖ hilfe wohnen ist zu teuer", Les communistes s’engagent contre la vie trop chère et pour un logement abordable et social.

Ces actions sont le cœur du combat de Ernest Kaltenegger (leader historique du KPÖ dans la région) et Elke Kahr. Cette campagne est symbolisée par une bouée de sauvetage car le KPÖ se revendique comme la seule solution crédible pur aider les gens.

2- "Teuerung stoppen", stoppons l'inflation.

Il s'agit là aussi d'une importante bataille des communistes de Graz. Une mobilisation populaire est lancée autour de cette campagne (depuis 2012) et elle réclame un contrôle et une réglementation des prix.

3- Frauen, le programme pour le droit des femmes.

La bataille du KPÖ du Steiermark se tourne aussi vers l'affirmation du droit des femmes. Il ne s'agit pas d'une liste de simples revendications mais ce programme explique pourquoi les femmes ont des conditions de vie inférieure à celles des hommes. Claudia Klimt Weithaler, tête de liste aux régionales du 31 mai et actuelle élue au Land de Styrie, conduit cette bataille.

Depuis 1990 le KPÖ dispose d'un programme séparé, spécifique aux droits des femmes.

4- "Gesundheit ist keine ware", la santé n'est pas une marchandise.

Des soins médicaux de bonne qualité est un droit humain. Les communistes de la région mènent aussi le combat contre la casse des services de santé régionaux.

Pour diffuser ces batailles, les communistes de Graz disposent d'une presse locale :

1- le Grazer Stadtblatt, un journal gratuit trimestriel qui relate toutes les batailles des communistes de la ville de Graz.

2- le Steirische Volksstimme, un journal gratuit trimestriel qui relate toutes les batailles des communistes de la ville de Styrie et qui reprend le nom du journal du KPÖ, le Volksstimme (la voix du peuple).

3- le Rund um den Schwammerlturm, journal bi-mensuel des communistes de Trofaiach (11.000 habitants, près de la Grüner See). Il est distribué avec le Trofaiacher Nachrichten.

Et la campagne des communistes pour les élections régionales ?

Cette affiche (ci dessus) résume la campagne des communistes et de Claudia Klimt Weithaler, tête de liste aux régionales du 31 mai et actuelle élue au Land de Styrie. Pour les communistes, ÖVP et SPÖ, sont les responsables de la crise et de la pauvreté. Ils ont axé la campagne sur les conséquences catastrophique des politiques des conservateurs et des sociaux démocrates.

1- Les communistes dénoncent le fait que 40.000 enfants de Styrie vivent dans un situation de pauvreté,
2- Qu'il y ait 60.000 chômeurs dans la région, et que l'état et la région reste bras croisé,
3- Les communistes dénoncent les loyers trop chers qui sont aussi responsable de la pauvreté.
4- Les communistes luttent contre l’implantation de casinos à Graz depuis la libéralisation du jeu et des machines à sous en 2014, les communistes refusent de créer ce qu'ils nomment un "Las Vegas" en Styrie.
5- Les transports en communs doivent pas être un luxe (+11% en Styrie).

Le programme est en ligne ICI

Et comme il fallait bien rentrer en France, j'ai pris la direction de Vienne tout en saluant les camarades de Graz, les remerciant pour l’accueil fraternel et leurs souhaitant bonne chance pour les élections régionales du 31 mai.