Carnet de route – impressions de Cuba (Troisième partie)

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Socialisme et communisme en Amérique Latine

Carnet de route – impressions de Cuba (Troisième partie)

Dimanche 23 Août 2009

La démocratie cubaine est très complexe, pour les français Cuba, via le rôle bienveillant d'une presse bienveillante envers ses patrons, apparaît comme une dictature sanguinaire dirigé par un dictateur inhumain Fidel Castro. Le système politique et électoral cubain est unique, c'est pourquoi il est de compréhension difficile pour les étrangers, habitués à un système multipartiste et représentatif.

Carnet de route – impressions de Cuba (Troisième partie)

III – Vie démocratique à Cuba

A) Cadre général politique à Cuba

L'indépendance et l'autodétermination sont le coeur du système politique cubain et de la révolution, si bien que lorsque Fidel Castro c'est retiré du pouvoir pour raison de santé, beaucoup, et a commencer par les États-Unis, ont vu la fin de la révolution. Sauf que c'est faire l'impasse sur les 11 millions de cubains et les 50 ans de révolution qui ont soudé la nation. Le blocus, les privations et les actes terroristes de la CIA (plus de 3000 morts) ont unis le peuple.

Le peuple cubain est un peuple de résistance et d'avant-garde, les efforts de la politique cubaine touchent le sport, la santé, la culture, l'éducation, science, technologie. Actuellement la crise touche Cuba et le pouvoir politique tente d'en atténuer les effets sur la population de l'île. Les productions d'exportations cubaines subissent la baisse des courts des matières premières, ainsi le Nickel qui rapportait 50.000$ la tonne rapporte aujourd'hui moins de 9.000$ la tonne. La baisse du nickel entraîne la chute du PIB. Malgré cela l'emploi ne sera pas affecté (chômage inférieur à 3%) et le programme socialiste de la révolution n'est pas remis en cause car l'être humain est la chose la plus importante même en période difficile.

Aujourd'hui la processus révolutionnaire vise a lutter contre le blocus des États-Unis, la libération des 5 patriotes cubains emprisonnés dans les geoles des États-Unis et lutte contre les terroristes de Miami (diaspora cubaine proche de l'ancien dictateur Batista).

Cuba est une république socialiste unitaire des ouvriers et paysans et une république parlementaire. Le parlement cubain est l'Assemblée nationale (Asamblea Nacional del Poder Popular). C'est l'organe suprême du pouvoir de l'État, doté des droits de voter les lois et de modifier la Constitution. Ses 614 membres sont élus pour cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. L'Assemblée nationale élit en son sein le Conseil d'État et son président (le chef d'État et de gouvernement, actuellement Raúl Castro) par un vote à bulletin secret. Selon la Constitution, les députés doivent rendre des comptes régulièrement à leurs électeurs.

Le pays est divisé en 14 provinces : Holguín, Santiago de Cuba, Villa Clara, Granma, Camagüey, Pinar del Rio, La Habana, Matanzas, Guantanamo, Las Tunas, Sancti Spíritus, Ciego de Avilla, Cienfuegos et la Ciudad de La Habana, plus la municipalité spéciale Isla de la Juventud ou Isla de Pinos. Cuba est subdivisée en 169 municipalités.

B) Le système cubain

Le pouvoir du peuple est au coeur du processus démocratique cubain. Aucun parti n'a de pouvoir pour décider les candidats mais c'est le peuple qui propose et qui dispose. La désignation des candidats s'effectue au niveau d'échelons locaux par les organisations de masse de la société civile cubaine (Centrale des travailleurs de Cuba, Comité de Défence de la Révolution, etc.). Après son arrivée au pouvoir en juillet 2006, Raúl Castro a invité la population à participer à un vaste débat national sur l'avenir du pays; un million de cubains y auraient participé. Au cours cette discussion où la critique semblait très ouverte.

L'inscription sur les listes électorales est universelle et gratuite pour tous les Cubains âgés de 16 ans révolus, et disposant de leurs droits civiques. Il existe trois types d'élections au suffrage universel : les élections municipales, les élections provinciales, et les élections législatives. Dans ces élections il y a des cadres précis de désignations des candidats:

-Les élections municipales et provinciales ont lieux tous les 2 ans et demi dans chacune des 169 communes. Chacune des communes est divisée en 30 à 200 circonscriptions selon le nombre d'habitants; chacune envoie un ou deux délégués à l'Assemblée municipale. Dans chaque circonscription ont lieu des réunions publiques au cours desquelles les citoyens désignent directement leurs candidats. Il est ensuite interdit à ces candidats de mener campagne pour leur propre compte; les Commissions électorales sont chargées d'afficher aux endroits publics leurs biographies. L'absence de campagnes à coup de millions et le fait que tout citoyen puisse
choisir et être élu permet une hétérogénéité du Parlement. Ensuite a lieu le scrutin proprement dit, qui se fait au suffrage universel direct à majorité absolue. Traditionnellement, les urnes sont gardées par les enfants des écoles, et le dépouillement est public.

-Les élections provinciales et législatives, ayant lieu tous les cinq ans, sont légèrement différentes. Dans chaque commune interviennent les Commissions des candidatures, rassemblant des représentants d'associations de travailleurs (Centrale des travailleurs de Cuba), d'étudiants (FEU), de citoyens (la Fédération des Femmes Cubaines), des CDR... Celles-ci sont chargées d'élaborer des listes de candidats pour les élections générales. La liste est ensuite transmise à l'Assemblée municipale, qui doit valider chacune des candidatures. Si l'un des noms est refusé, la Commission des candidatures doit proposer une autre personne. Tous les candidats sont ensuite présentés à la population. Ici aussi, il leur est interdit de mener une campagne individuelle ; les candidats rencontrent les citoyens, mais lors de débats communs. Le scrutin est semblable aux élections municipales, au suffrage universel.

-En aucun cas le Parti Communiste de Cuba (PCC) n'intervient dans les élections, il ne présente pas de candidats, ce n'est pas son rôle. En France les partis investissent des candidats, à Cuba c'est le peuple. Il n'a pas le droit de présenter des candidats.

C) L'Asamblea Nacional del Poder Popular

L'Assemblée Nationale regroupe 614 députés (45% de femmes) élus sur des circonscriptions auxquelles ils sont attachés et auxquelles ils doivent rendre des comptes au moins une fois par semaine. Le peuple a un pouvoir important sur les députés, il a un rôle de proposition et de décision. Les députés rendent des comptent à leurs électeurs.

Selon l'article 69 de la Constitution, l'Assemblée nationale du pouvoir populaire est l'organe suprême du pouvoir de l'État, et le seul organe disposant à la fois de pouvoirs législatifs (voter les lois) et constituants (modifier la Constitution). Elle se réunit au moins deux fois par an en session ordinaire. Après son renouvellement, l'Assemblée élit son président (actuellement Ricardo Alarcón), son vice-président, et son secrétaire. Aucun des députés n'est payé pour sa fonction; ils continuent à exercer leur vie professionnelle. Ils peuvent être révoqués par leurs électeurs si ceux-ci jugent qu'ils n'assurent pas convenablement leur fonction.

L'Assemblée élit parmi ses députés le Conseil d'État. Elle désigne également le Conseil des Ministres, dont les membres peuvent être choisis en-dehors de l'Assemblée. Les juges du Tribunal suprême, le plus haut organe judiciaire, sont aussi élus par les députés.

L'Assemblée Nationale est composée de 12 commissions permanente qui jouent le rôle clé dans la vie politique de l'île. Par exemple la commission « Santé et Sport » est une des plus importante (elle regroupe 44 députés), elle contrôle la santé et le sport dans toutes les provinces, elle définie la politique médicale, sportive, et aussi tout ce qui touche à la mort. Cette commission touche tous les stades de la vie d'un cubain. Les commissions se réunissent deux fois par an en session ordinaire pour préparer les session de l'Assemblée Nationale.

Le processus législatif ne se met en place qu'après un travail de discussion avec le peuple (au niveau des circonscriptions) et des corporations concernées. L'avis du peuple est déterminant et permanent du fait d'une réelle représentativité des élus. Il faut rappeler qu'un député ne touche pas d'indemnité, il continue a travailler et percevoir son salaire. Par exemple, il y a un éboueur élu député à Cuba (0 en France) qui continue à balayer la rue en dehors de son travail de député.

D) Le Conseil d'État

Le Conseil d’État est l'organe de l’Assemblée nationale qui la représente entre deux sessions. Formé de 31 membres, il représente l'État cubain sur le plan national et international. Il est habilité, entre autres, à déterminer la tenue de sessions extraordinaires de l’Assemblée nationale, à fixer la date des élections en vue du renouvellement, et à faire des décrets-lois entre deux sessions de l'Assemblée.

Le président du Conseil d'État, actuellement Raúl Castro, est également chef de gouvernement.

E) Le Conseil des Ministres

Le Conseil des Ministres est le gouvernement de Cuba, il est dirigé par le président du Conseil d'État. Il est chargé d'organiser l'ensemble de la politique intérieure et extérieure du pays selon les orientations décidées par l'Assemblée nationale.

F) Le Parti Communiste de Cuba

Le Parti Communiste de Cuba est apparu au terme d'un processus d'unification des forces révolutionnaires engagées contre Batista. Le PCC n'est en rien le Parti Communiste d'Union Soviétique, ni celui de Chine, ni même le PCF. A Cuba le Parti ne postule pas à l'Assemblée ; à Cuba, le parti peut conseiller dans plusieurs choses, mais ce sont les organisations populaires, de quartier, qui font les propositions pour les députés au niveau de la Province et dans le cadre national. Dans le cadre local, de la commune, ce sont les habitants qui les font. C'est un processus d'une démocratie extraordinaire, où les habitants sont ceux qu'ils disent.

Le premier Parti Communiste de Cuba est formé en 1920 et était membre du Komintern. Il est plus tard renommé Parti Socialiste Populaire pour des raisons électorales. En juillet 1961, deux ans après la révolution cubaine, l'Organisation révolutionnaire intégrée (ORI) est créée suite à la fusion du Mouvement du 26 juillet de Fidel Castro, du Parti socialiste populaire et du Directoire révolutionnaire du 13 mars. Le 26 Mars 1962, l'ORI devient le Parti unifié de la révolution socialiste cubaine (PURSC), qui devient enfin, le 3 Octobre 1965, le Parti Communiste de Cuba (PCC). Le Parti Communiste de Cuba se revendique des traditions de José Martí et du « marxisme-léninisme ».

Le PCC (et son organisation de jeunesse l'UJC-Union des Jeunes Communistes) ne proposent pas de candidats, il s'agit d'un parti politique d'avant garde. La majorité des députés de Cuba ne sont pas membre du PCC.

Le PCC est l'organisation supérieure du pays, son travail politique n'entre pas en contradiction avec les organisations de masse et les institutions politiques. Son rôle n'est absolument pas électoral (à la différence du PCF). Le recrutement des membres du PCC est complexe, peut adhérer toutes personnes qui sont des exemples pour la société. La valeur personnelle, la moralité, l'esprit de sacrifice et de résistance sont au coeur du PCC. Son travail politique vise a définir la ligne politique du pays (dans laquelle seule l'Assemblée Nationale peut trancher) et cette ligne est définie lors des congrès.

Il n'y a pas de contradiction entre le PCC et les organisations du peuple car l'opposition au PCC c'est la voix du peuple afin que ce dernier reste représentatif du peuple dans son choix de congrès.

G) Les Organisations de masse

La démocratie cubaine est assurée en son sein par plusieurs organisations de masse, elles constituent un flux d'énergie inépuisable pour la politique révolutionnaire, et une véritable école de démocratie populaire. Elles sont regroupées dans:

-Organisation des Pionniers José Martí (Organización de Pioneros José Martí - OPJM), fondée en 1977.

-Fédération Estudiantine de l'Enseignement Moyen (Federación Estudiantil de la Enseñanza Media - FEEM), fondée en 1970.

-Fédération Estudiantine Universitaire (Federación Estudiantil Universitaria - FEU), fondée en 1922.

-Centrale des Travailleurs de Cuba (Central de Trabajadores de Cuba - CTC), fondée en 1939.

-Fédération des Femmes cubaine (Federación de Mujeres Cubanas - FMC), fondée le 23 aout 1960.

-Association Nationale des Petits Agriculteurs (Asociación Nacional de Agricultores Pequeños - ANAP), fondée en 1961.

-Comités de Défense de la Révolution (Comités de Defensa de la Revolución - CDR), fondés en 1960. Il existe un Comité de défense par pâté de maison regroupant des citoyens volontaires et dont chaque Président est nommé par le Parti communiste. Les missions des CDR sont aussi diverses que, par exemple : L'entretien de la voirie, La protection civile, La distribution des biens d'équipement , La collecte des produits recyclables dans le but de lutter contre la pénurie des matières premières, L'organisation des campagnes de vaccination, La préparation des élections aux diverses assemblées ... Les CDR ont un rôle très important, celui du dialogue de masse. Contrairement au Parti communiste qui rassemble moins de 800 000 personnes, les Comités permettraient à la population, en tant qu'ONG, de s'exprimer régulièrement sur divers sujets touchant à la politique et la vie commune. Le président de chaque CDR consigne le moindre évènements de la vie locale et les éventuelles anomalies. Il en fait un rapport auprès du responsable local du ministère de l'Intérieur qui réside dans le même pâté de maisons. Ce dernier en rend compte à son supérieur hiérarchique, responsable d'une manzana (unité regroupant cinq pâtés de maisons), et ainsi de suite, jusqu'aux plus hautes sphères de l'État.

Il existe également des organisations professionnelles telles que celle des journalistes, des avocats, des économistes, des écrivains et artistes, et des centaines d'autres organismes très divers tant professionnelle, sociale, culturelle, scientifique, écologique, et de l'amitié fraternelle. Le PCC a des relations avec toutes ces organisations, en reconnaissance de leur indépendance et leur autonomie fonctionnelle.

En conclusion de cette partie, la démocratie cubaine est réelle, « l'enfer communiste » dans les caraïbes n'existe pas contrairement à ce que les médias tentent de nous inculquer. Comprendre la démocratie cubaine c'est comprendre que le pouvoir du peuple est tenu par le peuple et pour le peuple. Toute les strates de la société sont en permanence en contact avec le pouvoir et décident de leur avenir. La France et nos « démocratie occidentales» sont à 100 années lumières d'un réel pouvoir populaire.

Nicolas Maury

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