Vu comme un remède pour sortir la "gauche" de sa division et pour masquer provisoirement ces contradictions, la primaire est agitée comme la solution miracle pour 2027.
Il n'en fallait pas plus pour voir la meute insoumise s'agiter, sortir des sondages bidons pour justifier, imposer, le ralliement sans condition au grand chef, sous peine de subir des vagues de harcèlement.
Sans vouloir participer aux attaques contre François Ruffin, tel n'est pas le but, analysons d'un point de vue marxiste et révolutionnaire ce concept de primaire et ses limites.
1- Les gauches irréconciliables.
Aujourd'hui, la guerre des deux roses marque l'affrontement entre deux gauches, d'une même famille, devenues irréconciliables.
D'un côté, la vieille sociale-démocratie incarnée par les sociaux-libéraux du Parti socialiste, et dont la figure de proue est le très controversé Raphaël Glucksmann. Il incarne l'image de cette gauche qui ne l'est pas, qui méprise les travailleuses et les travailleurs, qui s'aligne sur les agendas impérialistes et qui collabore aux crises du capitalisme.
De l'autre côté, une nouvelle sociale-démocratie, incarnée par Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise. Cette gauche postmoderne, pseudo-radicale puisqu'elle défend une approche keynésienne de l'économie, sectaire, haineuse et anti-démocratique dans son fonctionnement, est utilisée par la bourgeoisie comme un épouvantail.
Ces deux gauches sont aujourd'hui en guerre et les affrontements font le jeu des capitalistes et de leurs hochets politiques.
Entre ces deux gauches, un pôle assez faible, tant numériquement qu'idéologiquement, incarné par un Parti communiste français incapable de jouer son rôle historique : Incarner la voie révolutionnaire, l'outil des travailleurs et des travailleuses pour leur émancipation et l'alternative vers le communisme, en construisant un socialisme aux couleurs de la France. On ne développera pas ici, le congrès servira à faire le bilan globalement négatif des années Roussel.
Irréconciliable pour des raisons de personnes :
Pensez-vous un seul instant que les militants communistes, de gauche, vont soutenir un Raphaël Glucksmann qui vote avec l'extrême droite au Parlement européen en faveur de la criminalisation du communisme, à son amalgame avec le nazisme, soutien les motions contre Cuba, soutien les politiques impérialistes et a joué un rôle obscur auprès du dictateur géorgien Mikhaïl Saakachvili ? Pensez-vous que les électeurs de gauche vont se rallier à un candidat d'un parti qui reste marqué par les capitulations devant la finance ?
Pensez-vous un seul instant que les militants communistes vont à nouveau soutenir Jean-Luc Mélenchon et ses attaques haineuses menées contre les communistes, contre le PCF et qui s'apprête à attaquer les mairies communistes et les faire basculer à la droite, voir à l'extrême droite (comme à Martigues) ?
Pensez-vous un seul instant que les militants insoumis, totalement inféodé à Jean-Luc Mélenchon, Père, Fils et Saint esprits, vont rallier un candidat qui ne serait pas Jean-Luc Mélenchon ?
À moins d'une situation digne de février 1934, dans tous les cas, la gauche sera divisée.
Irréconciliable pour des raisons de programme
D'un côté, une gauche sociale-libérale, de l'autre une gauche keynésienne. On a déjà testé les deux options, on sait que cela ne fonctionne pas pour une raison simple : elle ne remet pas en question le capitalisme.
Comment vont se différencier ces deux gauches ? Sur des détails. L'une sera pro-européenne, pro atlantiste, pro-guerre, l'autre sera plus confuse sur la question européenne, plutôt anti-atlantiste sans pour autant prendre ses distances avec l'impérialisme (le programme de LFI est impérialiste, soft, mais impérialiste et les prises de position de Jean-Luc Mélenchon sur la question du Sahara Occidental le démontre).
Ces deux gauches vont aussi se différencier sur la relation avec le Travail. D'un côté, une gauche capitaliste et au service des actionnaires, de l'autre une gauche plutôt favorable aux travailleurs et aux travailleuses, mais qui ne remet pas en question le capitalisme.
Comment ménager ces deux aspirations ? Avec un programme minimum commun ? Lequel ? À cette heure, il n'existe que celui du Nouveau Front Populaire. Il est globalement insuffisant, mais peut-il être enrichi pour servir de base commune comme le fut le programme L'Humain d'abord du Front de gauche ?
Faute de gauche révolutionnaire forte et crédible, c'est une fois de plus la sociale-démocratie qui a l'avantage.
2- La primaire, la fausse réponse d'un système politique dépassé
Ne tombons pas dans ce leurre, la primaire est une idée paresseuse qui ne changera rien au monde et à la situation.
Alors que la majorité des travailleurs-travailleuses ne votent plus, qu'une partie de plus en plus grande de la classe ouvrière bascule vers l'extrême droite, il serait naïf de croire qu'organiser une primaire de gauche allait résoudre les contradictions d'un système politique à bout de souffle dans une période marquée par la post-vérité et les populismes.
La primaire n'est pas l'union, à l'heure actuelle, c'est l'inverse, car elle acte la division. L'union est un combat et pour réussir ce combat, il faut des conditions minimales :
- Un mouvement social massif qui forme cette base de l'union et l'impose aux appareils politiques.
- De grandes lignes idéologiques qui rassemblent massivement et des slogans qui soient ceux des masses.
- Des personnes qui ne soient pas marquées par une forme de rejet. Ainsi Raphaël Glucksmann ou Jean-Luc Mélenchon sont disqualifiés, tout comme les anciens séides des gouvernements du PS.
- Du courage politique. Reconnaitre qu'Israël commet un génocide contre les palestiniens, reconnaitre que le Hamas est un groupe terroriste, accepter que livrer des armes ne résoudra jamais la guerre impérialiste qui ravage l'Ukraine, reconnaitre que la crise économique et sociale qui frappe la France ne se résoudra qu'en sortant du capitalisme. Enfin, accepter que pour construire un monde de paix, il faut sortir des logiques impérialistes et construire un monde multipolaire, sans ingérence.
La priorité est de donner sa place au monde du travail, aux luttes sociales, à ceux qui produisent la richesse. Il faut pour cela un Parti communiste, "parti de la classe ouvrière", porte-parole des travailleurs-travailleuses, des chômeurs-chômeuses, des couches populaires et des segments opprimés de la population.
Il faut reconquérir les classes populaires par un programme ambitieux, maximaliste, communiste et donner sa place à ceux qui luttent. Tomber dans le panneau de ces primaires serait fatal et n'enrayerait en rien la progression des idées nauséabondes du fascisme.
La solution de long-terme, c'est de construire le socialisme, ce n'est pas engager un énième rassemblement qui échouera.
Cette idée de primaire n'est ni plus ni moins que l'expression de la maladie sénile de la démocratie bourgeoise.
