L'ancien président étudiant de JNUSU (syndicat étudiant de l'Université Jawaharlal Nehru University), Kanhaiya Kumar (membre du Comité central du Parti Communiste d'Inde), et d'autres personnes, sont à nouveau inculpeés par la police de Delhi dans une affaire de sédition "motivée par des considérations politiques". A la veille des élections parlementaires, la police engage de nouveau des poursuites contre Kanhaiya Kumar et d'autres ancien.ne.s militant.e.s étudiant.e.s.

"L'accusation est motivée par des raisons politiques. Cependant, nous voulons que les accusations soient formulées et qu'un procès rapide soit établit afin que la vérité soit révélée. Nous voulons également voir les vidéos enregistrées comme soit-disant preuve" a déclaré le leader communiste Kanhaiya Kumar.

La police de Delhi a également inculpé d'anciens étudiants - Umar Khalid (Democratic Students' Union - syndicat étudiant d'obédience maoïste) et Anirban Bhattacharya - pour avoir scandé des "slogans anti-indiens" (en faveur de la liberté au Cachemire) lors d'un événement organisé sur le campus de l'Université Jawaharlal Nehru (JNU) le 9 février 2016, en commémoration des exécutions d'Afzal Guru et de Maqbool Bhat (2013). Le Premier ministre nationaliste Narenda Modi (BJP), avait procédé à l'arrestation de plusieurs leaders étudiants, dont Kanhaiya Kumar et de grandes grèves étudiantes avaient traversées le pays.

"Si quiconque chante des slogans anti-indiens et remet en question l’unité et l’intégrité de l’Inde, il ne sera pas épargné", avait justifié, samedi 13 février 2016, le ministre indien de l’intérieur, Rajnath Singh.

Les autres accusés dans cette affaire sont Aquib Hussain, Mujeeb Hussain, Muneeb Hussain, Umar Gul, Rayeea Rassol, Bashir Bhat et Basharat.
Aprajita, fille du dirigeant du Parti communiste indien (CPI), Draja, Shehla Rashid (alors vice-présidente du JNUSU), Rama Naga, Ashutosh Kumar et Banojyotsna Lahiri.

Pour le Parti Communiste d'Inde, ces actions sont "motivées par des considérations politiques. Après trois ans, la police de Delhi dépose l’acte d’inculpation dans cette affaire. Nous allons nous battre légalement devant les tribunaux." Cette affaire est engagée à quelques mois d'élections parlementaires cruciales et visent à attaquer le Parti Communiste et l'opposition de gauche aux nationalistes, notamment Kanhaiya Kumar figure de la renaissance du CPI.

Portrait de Kanhaiya Kumar

Kanhaiya Kumar est originaire du village de Bihat, dans le district de Begusarai (état du Bihar). Cette région est connue pour être un bastion du Parti communiste d'Inde (CPI). Sa famille, assez pauvre, est communiste et soutien le Parti communiste d'Inde (CPI).

Il fait sa scolarité à la RKC High School dans la ville indiustrielle de Barauni. Durant cette scolarité, il participe à une compagnie de Théâtre (Indian People’s Theatre Association) plutôt à gauche (en Inde le terme "Left" doit être compris comme "communiste"). En 2002, alors qu'il rejoint la School of commerce à Patna, Kanhaiya Kumar s'engage en politique au sein de la AISF (All India Students Federation), la branche étudiante du Parti Communiste d'Inde (CPI). Une fois diplômé il est admis à la prestigieuse Jawaharlal Nehru (JNU) de Delhi. Il poursuit actuellement un doctorat en études africaines à l'École des hautes études internationales de la JNU.

En 2015, Kanhaiya Kumar est élu Président de l'Union des étudiants de la JNU, il permet à la AISF de remporter, pour la première fois, les élections étudiantes et bat ainsi les candidatas de l'AISA (branche étudiante du Communist Party of India (Marxist–Leninist) Liberation), l'ABVP (extrême droite proche du BJP), la SFI branche étudiante du CPIM) et NSU (branche étudiante de l'Indian Congress).

Le BJP s'attaque à celui qui peut les renverser au Bihar

Pour le Parti Communiste d'Inde, l'ancien président de l'Union des étudiants de l'université Jawaharlal Nehru, Kanhaiya Kumar, doit permettre de gagner les élections dans la circonscription de Begusarai, autrefois connue sous le nom de "Leningrad of Bihar". Lors des dernières élections générales, dans cette circonscription, le CPI avait rassemblé 17,83% des suffrages.

Begusarai était autrefois considéré comme un bastion du CPI et a même envoyé un député à l'Assemblée nationale (Lok Sabha) en 1967. Cependant, son emprise sur la circonscription a fortement diminué, même si l'implantation du Parti communiste reste forte.

"Une entente informelle a été conclue entre tous les partis de gauche pour présenter Kanhaiya Kumar comme candidat dans la circonscription Begusarai au Bihar" déclare Satya Narayan Singh, Secrétaire du CPI pour le Bihar. "Des pourparlers sont entamés avec le RJD, principal constituant de la Grande Alliance, et avec l'Indian Congress pour faire de Kanhaiya un candidat commun de l'opposition".

La candidature de Kanhaiya Kumar prend toute son importance face au BJP. Lorsqu'il était Président de la JNUSU, Kanhaiya, avait critiqué la politique du gouvernement de Narendra Modi et était considéré comme un porte-flambeau de la politique communiste dans tout le pays, y compris au Bihar, il avait été arrêté par la police de Delhi en février 2016, au motif de sédition, pour avoir orchestré des manifestations. Une grande mobilisation des universités avaient eu raison du gouvernement et Kanhaiya Kumar fut libéré.

Kanhaiya Kumar est originaire du village de Bihat, connu sous le nom de "Petite Moscou", une région connue sous le nom de "forteresse rouge" qui regroupe plusieurs circonscriptions dont celle où il sera candidat.