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Nicolas Maury Militant PCF Istres






 



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Histoire du mouvement social et communiste

Une "Marche des libertés" était organisée samedi place de la République à Paris. La journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage a marqué, ce 10 mai 2008, un pas de plus vers la reconnaissance d’une traite des hommes, la violence faite aux peuples noirs, longtemps occultées dans les livres d’histoire


Le passé esclavagiste de la France sort de l’oubli
Dans un discours prononcé le 28 avril 1948, à la Sorbonne, sur le centenaire de l’abolition de l’esclavage, Aimé Césaire jugeait la date de 1848 « à la fois immense et insuffisante ».

Immense, parce qu’au lendemain de la révolution qui souleva le peuple de Paris et mit fin à la Monarchie de Juillet, fut proclamé le décret d’abolition, fruit de la rencontre entre les luttes des esclaves et le combat acharné d’hommes comme Victor Schoelcher. Insuffisante, parce que la République allait perpétuer d’autres formes de domination coloniale, et parce que cette seconde abolition devait ouvrir, en même temps qu’elle mettait un terme à l’esclavage dans les colonies, un long chapitre d’oubli. Un déni que résume la stupéfiante affirmation assénée le 10 mars 2000, à Pointe-à-Pitre, par le président de la République française, Jacques Chirac : « Haïti n’a pas été à proprement parler une colonie française. » Deux ans auparavant, pourtant, le 23 mai 1998, 40 000 personnes se revendiquant « descendants et descendantes d’esclaves », principalement originaires des Antilles, avaient battu le pavé parisien pour « dénoncer la politique d’oubli de l’esclavage ».

Un « crime contre l’humanité »

En France, ce mouvement demandant que soit reconnue officiellement la tragédie que constitua la chasse, la capture, la déportation, la réduction en servitude, la soumission aux pires sévices et l’exploitation de millions d’êtres humains aboutit, en 2001, au vote de la loi Taubira. Ce texte, qui reconnaît la traite et l’esclavage comme un « crime contre l’humanité », fut un pas décisif pour les réinscrire dans le récit national.

L’institution, le 10 mai, d’une journée nationale de commémoration fut une brèche dans laquelle s’engouffra la société civile pour combler ce qui fut longtemps une page blanche dans la mémoire nationale. Cette date, pourtant, faisait l’objet de contestations, et c’est désormais le 23 mai qu’aura lieu la Journée nationale de commémoration de la traite, des esclavages et des abolitions. Une décision officielle saluée par le Comité de la marche du 23 mai et justifiée en ces termes par le premier ministre, François Fillon : « Cette date rappelle, d’une part, celle de l’abolition de l’esclavage en 1848, et, d’autre part, celle de la marche silencieuse du 23 mai 1998. (…) La date du 23 mai sera, pour les associations - regroupant les Français d’outre-mer de l’Hexagone, celle de la commémoration du passé douloureux de leurs aïeux. » Le 10 mai sera cependant maintenu comme journée « consacrée à l’histoire de la traite négrière.

De l’esclavage et de leurs - abolitions ». Un esprit de mémoire partagée


Appelant à faire de mai le mois d’une commémoration « nomade et diffractée des abolitions » (voir ci-contre), le poète et philosophe martiniquais Édouard Glissant appelle, lui, à « accorder » des dates qui « ne concordent pas » dans une même volonté « de distinguer et de rapprocher ». Expositions, marche silencieuse, inaugurations de stèles, dépôts de gerbes, minute de silence, spectacles, parcours de la mémoire, concerts…

Comme en réponse à cet appel, cette année encore, partout en France, à des dates diverses, des milliers d’initiatives commémorent cette inexcusable tragédie, dans un esprit de mémoire partagée, avec la volonté de se réapproprier cette histoire comme une histoire commune. Le point d’orgue de ces multiples manifestations citoyennes : une Marche des libertés qui partira, demain après-midi, de la place de la République pour rejoindre celle de la Bastille, en hommage aux millions d’Africains déportés et à leurs- descendants, esclaves des - Caraïbes et de l’océan Indien.

Alors que la France a offert, ces dernières années, le spectacle d’un pays malade de ses mémoires, tous ces actes, gestes et moments de dignité humaine sont salutaires. Parce que la tragique singularité de la traite occidentale, qui permit l’essor du capitalisme industriel en - Europe, reste contestée par ceux qui n’y voient que la perpétuation d’un phénomène récurrent dans l’histoire de l’humanité. Parce que les répliques contemporaines de cette histoire s’étalent sous nos yeux. Les survivances de l’idéologie raciste forgée pour justifier l’asservissement d’êtres humains par d’autres êtres humains, et dont le Code noir offre la traduction la plus cruellement aboutie. L’asphyxie du continent africain, que la traite, la colonisation et les dominations néocoloniales ont laissé exsangue, et que secouent aujourd’hui des émeutes de la faim.

La vigueur d’une idéologie coloniale prompte à exalter le « rôle positif » de la colonisation. Les blessures mémorielles attisées par le déni. Mais aussi le métissage d’une société française qu’aucun ministère de l’Identité nationale ne saurait contenir.

« La violence historique faite au peuple noir dans les fers de l’esclavage, comment ne pas penser que cela concerne tout le monde ? » résumait l’auteur dramatique ivoirien Koffi Kwahulé dans l’Humanité du 5 mai. Cette dimension universelle sera, en ce mois de mai, cent soixante ans après l’abolition, au coeur des commémorations.

Rosa Moussaoui paru dans l’Humanité du 9 mai 2008

Nicolas Maury
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Nicolas Maury
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