A cinq semaines du premier tour, Jean-Luc Mélenchon a remporté son pari de remplir la place de la Bastille hier après-midi avec sa grande journée pour la VIe République. Après une longue marche, les dizaines de milliers de sympathisants et curieux se sont rassemblées place de la Bastille pour écouter le candidat du Front de gauche.

Bénéficiant d'une remontée dans les sondages en étant crédité de 11 % par LH2, Jean-Luc Mélenchon voulait par cette manifestation marquer le début de « l'insurrection civique » en prônant sa « VIe République sociale, laïque et écologique ». Celui qui retient ses flèches envers François Hollande, s'est réjoui de voir ses idées reprises par les « grands » candidats. Après les propositions du candidat PS de taxer à 75 % les très riches et celles de Nicolas Sarkozy de poursuivre les exilés fiscaux, l'ancien ministre socialiste a lancé « Je triomphe ! ».

Acclamé à son arrivée sur la mini-scène blanche et rouge montée devant l'opéra, le candidat du Front de Gauche à l'Élysée, a déploré, dans un rapide discours de près de 25 minutes, une « France défigurée par les inégalités ». « Génie de la Bastille qui culmine sur cette place, nous voici de retour, le peuple des révolutions et des rébellions en France. Nous sommes le drapeau rouge ! », a-t-il lancé devant les militants et sympathisants.

Ne se livrant à aucune attaque frontale envers Nicolas Sarkozy ou François Hollande, l'ex-sénateur PS s'est concentré sur le fond, appelant à la formation d'une « Constituante », qui devra être « strictement paritaire » pour poser les fondations de cette VIe République.

Il a décliné une liste de propositions tous azimuts : « Établissement de la citoyenneté en entreprise », extension « à toutes les terres françaises » de la loi de 1905 sur la laïcité, « droit de décider de sa propre fin et d'être assisté quand on le décide » ou encore, en clin d'œil à l'électorat écologiste, « règle verte qui protège la planète » à la place de la « règle d'or » budgétaire.

Son entourage se félicitait hier du succès de la manifestation et repoussait toute idée d'un vote utile pour François Hollande, sur fond de sondages donnant parfois le candidat PS dépassé par Nicolas Sarkozy au premier tour.

Le vote Mélenchon, « c'est le vote utile », a déclaré Marie-George Buffet (PCF). Alors qu'il semble séduire nombre de socialistes et écologistes, son entourage le verrait bien dépasser François Bayrou, voire Marine Le Pen. « Vous n'êtes pas au bout de vos surprises ! » a d'ailleurs lancé Pierre Laurent, numéro un du PCF, estimant que « le centre de gravité de la campagne vient de se déplacer ». À suivre…