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Actualités et informations

Dimanche 16 Octobre 2011

"Avoir l'esprit ouvert n'est pas l'avoir béant à toutes les sottises" - Jean Rostand par Martin Ferré - militant FGTB -membre du PTB


Pour en finir avec les indignés !
Le 15 septembre à Bruxelles s'est tenue une grande manifestation des indignés. Présent parmi les rangs de Comac et du PTB, j'ai pu constater l'ineptie de ce mouvement et son mépris le plus total vis-à-vis des personnes politisées, y compris lorsque ces dernières viennent soutenir leur mouvement. L'article ci-présent est à la fois un témoignage sur la haine que ces indignés nous ont craché (au sens propre) au visage et une réflexion quant à l' urgence des travailleurs et milieux populaires à se débarrasser d'un "effet de mode" n'offrant aucune alternative au capitalisme.

Avoir le même objectif mais l'aborder avec différentes convictions, avoir le même but mais pas les mêmes méthodes n'a rien d'inédit en soi dans l'histoire des mouvements de libérations. Déjà en Afrique du Sud, le congrès national africain dû d'abord lui même vaincre ses appréhensions vis-à-vis des blancs et des métis, ses orientations exclusivement noirs étant alors perçues -à juste titre- comme freinant le développement de la lutte contre l'apartheid. Nombre de dirigeants, Mandela en tête, avaient alors compris que l'injustice était "incolore" et qu'un système injuste faisait finalement fort peu cas de la couleur de peau dès qu'il s'agissait de répression. Jeremy Cronin, actuel ministre sud africain des transports et vice-président du parti communiste sud africain, a d'ailleurs connu la prison pour s'être publiquement dressé contre l'apartheid, bien qu'il descende d'une famille d'origine européenne.

Bien d'autres mouvements anti apartheid étaient également ciblé par la répression, qu'il s'agisse de mouvement islamistes, libéraux, tribaux (en particulier les zoulous de l'Inkatha freedom party)...cet aspect "poly résistance" n'a d'ailleurs guère été suffisant pour guarantir un processus de paix durable, et dès le début des années 90 le congrès national africain dû jouer d'avantage un rôle de médiateur et de pacificateur que de lutte politique (appel à la paix lancé par Mandela après le meurtre de Chris Hani, médiation de Jacob Zuma entre l'ANC et l'Inkatha freedom party dans l'ancienne province du Natal,actuellement Kwazulu-Natal...).

Dans chaque cas, le nationalisme de libération dû garder à l'esprit que les victimes avaient droit à la parole et à l'écoute, quel que soit leur couleur de peau et/ou leurs opinions politique. Choisir le camp des victimes et garder à l'esprit l'objectif de la lutte a permis à ce mouvement de lutte de tenir contre des mesures de répressions particulièrement féroce, ponctué de massacre.

Dans tous les cas, il s'agissait -pour ces divers mouvement- d'éveiller la conscience du peuple contre un système profondément injuste et de l'amener à lutter de façon à le renverser. Il n'était nullement question de quelconque "indignation" face aux massacres de Sharpeville et Soweto, face à Robben Island, face au poids grandissant de l'armée,...pour la simple raison que "l'indignation" n’inquiète jamais le pouvoir en place, tant il est assuré que l'indignation n'a aucun recours contre lui.

L’Afrique du Sud est ici prise pour exemple, car le cas des indignés et de la crise du capitalisme n'a rien de dissemblant: devant un système en crise interne qui ne connait plus que la répression et la violence (directe ou indirecte) face aux populations premières victimes du système et des mesures visant à prétendument lutter contre la crise, mesures qui ne font qu'aggraver la crise et démontre que le système opte pour la fuite en avant. Nul doute que les populations africaines ne vivaient pas dans la luxe avant l'instauration, par le Nationaal Parteï, de l'apartheid, et encore moins de doute quant aux conditions de vie détestable des milieux populaires de toutes ethnies durant ce régime d'inspiration nazi.

A bien y réfléchir, il n'y a guère de différences avec l'actuelle génération des moins de 35 ans qui n'a connu que les emplois précaires, le chômage massif, les mauvais salaire, l'enseignement bradé, les services publics détruits, la sécurité sociale réduite à presque rien.

Cette génération qui n'a jamais connu que le minimum nécessaire (voire moins) est aujourd'hui la première victime de la crise et des mesures appelées, dans le plus pur style orwellien, "plans d'austérité" ou "plan de rigueur". Inefficace, chaque plan d’austérité n'étant que le prédécesseur d'un autre plan, ces mesures sont également hypocrites : "austérité" et "rigueur" supposent que les peuples auraient vécu dans l'opulence et dans un excessif bien être, dépensant sans compter et ne se souciant pas des générations suivantes.

Les travailleurs et les milieux populaires n'ayant guère profité des privatisations des années 90 devront donc vivre uniquement pour payer les dettes provoquées par des mesures n'ayant favorisé que les plus nantis, nantis qui peuvent compter sur l'aide de l’État en toute circonstance. L’État n'est providence que pour les banques, comme l'a prouvé récemment le cas de Dexia.

Le sujet de cet article étant la manifestation des indignés à Bruxelles le 15 septembre, passons par un très bref rappel des situations sociales en cours en Belgique (car Bruxelles est capitale de la Belgique avant d'être capitale de l'Europe) : le début de l'année 2011 a été marqué par un grève générale de grande ampleur, nombres de mobilisations n'ont de cesse de combattre continuellement le capitalisme et ce dans tous les domaines: privatisation rampante des chemins de fer, fermetures d'entreprises cyniquement décidée pour accroître les profits, grandes entreprise ne payant pas d'impôts grâce au système des "intérêts notionnels",... tant de domaine où le mouvement des indignés brille par son absence

A l'heure où ces lignes sont écrites, les ouvriers de Arcelor Mittal,en région de Liège, sont en grève contre la suppression directe de plus de 500 emplois.Suppression d'autant plus injuste que Mittal n'a pas payé d'impôt en 2010 et a engrangé plus de 2 milliards de bénéfice ! Une seule force politique se montre capable de soutenir et participer à cette lutte : le PTB. N'ayant jamais renié ses convictions marxistes et son modèle d'organisation en comité d'entreprise né durant la lutte contre les fermetures des mines, le PTB se montre aussi bien actif pour défendre l'emploi des sidérurgiste -comme il l'avait fait lors du combat des forges de Clabecq- que pour empêcher les suppression de service de train ou encore la qualité de vie dans les quartiers populaires. Encore une fois, les indignés sont entièrement absent de ces combats

Si les indignés sont absents de ces luttes, ça n'est pas tant que par l'absence totale d'organisation (voire même la volonté farouche de ne pas en avoir) que par l'absence de conscience politique et la méconnaissance du capitalisme. Comme l'expliquait le monde diplomatique,dans son édition de juillet 2011 à propos des indignés grecs :

"Déterminé à ne permettre aucune affiliation partisane, les « indignés » forment un cocktail improbable aux yeux de l’observateur politisé : se retrouvent pour la première fois ensemble dans la rue des familles avec leurs enfants, des retraités, des jeunes branchés, au coude-à-coude avec des membres des classes moyennes, naguère favorisés et désormais touchés par l’austérité, des gauchistes, des anarchistes, des nationalistes, des nostalgiques de Woodstock , des fans des théories de la conspiration, des antisémites « à l’âme grecque » – de tout, sauf des fascistes déclarés, qui ont été repoussés dès le premier jour. Quel mélange étonnant ! Beaucoup ont vu leur vie confortable secouée par les mesures prises par le gouvernement"

Déjà étaient souligné les carences de ce genre de mouvement : se voulant "fourre-tout" mais n'acceptant pas les mouvements politiques, donc refusant toute véritable alternatives. La majorité de ces indignés n'ont d'ailleurs jamais lutté contre le capitalisme, dans le meilleur des cas par manque de compréhension concernant ce système, dans le pire des cas par le fait qu'ils tiraient clairement profit de l'exploitation de l'homme par l'homme.

La volonté de rester dans l'ignorance quant au capitalisme ne s'arrête cependant pas là, le monde diplomatique signalait également que :

"On trouve également des gens qui cherchent à débattre d’une manière raisonnable, sans dogmatisme, sans doctrines.Dans ce cadre, le rôle de la gauche apparaît à la fois important et contradictoire. Prise dans la méfiance généralisée envers les partis politiques, l’ensemble de la gauche est considérée comme faisant partie du problème. "

Nous touchons ici au fond du problème: mettre l'ensemble de la "gauche" dans le même panier, sous prétexte que des décisions politiques ont précipité la crise et l'austérité, n'est pas plus enviable que l'extrême droite qui se saisit de n'importe quel prétexte pour accuser l'ensemble d'une population dites "allochtone" d'être responsable de tous les maux du monde. Le KKE a toujours combattu le PASOK, et ce depuis toujours. Le KKE s'est toujours tenu au côtés des travailleurs et a toujours mis à disposition du peuple une véritable alternative politique contre le capitalisme. Mettre sur le même plan le KKE, dont les adhérents et même les cadres sont également victimes de l'austérité,que le PASOK et la ND, marque l'esprit borné de ce mouvement indigné.

Précisons que l'immense banderole appelant les peuples d'Europe à se soulever était celle du KKE alors que le mouvement des indignés n'était même pas encore constitué. Précisons aussi que la résistance dans les quartiers populaire contre les nouveaux impôts, contre les coupures d'électricités,...est tenue par le KKE et le PAME. PAME et KKE qui ont clairement joué un rôle décisifs dans les grèves de tous types en Grèce contre la "troïka" alors que les indignés non seulement n'ont joué aucun rôle dans ces mobilisations et luttes mais en plus ne semblent même pas connaître l'identité de ceux qui imposent l'austérité ni même le rôle que peuvent jouer les travailleurs grâce à de véritables organisation de lutte du peuple.

Pour ce qui est de la manifestation s'étant déroulée à Bruxelles, je tiens à préciser que je ne donne pas, ici, ma version des faits mais bien les faits eux mêmes :

A peine arrivé au rassemblement de départ à la gare du nord, nous avons d'emblée été confronté au mépris des indignés: nous avions déployé nos drapeaux rouges, ce qui était avant tout un signe de ralliement envers nos camarades franchement arrivé dans cette immense marrée humaine. Moins de 15 minutes après les avoir déployé, plusieurs personnes sont venu nous demander -tantôt de manière invective, tantôt de manière culpabilisante - de ranger les signes de notre appartenance politique, sous le prétexte que cela pouvait "créer des troubles". Face à des membres du parti pirate qui exposaient sans honte leurs horribles bannières fuchsia, sans parler des trotskystes du PSL (parti socialiste de lutte) nous en avions déduit que nous n'avions pas à suivre une conception de "l'ordre" en deux poids deux mesures.

Nous n'étions, hélas, qu'au commencement de la découverte de l’hypocrisie de ce mouvement et le mépris continu qu'il n'a cessé de nous jeter au visage

Regroupé et suivant nos camarades ayant l'habitude de mener ces manifestations, nous entonnions le désormais culte "el pueblo, unido, jamas sera vencido" lorsqu'un groupe vint crier, juste à nos côtés "El pueblo unido, dirigirá sin partido" (le peuple uni dirigera sans parti). Voyant qu'ils n'arrivaient pas à nous faire taire, ils ont préféré partir non sans faire des gestes obscènes en nous regardant.

Arrivé sur le pont du canal, difficile de rater ces cris "à bas les partis, dehors !". Des cris de haine suivi de crachats et de jet de bière

Peu après avoir passé la place de la bourse, le même groupe affirmant que le peuple uni dirigera sans parti reprend ses injures, en français cette fois-ci. Il faut dire que la première fois qu'ils nous ont accosté nous criions en espagnol, et cette seconde fois il s'agissait d'un slogan en néerlandais ("eerst de mensen, niet de winst" - les gens d'abord pas le profit). Peut être en ont-ils déduits qu'il valait mieux varié le lexique des injures.

Toujours après avoir quitté la place dans la bourse, le temps pour les indignés de mettre un gigantesque calicot trilingues affirmant "nous ne payerons pas leurs dettes" une autre surprise nous attendait : un des indignés avait décidé de poursuivre la manifestation entièrement nu (chaussure exceptées)

Entre autre joyeuseté, qui mettaient clairement en doute l'orientation anti capitaliste de cette manifestation : une femme menue aux cheveux pâle tenant obstinément au dessus de sa tête un panneau appelant à juger les principaux dirigeants politique de Belgique (y compris le Roi) pour...cartel de pédophilie !

Plus loin, faisant des bulles de savon, un gigantesque billet de 1 dollar exposant le complot illuminati ! Un autre billet de la célèbre monnaie américaine faisait également référence à la théorie du complot autours des attentats du 11 septembre 2001

Arrivé devant le siège de Dexia, alors que nous sommes en train de scander "une seule solution : nationalisation" un de mes camarades se fait violemment apostrophé par deux indignés. Ils s'en prennent délibérément à quelqu'un qui est derrière le groupe Comac - PTB et l'invectivent en espérant que nous n'entendons rien. Hélas pour eux, j'ai eu l'occasion de saisir des extraits particulièrement instructifs quant à leur positionnement :

"Vous rangez vos drapeaux, c'est pas une conversation c'est un ordre !"

"Vous vous rendez compte que vous tentez de récupérer le mouvement à vous tout seul ?! Vous n'êtes que des dégueulasses !"

"Il n'y a pas à avoir de convergence de luttes, d'ailleurs nous n'avons jamais défini cette manifestation comme un lutte"

Lassé de voir mon camarade s'échiner à expliquer la raison de notre présence et celle de nos drapeaux à des gens n'ayant, de toute évidence, pas le nombre de neurones nécessaires pour comprendre les choses les plus élémentaires, je l'encourage à poursuivre sa route. Me trouvant seul devant eux, je leur applique ce qui est particulièrement efficace en cas de tentatives d'intimidations comme celles que j'avais connu à l'usine : devant eux, mon t-shirt à l'effigie de Patrice Lumumba bien en évidence et mon drapeau rouge étendu par le vent, je ne prononce pas un mot et les regarde de façon à leur faire comprendre qu'ils n'ont pas d'ordre à nous donner.

La communication non verbale s'avérant payante, ils partent ruminant mais persistent à nous traiter de "dégueulasses"

C'est finalement devant la statue de la brabançonne que nous nous dispersons (même si certains camarades décidèrent de poursuivre le cortège). Un camarade de Bruxelles s'étant fait remettre une carte de visite du "parti anti sioniste" on peut conclure que cette manifestation fût surtout une bonne balade pour les ennemis de la démocratie et l'occasion pour les indignés de nous rendre...consternés.

Je suis même peiné que des camarades du PCF et du MJCF, qui étaient dans le cortège Comac-PTB, aient pu voir cela. Notre pays a une image suffisamment déplorable que pour n'avoir besoin de ces dégénérés refusant toute alternative réelle au capitalisme

Remarquable d'égoïsme et de mépris, le mouvement indigné a au moins eu le grand mérite de montrer son vrai visage

A titre personnel, je n'ai pas à admettre d'être amalgamé aux responsable de la crise: ancien ouvrier au Musée Royale de l'Afrique Centrale, mon CDD n'a pas été reconduit faute de formation d'un gouvernement officiel et donc de budget (en Belgique, la crise politique s’additionne à la crise économique). Je suis donc également victime de la crise et n'ait pas à tolérer que l'on me crache à la figure

Nivelles, le 16 octobre 2011

Martin Ferré - militant FGTB -membre du PTB

NB 1 : Cet article n'engage que moi

NB 2 : Certaines de mes formulations parfois "un peu trop claires" (comme on me l'a fait remarqué au syndicat, alors que j'ai simplement l'habitude d’appeler "chat" un chat) amènent certains spécialistes de la déduction hâtives à me taxer de "émotionnellement impliqué". Que les choses soient claires : je ne me suis jamais fait d'illusion sur le mouvement indignés, même si leur haine et leur mépris était effectivement remarquables. J'estime simplement de mon devoir en tant que militant ouvrier de ne pas laisser le peuple se faire bercer d'illusion par ce genre de crétins. Le but n'est pas de tirer à boulet rouge sur les indignés, qui ne font en somme que suivre la logique de leur refus de toute forme d'organisation, mais d'éclairer les travailleurs quant à la réalité de ce mouvement.

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