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Luttes sociales et politiques en Outre-Mer (DROM-COM-TOM)

Le collectif Pou Lagwiyann dekolé a refusé, dimanche, le plan d’aide de 1 milliard d’euros proposé par l’État. Les grévistes exigent 2,5 milliards d’euros pour une réelle égalité territoriale et une vraie justice sociale. Une demande rejetée, hier, par le premier ministre


Pour les Guyanais, 50 ans de retard valent bien 2,5 milliards
Après des heures de négociations, la ministre des Outre-Mer, Ericka Bareigts, a fini par prendre acte, dimanche soir, du « désaccord ». Le collectif Pou Lagwiyann dekolé (qui rassemble les grévistes) a en effet refusé le plan d’aide de 1,085 milliard d’euros sur dix ans proposé par Paris, exigeant une enveloppe de 2,5 milliards d’euros. « Irréaliste », a répondu hier le premier ministre, Bernard Cazeneuve, à la sortie d’une réunion interministérielle convoquée à Matignon et dédiée à la Guyane.

« Une chose est sûre, le gouvernement, malgré ce qu’il dit, n’a pas pris la pleine mesure de la situation », résume Dimitri Guard, l’un des porte-parole du collectif. « Nous demandons simplement la justice, la cohésion sociale et territoriale et un plan de soutien à l’économie locale », poursuit-il. Ericka Bareigts, pour sa part, persiste et signe. Dans un communiqué, elle estime que le plan proposé par le gouvernement « répond aux préoccupations prioritaires exprimées (…) notamment en ce qui concerne l’éducation, la sécurité, la santé ou la commande publique ». Certes, tous ces grands secteurs dont les difficultés accumulées cristallisent la colère des Guyanais ont fait l’objet de propositions d’aides financières dédiées, « mais tout ceci reste très insuffisant », estime le collectif.

Le financement de l’éducation sous-estimé

Ainsi, « lorsque nous demandons par exemple, dans le domaine de l’éducation, qu’un pôle universitaire soit construit à Saint-Laurent-du-Maroni pour répondre aux besoins de la deuxième ville la plus dynamique de Guyane, en passe même de dépasser Cayenne, l’État n’en dit pas un mot », détaille Dimitri Guard. Idem pour la construction des lycées, que les collectivités asphyxiées sont incapables de financer « du fait d’un manque de dotations de la part de l’État au moment du transfert des compétences ». Et alors que « 40 % des jeunes sont au chômage et que beaucoup sont déscolarisés à 13 ou 14 ans, la mission locale de Cayenne est exsangue, et n’est plus en mesure de financer les formations pour donner une chance à ces enfants », poursuit Dimitri Guard, qui regrette que ni ce sujet ni celui de la petite enfance n’apparaissent dans les propositions portées par le gouvernement.

L’égalité territoriale délaissée


« Carton rouge », aussi, sur les plans de développement des infrastructures. « Depuis 70 ans, les Guyanais réclament la construction d’une route est-ouest pour relier le littoral à la ville totalement isolée de Maripasoula (à l’ouest sur la frontière avec le Surinam – NDLR) et, là encore, on se paie de mots », s’agace le porte-parole de Pou Lagwiyann dekolé. Sur la question des infrastructures routières, le gouvernement s’est borné à planifier la rénovation des routes littorales (300 millions d’euros). Non seulement isolées géographiquement, de nombreuses communes de Guyane se retrouvent également privées de tout accès à l’énergie. Un sujet primordial sur lequel l’État n’a fait aucune proposition. Pourtant, rappelle le collectif, « 94 000 personnes n’ont aucun accès à l’énergie sur une population totale estimée à 260 000 personnes ». En somme, note Dimitri Guard, « partout, il y a rupture d’égalité ». C’est le cas dans le domaine de la santé, au cœur des revendications depuis le début des grandes mobilisations. Alors que les trois seuls hôpitaux de la région – tous situés sur le littoral – accumulent les dettes, les grévistes ont estimé les besoins de financement à au moins 120 millions d’euros pour permettre le bon fonctionnement des établissements. L’État y a répondu par une aide étalée sur plusieurs années de 85 millions d’euros seulement, et repousse une nouvelle fois l’exigence de faire entrer le centre médico-chirurgical de Kourou (CMCK) dans l’offre de soins 100 % publique.

Les richesses de la Guyane confisquées


« On est la bonne conscience de la France lorsqu’il s’agit de recherche spatiale ou de biodiversité, mais, en attendant, nos jeunes n’ont aucune perspective d’avenir », s’agace Dimitri Guard. La fiscalisation du Centre spatial guyanais (CSG) « sur son foncier bâti et non bâti » fait ainsi partie des revendications des grévistes. Une piste ignorée par l’État, qui propose « un pacte fiscal social » à la Guyane. Problème : « Ça ne veut rien dire. Et personne n’a été capable de nous expliquer ce qu’il y avait derrière ces mots », note le porte-parole du collectif. De la même façon, les Guyanais réclament que la richesse que représente la forêt amazonienne – qui recouvre plus d’un tiers du territoire – profite à la population et serve au développement de la région, entre autres par « la redistribution des crédits carbone payés par l’Union européenne à la France en échange de la protection de cette forêt », précise Dimitri Guard.

Enfin, en dehors de mesures précises sur des secteurs comme l’agriculture et la pêche, que l’État prévoit de soutenir respectivement à hauteur de 5,5 millions et 3,3 millions d’euros, « le reste de l’économie et de la culture est remis aux calendes grecques », regrette le collectif. Les secteurs clés du bois, des mines, de l’électricité, des transports, mais également de l’économie sociale et solidaire et de la culture n’ont pas fait l’objet de plans d’aide précisément chiffrés.

Et Dimitri Guard de conclure : « On a 50 ans de retard à tous les niveaux, on ne rattrapera pas tout avec 2,5 milliards mais au moins les 15 dernières années. On nous parle de pacte d’avenir, mais on ne construira pas l’avenir sur un tel retard. »

Vers un durcissement du mouvement de protestation ?


Du tac au tac. Dans la foulée des propos de Bernard Cazeneuve jugeant « irréalistes » les exigences des grévistes, Gauthier Horth, entrepreneur et membre du collectif Pou Lagwiyann dékolé, a déclaré hier : « Nous n’avons pas l’intention de négocier les besoins de la Guyane. Nous devons durcir le mouvement, nous ne pouvons plus nous contenter de mesurettes. » Hier, à Cayenne, les commerces sont restés fermés. Une opération ville morte que le collectif appelle à multiplier. Des blocages supplémentaires ont été mis en place et le Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou devrait voir, aujourd’hui, les manifestants de très près.

Marion d’Allard
L'Humanité

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