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Espace post-soviétique (URSS)

Située 450 kilomètres au sud de Moscou et peuplée de quelque 900.000 habitants, la ville de Voronej est de celles qui, au milieu des années 1990, se sont tournées vers le Parti communiste dans une sorte de réflexe défensif - Le Figaro


Située 450 kilomètres au sud de Moscou et peuplée de quelque 900.000 habitants, la ville de Voronej est de celles qui, au milieu des années 1990, se sont tournées vers le Parti communiste dans une sorte de réflexe défensif.

Cramponnés à leur cabas, recroquevillés dans leur manteau de grosse laine, les retraités de Voronej n'en finissent pas de promener leur amertume. Des larges avenues du centre-ville, désormais bordées de façades pimpantes, aux chemins enneigés qui serpentent à flanc de collines entre de pauvres masures, ils vont, viennent et pleurent le temps «béni» de l'Union soviétique. Le 4 décembre dernier, leur vote a sans aucun doute largement contribué à porter les candidats locaux du Parti communiste en tête des législatives, avec 33 % des voix. Une gifle pour la formation de Vladimir Poutine qui, malgré sa nette victoire au plan national, est bien mal récompensée des efforts entrepris au début des années 2000 pour reconquérir ce bastion de l'ancienne «ceinture rouge» de Russie.

Située 450 kilomètres au sud de Moscou et peuplée de quelque 900.000 habitants, la ville de Voronej est de celles qui, au milieu des années 1990, se sont tournées vers le Parti communiste dans une sorte de réflexe défensif. À l'époque, cet ancien fleuron de l'industrie militaire, électronique et chimique subit de plein fouet les conséquences de la privatisation. «En quelques années, le capitalisme sauvage a tout détruit. Nous avons cessé d'être la capitale de la télévision couleur ou de la fabrication des missiles Katioucha pour devenir une ville sinistrée par les fermetures d'usine», se remémore Sergueï Rudakov, chef de file du PC et député à la Douma. Le taux de chômage atteint alors 10 % et la population se met à décroître, si bien que Vladimir Poutine, dès son arrivé au Kremlin, décide d'employer les grands moyens pour redynamiser la ville sous l'autorité d'un nouveau gouverneur issu du FSB (services secrets).
Voter communiste à la présidentielle

Douze ans plus tard, Voronej est assurément sorti de la grisaille à mesure que les chantiers de construction et les enseignes à la mode ont fleuri aux quatre coins de la ville… mais une large fraction de la population demeure sur le bord de la route. Les plus jeunes, malgré les importantes ressources universitaires de la ville, peinent à trouver des emplois qualifiés. Quant aux retraités, qui représentent un bon tiers de la population locale, ils sont pour la plupart condamnés à vivre avec une pension inférieure à 8000 roubles (environ 200 euros).

«Si Poutine est réélu, nous allons tous mourir, s'inquiète Valentina Sergueïevna, 75 ans, qui exhibe tristement son dentier fait de mauvais métal. À l'époque soviétique, on pouvait se loger décemment et se soigner sans problème. Aujourd'hui je n'ai même pas l'argent nécessaire pour payer mes médicaments…» Quelques centaines de mètres plus loin, Luba promène sa bouteille de vodka, doudoune bleue et chaussures défoncées. «À la présidentielle, je vais voter communiste. Je n'en peux plus de devoir vivre avec une retraite de 6900 roubles (170 euros) et un loyer de 3500 roubles (un peu moins de 100 euros).» Ivan, 65 ans, complète: «On a vraiment l'impression d'avoir perdu quelque chose avec la chute du communisme. J'étais ingénieur dans une usine de production de lait et j'allais passer toutes mes vacances au bord de la mer Noire. Maintenant, je suis tout juste bon à balayer la neige dans les beaux quartiers pour compléter ma pauvre retraite.» S'il n'est crédité que de 15 % des intentions de vote au plan national, le candidat communiste à la présidentielle, Guennadi Ziouganov, semble ainsi assuré d'obtenir un score honorable à Voronej. D'autant que son électorat, curieusement, ne se limite plus à un bataillon de retraités nostalgiques.

Depuis la montée de la contestation anti-Poutine, certains électeurs plus jeunes et issus des classes moyennes n'excluent pas de lui apporter leur voix. «C'est complètement absurde mais je crois que je vais voter Ziouganov, afin de montrer à Poutine qu'il ne peut pas se moquer des électeurs comme il le fait, explique ainsi Lena, 27 ans, professeur d'économie appliquée à l'université de Voronej. Je ne suis évidemment pas communiste mais les autres candidats sont si faibles que leur donner ma voix ne servirait à rien.»
Préserver son siège à la Douma

Avec son costume cravate, ses deux téléphones portables et sa liasse de bilans comptables étalés sur un coin de table, Konstantin Ashifin ne correspond pas davantage au stéréotype de l'électeur communiste russe. Il a voté Eltsine contre Ziouganov à la présidentielle de 1996 et a milité dans les rangs de plusieurs partis libéraux au milieu des années 2000. Mais, il y a deux ans, ce directeur général d'une importante entreprise de construction de Voronej n'a pas hésité à faire le grand saut pour rejoindre le PC. «Au début j'étais satisfait de Poutine parce qu'il a rétabli l'ordre dans le pays, mais, avec le temps, je n'ai pas aimé la façon dont il a organisé l'économie, explique-t-il. Il a favorisé les très grandes entreprises et multiplié les taxes contre les petites structures. Avec le temps, l'environnement pour le business s'est beaucoup détérioré.»

À entendre Konstantin Ashifin, le Parti communiste russe version 2012 n'envisage pas vraiment, malgré ses références constantes à Staline, de revenir aux temps des soviets. «Nous voulons seulement opérer certaines nationalisations et surtout conduire des réformes en suivant le modèle chinois», explique le député Sergueï Rudakov.

Nombre d'observateurs estiment même que les chefs du PC, en réalité, ne souhaitent pas vraiment conquérir le pouvoir. «La plupart d'entre eux veulent juste préserver leurs sièges de parlementaires et prospérer tranquillement à l'ombre du régime poutinien», grimace un journaliste proche de l'opposition.

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