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Nicolas Maury Militant PCF Istres






 



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Programme et idées du Parti communiste français

Mercredi 21 Juin 2006

Porter le Smic à 1 500 euros : est-ce réaliste ?


Le SMIC à 1500 Euros, tout de suite, pas en 2012
Le SMIC à 1500 Euros, tout de suite, pas en 2012


Quelques chiffres pour fixer les idées

Sur une année pleine, le passage du Smic à 1 500 euros pour quelque 3 millions de salariés représente un transfert en faveur des salariés de l'ordre de 9 milliards d'euros, soit 0,6% de la richesse créée dans le pays. Le partage de la valeur ajoutée serait légèrement amélioré pour les salariés, passant de 58,2% à 58,8%. Cet argent reviendrait dans le circuit économique sous forme de consommation, de moyens nouveaux de financement de la protection sociale, tandis que les dépenses publiques liées à la gestion de la crise sociale (surendettement, aides sociales etc.) seraient réduites.

Notons qu'en 2005, les dividendes versés aux actionnaires des sociétés du CAC 40 ont augmenté de 8 milliards d'euros (+ 50 %) atteignant à présent 24 milliards.
8 milliards de plus en faveur des actionnaires ou 9 milliards en faveur des salariés les moins favorisés tel est en effet le choix.

C'est pourquoi la CGT fait du Smic à 1 500 euros une exigence immédiate. De ce point de vue la revendication de la CGT se distingue nettement de la proposition d'un Smic à 1 500 euros à l'échéance de la prochaine législature, c'est à dire au 1er juillet 2012. Outre qu'on ne peut prévoir quels seront d'ici là les besoins, ni l'inflation, il faut remarquer que cette proposition équivaut à une hausse annuelle de l'ordre de 3% à peine supérieure pour 2006 à ce que la loi rend obligatoire (2,4%)
La hausse du Smic ne doit pas être une mesure isolée Nous savons que la hausse du Smic ne règlera pas à elle seule l'ensemble des problèmes salariaux. Mais elle doit créer une dynamique.

1) La hausse du Smic doit s'accompagner d'une mesure significative de relèvement des retraites, des pensions, des minima sociaux et de revenus de remplacements.

2) Parallèlement, elle doit trouver son prolongement dans les négociations salariales de branches et d'entreprises, afin notamment de caler les grilles de salaires sur la nouvelle valeur du Smic. Nous contestons très fortement le bilan flatteur que dresse le ministère en ce qui concerne les minima de branche. Certes, il y a un peu moins de branches dont les minima sont inférieurs au Smic. Mais les améliorations sont plus dans la présentation que dans le réel :
• Les minima envisagés sont le plus souvent annualisés intégrant des éléments qui ne doivent pas être pris en compte pour le versement du Smic.
• Ils s'appliquent pour des emplois déjà qualifiés.
• Leur relèvement n'est pas répercuté sur l'ensemble de la grille.

Les négociations doivent donc se poursuivre et se traduire en terme de salaires réels pour permettre une meilleure reconnaissance des qualifications et assurer à tous un déroulement de carrière.

3) la modification du système de calcul des cotisations sociales s'impose avec urgence. A défaut, la prochaine hausse du Smic serait une nouvelle aubaine pour les entreprises qui verront les allègements sur les salaires jusqu'à 1,6 fois le Smic augmenter.

4) La situation des salariés en situation de précarité nécessite des mesures particulières. Par exemple, les salariés contraints au travail partiel doivent pouvoir accéder au temps plein. A défaut, le temps non travaillé doit leur être indemnisé.

5) La réforme des cotisations sociales doit s'accompagner d'une modification en profondeur des relations donneurs d'ordre/sous-traitants pour permettre aux petites entreprises d'offrir à leurs salariés des conditions sociales équivalentes à celles existant chez les entreprises donneuses d'ordre.

Une situation salariale des plus préoccupantes

Un nombre record de salariés payés au Smic, des salariés à temps partiels ou sous contrat précaire en grande difficulté… la situation se dégrade et le nombre de salariés pauvres augmente.

Etrange paradoxe : les statistiques officielles ne cessent de parler d'une amélioration du pouvoir d'achat des salaires pourtant la situation des salariés se dégrade et le nombre de salariés pauvres augmente.

En fait, la comparaison des indicateurs de salaires et de prix ne suffit pas pour rendre compte d'une réalité beaucoup plus complexe. La précarité, l'absence de sécurité dans les parcours professionnels jouent non seulement sur les revenus, mais aussi sur la consommation (endettement qui se traduit par plus de frais financiers etc.) De fait, la gravité de la situation salariale est largement sous estimée. Certaines données sont pourtant particulièrement révélatrices.
Un nombre record de salariés payés au Smic

Jamais le nombre de salariés au Smic n'a été aussi élevé ! Avec 16,8 % de salariés au Smic en 2005, c'est un record absolu depuis que cette statistique existe. Cette situation est totalement anormale, car le Smic ne devrait concerner que les salariés sans qualification or les niveaux de formation des salariés s'élèvent. Il s'agit donc du résultat d'un politique délibérée.

Depuis la mise en place, en 1993 du système d'allègement des cotisations patronales sur les bas salaires, le nombre de Smicards n'a pas cessé de croître pour passer de 8,2 % de salariés en 1993 à plus du double aujourd'hui. Dans l'hôtellerie et la restauration, le nombre de salariés au Smicatteint 51,8% (et atteint 72,5 % des salariés à temps partiel). Par rapport à 2004, le nombre de salariés au Smic a encore augmenté (+ 1,5 points) alors que le secteur a bénéficié d'aides considérables soi-disant pour améliorer la situation salariale, aides encore renouvelées en 2006.

Le maintien des salaires à un niveau anormalement bas se confirme au niveau du salaire médian (niveau de salaire où on compte 50% de salariés payés en dessous et 50% payés au dessus).

Parmi les nations européennes, la France ne se situe qu'au 14e rang européen pour le salaire médian. Elle est la seule des grandes nations européennes à ne pas figurer dans les 10 premiers rangs. Selon l'Insee, le salaire médian a reculé en 2004 de 0,4% traduisant une baisse continue du paiement des qualifications. De la même manière, l'Insee a mis en évidence que les perspectives d'amélioration de carrière se réduisent. Sur 2 groupes d'ouvriers âgés de 40 à 59 ans observés en 1993 et en 2003, 30% devenaient techniciens en 1993 et seulement 25% en 2003. Le recul de la possibilité de promotion est encore plus significative chez les employés où elle passe de 50% à 43%.

Le creusement des inégalités

Des centaines de milliers de salariés ne touchent net par mois moins de 1000 euros, et cela dans des entreprises réalisant de forts profits telles que la grande distribution (les actionnaires de Carrefour par exemple ont vu leurs gains augmenter de 27% sur la période 2004 - 2005).

La très faible progression des salaires tranche avec celle beaucoup plus forte des autres revenus :
- Les revenus du patrimoine augmentent de 6,1% en 2005, après 5,9% en 2004.
- Les loyers encaissés : +7% après + 6,7 % en 2004. Selon la FNAIM, le coût du logement a augmenté de 28,1 % entre 2000 et 2004 (soit près de 4 fois plus que la hausse officielle des prix dans la période +7,3%).
- Les dividendes explosent: les dividendes versés par les sociétés du CAC 40 ont progressé de 50 % en 2005, atteignant selon la lettre financière Vernimmen 24 milliards d'euros.

Il faut y ajouter les rémunérations démesurées de la plupart des dirigeants de groupes qui, selon un organisme patronal européens, se place largement en tête des salaires versés en Europe, avec une rémunération annuelle moyenne de 1 849 899 euros contre "seulement" 1 182435 euros à leurs homologues allemands . En moyenne les augmentations de salaires des dirigeants étaient de 13% en 2000, 20% en 2001, 36% en 2002 14% en 2003. Une situation scandaleuse qui n'a que trop duré.

Des salariés en grande difficulté

- Les femmes : selon la Dares, l'écart de rémunération avec les hommes se situe à 24,8 %. Pour une situation de travail équivalente, l'écart de rémunération est encore de 11% totalement injustifié.
- Les salariés des petites entreprises : dans les entreprises de moins de 10 salariés, le salaire moyen est inférieur de 25 % au salaire des entreprises de plus de 10. La proportion de salariés au Smic y atteint 34 %.
- Les salariés à temps partiel : non seulement ils ne touchent pas un salaire mensuel complet - alors que très souvent le temps partiel leur est imposé (par des entreprises qui pourraient se doter d'une organisation du travail différente). Mais c'est encore chez eux qu'on rencontre le plus de smicards : 36,9%.
- Les salariés en situation de contrats précaires, qui alternent périodes de travail et de non travail sans toujours parvenir à une durée de travail suffisante pour obtenir l'indemnisation du chômage.

Le relèvement du Smic au 1er juillet est l'occasion de donner le coup d'envoi d'une politique salariale fondée sur un partage plus équitable des richesses créées, plus conforme à la justice et au respect du travail. C'est le sens de la revendication du Smic à 1 500 euros.




Nicolas Maury
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Perspective COMMUNISTE
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