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Marxisme-Léninisme, socialisme, communisme

Extrait du blog en sommeil de Danielle Bleitrach, traduction d'un texte espagnol qui montre l'absence de pertinence historique du discours "l'antistalinisme" de gauche (trotskyste, anarchiste, etc) lorqu'il porte sur l'URSS ou la guerre d'Espagne, ou lorsqu'il nourrit l'altermondialisme


Sur l’anticommunisme des gauches, le «stalinisme», le POUM et le mouvement communiste
Il est devenu quasiment un sport national, pour une partie de certains auteurs, de publier dans les pages de gauche d’internet des articles qui sont consacrés de manière plus ou moins ouverte à critiquer l’histoire du mouvement communiste, grand « responsable » de tous les maux passés ou à venir, depuis l’ascension d’Hitler au pouvoir, le changement climatique ou la déroute de l’équipe locale. « Le stalinisme » s’est converti pour certains en une parole magique. Le « stalinisme » renferme, comme le mystère de la Sainte trinité, trois propriétés en une : la première, évite d’entrer dans un débat historique avec des arguments contradictoires; la seconde évite de donner une explication autour de la défaite historique et de l’incompétence politique chronique du courant auquel sont inscrits les anticommunistes de gauche ; et la troisième a pour fonction d’essayer de faire honte aux militants, mais surtout aux sympathisants potentiels de différents partis communistes, à les dissuader de rentrer dans les dits partis communistes. Tout ce discours s’est trouvé favorisé par une étape historique où la division et l’affrontement dans le sein du mouvement communiste, particulièrement dans notre pays a conduit à ce que celui-ci se désintègre en de nombreux fragments désunis, isolés et dispersés.

Précieusement, l’ultime propriété magique du « stalinisme » est peut-être la plus prisée peut-être par les anticommunistes de gauche. Il a été démontré, tant avec des exemples historiques comme avec ceux empruntés à l’actualité, que, de toutes les forces qu’ils se déclarent anticapitalistes et disent vouloir surpasser l’actuel système socio-économique, le mouvement communiste (avec toutes les erreurs, les échecs, les trahisons, les ruptures, la dégénérescence et ce qu’on veut encore lui mettre sur le dos) a fait la preuve dans la pratique (en sachant surpasser toutes ses limitations antérieurement signalées ), que ce qui le caractérise est que l’on peut compter sur sa capacité à mettre un terme à de tels objets capitalistes. Ainsi, alors qu’aujourd’hui, sur la planète la Terre, il n’y a pas de force politique ou sociale de l’anticommunisme de gauche ayant un poids politique ou social (si nous déduisons l’exception conjoncturelle de la France, dû plus que tout à la dégénérescence extrême du PCF), les quelques courants qui sont réclamés du communisme dans sa version marxiste – léniniste ou même marxiste seulement, et qui revendiquent – chacune à sa manière propre – l’expérience soviétique comme une avancée progressiste pour l’humanité, ou bien sont force de gouvernement dans quelques pays, ou bien disposent de grands partis ouvriers et populaires de masses, de guérillas anti-impérialistes et d’une grande influence sur les mouvements sociaux. Et non seulement cela : le mouvement communiste a su conserver dans de grands secteurs de la population, là où il a de l’influence, une culture de révolution et de justice sociale, avec la mémoire historique communiste et ses symboles, , qui démarre en octobre 1917 et dont l’histoire, patrimoine et symboles sont des éléments incontestables de rébellion pour beaucoup de personnes.

Les anticommunistes de gauche n’ont pas de patrimoine. Leurs réalisations historiques sont très limitées et doivent être prises avec des pincettes : l’insurrection cantonaliste de 1873 qui a aidé à enfoncer la I République, les collectivisations de 1936-1939 dans quelques localités de l’Espagne républicaine, les tranchées imprenables de Huesca dans la guerre civile, quelques victoires militaires de la partie de l’Armée Rouge dirigée par Trotsky ou l’activité des bandes guerrilleras du leader paysan ukrainien Makhno en 1918-21, sont les réalisations comptabilisées que l’anticommunisme de gauche peut revendiquer. Les nouveaux mouvements comme l’antiglobalisation ou le mouvement zapatiste, ont été théorisés par plusieurs comme les preuves de l’échec de la déroute définitive du modèle politique que représentait le parti communiste classique. Sans aucun doute, le mouvement antimondialisation fut une importante réponse de masses à la globalisation néolibérale, qui réussit à mobiliser d’amples secteurs sociaux, principalement des étudiants, des universitaires. Mais finalement le mouvement antiglobalisation, faute d’une direction politique, a réussi à être réduit à d’inoffensifs forums Sociaux. Pour sa part, le zapatisme n’a pas donné l’image d’un mouvement surpassant le capitalisme et l’impérialisme, mais s’est montré comme un indigéniésme folklorique : les territoires zapatistes furent à la mode dans les années quatre vint dix comme des sanctuaires de pélerinage pour les intellectuels provenant de la gauche anticommuniste où ils recevaient l’inspiration divine contre « le stalinisme » et les partis communistes. Jusqu’à ce qu’ils passent de mode et soient désertés par de tels intellectuels. De la même manière le Forum de Porto Alegre et l’appui à Lula au Brésil, présenté comme le dernier cri de « socialisme véridique » face à la pratique du mouvement communiste, se sont retrouvés encombrés d’un homme qui, le moins qui se puisse dire de lui, étant qu’il ne paraît pas très intéressé à réaliser des changements profonds dans son pays, mais bien tout le contraire, et quand il a fallu qu’il affronte des dirigeants conséquents comme Hugo Chávez ou Evo Morales, pour défendre les intérêts des multinationales brésiliennes, sans aucun doute il l’a fait. Ce qui est surprenant, avant tout, est que vous les anticommunistes qui défendiaient toutes ces alternatives en attaquant les partis communistes, aujourd’hui vous restez muets, vous ne réalisez pas d’évaluation critiquede vous mêmes.

Donc, alors que cela fait déjà beaucoup d’années que ne reste même plus de trace du “stalinisme” auquel était imputé (et il est imputé) toutes les responsabilités des échecs propres et ceux d’autrui, quand déjà il n’y a plus aucun prétexte pour que les anticommunistes de gauche libèrent toutes leurs énergies révolutionnaires et démontrent aux “staliniens” comment se font les véritables révolutions, nous voyons que telles énergies s’usent, comme toujours, à “démontrer” que, s’il n’y avait pas eu Staline et les siens, dès 1924 il y aurait un communisme en Europe, ou qu’en 1936 depuis quelque misérables villages de Huesca, avec le génie d’Andreu Nin et avec le vieux máuser d’Orwell, il n’aurait pas fallu plus de deux semaines pour battre au Franco, réaliser la révolution en Espagne, vaincre l’Allemagne nazie, Mussolini, les États-Unis, le Japon et l’Empire britannique, démolir la “Bureaucratie dégénérée de Staline” et implanter le communisme resplendissant dans le Système Solaire (cette fois le communisme vrai, naturellement). C’est un plan si simple que nous ne pouvons pas nous imaginer comment il ne leur était pas venu à l’espritplus tôt. Ou ce qui revient au même : rêver est gratuit.

La nouveauté le POUM comme arme de jet

Le POUM et la “révolution” espagnole sont les classiques entre les classiques de l’anticommunisme. Et cela malgré le fait qu’il n’y a pas un historien sérieux qui, libéré de la doxa orwellienne ayant enquêté sur cette époque, soutienne la thèse que la « révolution » et la « contrerevolution » furent les facteurs dominants de la guerre civile espagnole en 1936-1939. Effectivement, malgré les discours idéologiques qui ont recouvert la réalité et qui ont donné une vision complètement déformée de l’histoire, la “révolution” de 1936 a été été plus que tout une révolution de symboles, d’attitudes esthétiques et de comportements (l’incendie d’églises comme rite anticlérical, les vêtements ouvriers qui se sont devenus à la mode mode y compris chez les bourgeois, l’argent brûlé, l’éblouissement des “touristes révolutionnaires” comme Orwell, etc..), plutôt qu’un processus réel de transformations socio-économiques, alors que les institutions républicaines, bien qu’elles maintiennent les mêmes formes, dans leur contenu ont réfléchi la nouvelle corrélation de forces un produit de l’échec du fascisme en Catalogne. Cela a aidé à l’entrée massive des représentants des partis et de syndicats ouvriers dans de telles institutions, en affaiblissant leur ancien caractère de classe. Alors, si une telle “révolution” a été plus apparente et plus limitée aux symboles et aux discours qu’à des faits réels, si le facteur ” révolution” constitue quelque chose de complètement secondaire pour juger cette étape et si le caractère erroné d’une telle désignation a été démontré, si de plus, les institutions républicaines avaient acquis un caractère pleinement populaire et étaient loin d’être si “bourgeoises” : à qui est-ce que cela fait du bien de continuer à nourrir la légende ? Aux anticommunistes de gauches, naturellement.

Pour cela, et faute d’idées neuves, on ne cesse de retourner au POUM, avec une obsession digne d’étude. Ce fut la norme pour une partie de l’anticommunisme de gauche de blanchir les activités des principaux dirigeants du POUM après la guerre et ignorer des points importants sur les mêmes, en profitant de fait que beaucoup de secteurs des jeunes mlilitants de gauche ignorent l’histoire de ces dirigeants. Aujourd’hui, dans un récent “Qu’est-ce qu’il faut conserver du POUM ?” (1), on suggérait qu’il y avait eu une “bonne époque” et une “époque mauvaise”. Au moins nous avons déjà avancé sur quelque chose, parce que jusqu’à présent les anticommunistes de gauches préféraient garder un silence suspect sur la ” mauvaise époque”. Mais : où faut-il établir en vérité la frontière entre les deux époques ?

Il faut considérer que tous les dirigeants principaux du POUM, la guerre étant terminée, ou bien se sont rapidement tourné vers la si odieuse socialdémocratie “menchevique” en créant le Moviment Socialista de Catalunya (MSC), ou bien rentrèrent dans les rangs de la CIA, comme ce fut le cas de Gorkin, Maurínet d’autres. Pratiquement la totalité des hauts dirigeants renièrent leurs anciennes croyances. Les « authentiques liders révolutionnaires », à partir du 1 ° avril 1939 cessèrent d’être des révolutionnaires. Une métamorphose si subite est-elle possible ? À qui doit-on que, quand il était plus nécessaire que jamais de lutter contre le fascisme, de tels dirigeants, qui distribuaient des certificats et des leçons de révolution à droite et gauche et stigmatisaient les “réformistes du PSUC”, abandonnent la lutte et se transforment en contraire de ce qu’ils disaient être ? Comment les anticommunistes de gauche expliquent que les “mencheviks réformistes” du PCE et du PSUC continuèrent la lutte antifranquiste en sacrifiant des milliers de leurs vies, et les principaux dirigeants du POUM comme Maurín et Gorkin rentrèrent dans la droite pro-yankee en défendant l’impérialisme le plus agressif tandis que d’autres fondaient le MSC pour défendre l’impérialisme européen ? Peut-être la lutte contre le franquisme était-elle moins nécessaire que la lutte contre le Front Populaire ? Voilà des mystères de la Trinité Très sainte “antistalinienne”, comme c’était un mystère divin que Maurín restât vivant et dans de bonnes conditions dans les prisons de Franco, tandis qu’étaient fusillés d’autres dirigeants républicains ou torturés en urgence. Maurín a été libéré en 1946 grâce à l’intercession d’un évêque son parent, qui a convaincu Franco lui-même de le garder en vie parce que c’était un ennemi des communistes, et ces démarches ont été directement suivies depuis le Vatican même (2). Cela oui est un privilège authentique du meilleur bureaucrate! Qu’est-ce que penseront de tout cela les anticommunistes de gauche et les apologistes du POUM ? Publieront-ils un livre sur ces sujets ?

Le POUM n’a pas été en rien innocent comme le rabachage essaie de nous le faire croire. Au milieu de la guerre, quand dans d’autres lieux de l’État se livrait un combat à la vie ou la mort, depuis les pages de la Bataille, le journal du POUM, on commandait de lutter contre les “mencheviks de la révolution” avec allusion au PSUC en le désignant comme l’ennemi avoué . Beaucoup de dirigeants du PSUC et de l’UGT sont morts assassinés entre août 1936 et mai 1937. Desideri Trillas, dirigeant syndical de l’uGT, qui avait accompagné Maurin en 1924 à Moscou, est mort assassiné en 1936 par des sicaires de la CNT. ; le 24 avril, Rodríguez Salas, commissaire affilié au PSUC, a subi un attentat manqué, et les 25 est tombé Roldán Cortada assassiné, un ancien collaborateur de Maurín, épuré des années auparavant par celui-ci de l’exécutif du Bloc Obrer i Camperol pour un désaccord politique, et assassiné en 1937 pour appartenir au PSUC. Beaucoup d’affiliés à l’UGT ont été assassinés pour ne pas vouloir rentrer à la CNT. Sûrement la main du POUM n’était pas derrière ces “victimes de la révolution”, mais depuis les pages de La Bataille, étaient signalés avec insistance qui était l’ennemi : le Front populaire et leurs bases les plus consistantes et claivoyantes, le PSUC et la UGT.

La guerre et le péril furent des choses reculées et lointaines pour le POUM, et c’est pour cela qu’il s’est préoccupé de faire « la révolution ». Dans La Bataille, ils éditaient en grand des slogans comme : “crevez république démocratique!”, l’antifascisme était qualifié de trahison à la révolution alors que les antifascistes freinaient de leur sacrifice l’avancée de l’armée franquiste, il leur été enjoint d’éliminer les institutions républicaines qualifiées de « bourgeoises » ((bien qu’elles fussent dominées par la majorité ouvrière), il était publié sur toute la page et en grand caractère dans des feuilles de papier de petit format lancées par les avions de Franco en appelant à déserter, il était impunément injurié et d’une manière constante les dirigeants républicains, socialistes et communistes et, entre autres “exploits”, avec l’objectif de démoraliser les combattants et de provoquer la désertion, de fausses nouvelles étaient écrites à propos d’une négociation supposée du gouvernement républicain avec Franco en vue d’une rédition(3).

Par ailleurs, dans les rangs du POUM sévissaient des espions notoires comme le chef de la colonne étrangère du POUM, Georges Kopp, agent de l’espionnage un Anglais et un collaborateur futur des nazis en France, et des espions en faveur du Franco qui perpétraient des actes de sabotage, tandis que d’autres se sont offerts à la cinquième colonne pour assassiner Negrín et Álvarez del Vayo. Il n’y a pas de certitude que dès cette époque Orwell ait déjà été un agent de l’espionnage britannique, il était en relation avec des personnes directement impliquées, comme Kopp lui-même, de qui il était un ami intime.

Un fantasme terrorise les anti-communiste de gauche : le fantasme de la «bureaucratie»

Il est évident que le fait de participer professionnellement à une politique ou dans le mouvement syndical est une nécessité pour les représentants de la classe ouvrière pour défendre ses intérêts, c’est ce qui a été théorisé par le Lénine, puisqu’il tombe sous le sens commun que les dirigeants ne se forment pas en deux jours, et encore moins quand l’apolitisme du citoyen commun est la norme. Mais avec la critique permanente de ce que les anticommunistes de gauche nomment “une bureaucratie stalinienne”, la réalité est entièrement manipulée par l’idéologie. Le terme “une bureaucratie”, à l’être si indéfini, qu’on peut l’instrumentaliser d’une manière démagogique comme le terme même de “stalinisme”. Que signifie réellement le mot ” bureaucratie” ? Comme les anticommunistes de gauche n’osent pas donner de définition pour pouvoir nourrir l’ambiguité à leur convenance, voyons ce qu’on entend couramment par « bureaucratie ». Selon le Dictionnaire de la langue Catalane, « bureaucratie » est :1) autorité, influence excessive des fonctionnaires publics sur les affaires de l’Etat ; 2) ensemble du personnel administratif, et 3) système de tâches, de procédures et d’activités à la charge d’un corps de personnel administratif. Donc, transplanté le terme “une bureaucratie” à l’époque soviétique, si un bureaucrate était le concierge humble d’une école de quartier, un policier municipal, l’administratif d’un soviet urbain, le directeur d’une entreprise étatique (déjà honoré ou corrompu), ou le Commissaire de Guerre León Trotsky, avec la circonstance aggravante que le ci-mentionné disposait d’un pouvoir infiniment plus grand sur les questions de l’État et du parti que celui de la majorité de la bureaucratie soviétique qu’il critiquait.

Le faux antibureaucratisme de Trotsky et du POUM,

Après avoir utilisé sans dicernement le concept de “bureaucratie”, les anticommunistes de gauches sapent la nécessité que les travailleurs ont d’avoir des représentants syndicaux et politiques à temps complet, et ils discréditent la nécessité de la participation politique des masses, en les portant à l’apolitisme et en faisant des barrages de la réaction. De plus, dans le fond, pour les anticommunistes de gauche le problème se réduit à des noms. Si ce sont leurs leaders qui occupent les charges, alors ils ne sont pas bureaucrates, mais la personnification de la démocratie pure. Si les charges sont occupées par un groupe rival, alors ce sont « des bureaucrates dégénérés ». Mais analysons la bureaucratie: de quoi vivaient Trotsky, Andreu Nin, Julián Gorkin, Joaquín Maurín et tant d’autres “antibureaucrates” ? Nous n’avons pas d’informations sur le fait qu’ils ont passé beaucoup de temps de leur vie dans une chaîne de production d’une fabrique, ou en se cassant l’épine dorsale dans l’agriculture, ou en faisant les types de travail salarié qui réalise normalement la classe ouvrière en produisant une plus-value. Au contraire, ils ont vécu comme des politiques professionnels aussitôt qu’ils ont eu la moindre opportunité. Trotsky aussitôt qu’il a pu a été un professionnel de la révolution à temps complet (un bureaucrate de la révolution), qui ne vivait pas de son propre travail. Il faisait partie de la “nomenklatura”, c’était un haut dirigeant du parti et de l’État, qui a créé de la même manière un réseau clienteliste de la bureaucratie pour y gagner des appuis. Il était donc, un grand bureaucrate, qui s’est retourné contre la « bureaucratie », non parce qu’il était « anti-bureaucrate », mais parce que ses positions politiques furent battues par la majorité.

Quand il est allé en exil il n’a pas non plus transpiré une goutte en produisant une plus-value pour les bourgeois, mais il s’est mis à être un membre maximal du “nomenklatura” dans le courant politique formé par lui, qui s’est appelé la IVe International.

Andreu Nin, Joaquín Maurín, Julián Gorkin et les autres ont été, depuis le début des années vingt des des hauts dirigeants de leurs organisations et sont arrivés à être bureaucrates professionnels, “nomenklatura” en miniature mais des aspirants à être une « grande nomenklatura ». Beaucoup de cadres de la CNT furent de hauts fonctionnaires durant la guerre, en plus de ministres, ils créérent leurs propres réseau de bureaucratie anarchiste. Andreu Nin tandis qu’il était conseiller de la Justice de la Generalité exerçait comme n’importe quel haut fonctionnaire de n’importe quel État, à la manière bureaucratique. Nin avait été fait partie de la bureaucratie soviétique et par la suite un bureaucrate de la Generalitat durant la guerre (Conseiller de Justíce), Maurín a été correspondant d’Izvestia (un “bureaucrate” soviétique par conséquent) et député par le Front Populaire (un bureaucrate républicain); d’autres hauts dirigeants aussi étaient des « bureaucrates » comme Juan Andrade, fonctionnaire des postes, tandis que l’autre dirigeant du POUM, Molins i Fàbrega, était président de la section syndicale des fonctionnaires de l’UGT. Ajoutons à cela, que le discours le plus radical contre « l’Etat bourgeois » s’est produit aussitôt après l’expulsion de Nin du gouvernement de la Generalitat pour sa politique sectaire et provocatricez. Tous ces faits donnent une perspective nouvelle et très concrète sur quelques aspects de ce qui s’est appelé « révolution » et « contrerévolution » : la lutte par l’hégémonie dans les organismes de la Generalitat, en incluant ceux que la “révolution” a fait apparaître comme le Comité de Milices, de collectivités et les Patrouilles de Contrôle, dont les membres se sont convertis en fait en fonctionnaires (ou bien, en bureaucrates) qui touchaient leur salaire de la Generalitat. Les “révolutionnaires” qui ont fait front en mai 1937 contre la “bureaucratie stalinienne” (le Front Populaire) étaient très loin d’être précisément ouvriers, mais ils s’en distinguaient beaucoup : “ces secteurs les plus belligérants contre la survivance de la légalité constitutionnelle de 1931, comme le groupe anarchiste radical Les Amis de Durruti ou le POUM, n’avaient pas à leur tête des ouvriers manuels, mais des journalistesde seconde zone, aspirants à être des intellectuels d’opinion et des employés de services” (4).

Franco et la Phalange voulaient détruire la République et ses institutions, précisément parce que déjà elles étaient plus populaires que bourgeoises, pendant que le POUM voulait détruire la République et le Front populaire pour son impossibilité à se convertir en bureaucratie dominante de forme pacifique, ce qui était dû à ses activités provocatrices et à son sectarisme. En décembre 1936 s’était fermé definitivement pour le POUM la voie « pacifique » pour conquérir l’hégémonie bureaucratique avec l’exclusion de Nin du gouvernement de la generalitat, à cause de l’attitude sectaire et provocatrice du POUM. Isolé volontairement des autres forces politiques et syndicales, abandonné même de la CNT et la FAI, le POUM s’est radeicalisé désespérément et, dans une fuite en avant, il s’est allié avec les groupes les plus extrémistes et minoritaires comme Les Amis de Durruti, formé par libertaires qui avaient déserté du front. Ensemble ils ont commencé un bras de fer armé avec le Front Populaire et les institutions républicaines en mai 1937 avec le résultat que l’on sait. Ainsi est née la légende de la « bureaucratie stalinienne » en Espagne.

L’absurdité de la contradiction


Nous recommençons à lire des phrases à propos des “horreurs du stalinisme” dans le style le plus pur du Livre Noir du Communisme. Mais: l’avenir aurait-il été meilleur si la petite “bureaucratie trotskiste” s’était imposée par sa lutte contre la “bureaucratie majoritaire stalinienne” ? Les pas en avant que le trotskisme aurait implanté du “vrai” communisme dans le Système Solaire: auraient-ils été moins traumatiques et auraient-ils moins répandu de sang qu’avec Staline ?Les propositions de Trotsky et de « l’opposition » unifiée de 1926 ne diffèrent pas beaucoup de ce que Staline a mis en place quelques années après : collectivisation de l’agriculture, industrialisation et plans quinquenaux. Il faut additionner à cela la haine constante des puissances impérialistes, l’énorme sous-développement du pays, etc.., etc.. Nous pouvons supposer donc, que Trotsky et sa fraction minoritaire auraient fait front, au moins, aux problèmes de l’envergure de ceux qu’ont du affronter la fraction majoritaire du parti. Il n’y a pas de motif de supposer que la “bureaucratie trotskiste” aurait créé moins de “horreurs” que ceux qu’on impute à Staline : de Trotsky est venue l’idée de sequestrer et de de fusiller les familles des « spécialistes militaires » tsaristes qui ont déserté l’armée rouge ; ce fut Trotsky celui qui réprima durement l’insurrection anarchiste de de Krondstad en 1921 avec des moyens extrémistes qui incluent le terrorisme et la fusillade ; ce fut trotski qui souhaitait militariser les syndicats et en faire un appendice de l’Etat, c’est-à-dire bureaucratiser au maximum. Pourquoi les « horreurs » de Trotsky seraient-elles moindre que celles de Staline ? ? Pourquoi, si le POUM et ses groupuscules avaient vaincu leurs « horreurs » auraient “-elles” été moindres que dans le cas des défenseurs de la République, en connaissant le sort qu’ont fait courir Desideri Trillas, Roldán Cortada, Sesé, et plusieurs autres ? Pourquoi les admirateurs du POUM ne publient rien-ils sur cela



L’histoire remet chacun à sa place


L’anticommunisme de gauche a historiquement démontré son incapacité chronique à se constituer comme une alternative et d’être une force de masses. L’incapacité s’est révélée avec toute sa crudité quand les dernières traces des “horreurs staliniennes” ont cessé d’exister à la disparition de l’URSS en 1991, en donnant lieu à un changement à un nouveau tiers monde avec un enfer de millions de morts, de pauvreté extrême, des dizaines de milliers d’enfant vivant dans des cloaques, la dictature des mafias, des centaines de milliers de prostituées obligées à se vendre, des millions de chômeurs et des guerres intestines provoquées par l’impérialisme. Mais tous ces « détails » n’intéressèrent jamais les gauches qui sont seulement nées pour “dénoncer” les “horreurs du stalinisme” ou, comme le Franco et la Phalange, les “Victimes de Negrín”. Préoccupé, de cacher les causes de ses échecs et de ses limitations évidentes politiques, l’anticommunisme de gauches a instamment dévié ses critiques vers le “stalinisme” et l’antisovietisme, en cherchant des agneaux expiatoires pour ses manques et sa mince capacitéde rassemblement.
L’anticommunisme de gauche, et son frère cadet, l’antisoviétisme, ont vécu un âge d’or grace à la division des communistes dans l’Etat espagnol et au niveau international, et a réussi à faire honte à beaucoup de communistes, surtout des dirigeants. Le mouvement communiste a commis des erreurs, certaines graves, et il continuera à en commettre indubitablement, comme toute force qui intervient dans la politique pratique. Mais le solde de l’histoire est énormément favorable au mouvement communiste. Les communistes n’ont pas avoir honte et ils ont un passé et un présent héroïque de luttes et de sacrifices, d’erreurs et de réussites, d’échecs et de triomphes, qui constituent un patrimoine dont ils peuvent être fiers.

Les temps changent et il est possible que nous assistions au début d’une étape historique encourageante, où les conditions sont crées enfin pour un nouvel effort unitaire entre différentes organisations communistes. Pour que l’unité soit un succès, il faut ne plus avoir honte de sa propre histoire, mettre dans un coin les sectarismes et reprendre le plus positif que chaque courant communiste a engendré le long de sa trajectoire, sans écarter de plus de différentes alliances avec d’autres couches progressistes de la population. Marx et Engele ont écrit sur le sujet dans le Manifeste du Parti Communiste que »les communistes ne forment pas un parti spécial opposé aux autres partis ouvriers. Ils n’ont pas d’autres intérêts que les intérêts de l’ensemble du prolétariat. Ils ne proclament pas de principes sectataires dans lequels ils voudraient mouler le mouvement prolétarien »(5) Effectivement, les communistes ne peuvent pas aspirer, comme le disent nos maîtres, à enfermer le mouvement ouvrier dans” des principes sectaires”, ce qui ne veut pas dire, par ailleurs, que l’idéologie, la théorie et la doctrine cessent d’être importantes, mais dans leur juste mesure, en aidant à pousser le mouvement ouvrier et communiste et en ne mettant pas des cales artificielles qui freinent le mouvement et l’unité. Et toujours en plaçant au premier rang l’étude infatigable de l’histoire, qui est celle qui a le dernier mot pour juger les réussites ou les erreurs de la pratique politique, en partant de l’idée que les personnes infaillibles n’existent pas et donc que les grands hommes ne font pas l’histoire, mais les classes sociales au sein desquelles surgissent les dirigeants. De tels dirigeants se trouvent immergés dans des contradictions multiples, des conflits et des intérêts de groupes sociaux et nationaux divers, qui parfois les engloutissent sans remède comme une force gravitationnelle, en limitant leurs marges de manoeuvre et leurs possibilités réelles d’appliquer politiques désirées.

Les communistes ont écrit ses pages historiques les plus brillantes en luttant unis et en sachant connecter avec le sentir des masses, duquel ils doivent former part. Ainsi fut octobre 1917, dans la construction du socialisme dans l’URSS et dans d’autres pays, dans la défense des conquêtes sociales, dans la guerre civile, dans la lutte antifranquiste, dans les Révolutions antiimpérialistes et dans tant d’autres occasions dans lesquelles, entre autres, l’anticommunisme de gauche était absent ou était l’adversaire de telles luttes. Le mouvement communiste a joué un rôle, en solitaire ou avec d’autres forces progressistes, clairement décisif pour l’avancée des conquêtes sociales des masses exploitées et inclus pour l’humanité dans son ensemble. Au contraire, l’étape historique où a été vécue la division du mouvement communiste en de nombreux fragments à conduit les communistes dans beaucoup de lieux au déclin, et dans d’autres comme l’Etat espagnol, quasiment à l’extinction.

En Espagne nous avons des exemples historiques d’unité communiste, comme l’unité du PCE et du PCOE en 1921, et celle des collectifs socialistes et communistes dans une seule une formation politique (la Juventudes Socialistas Unifiés à un niveau étatique, et le Partit Socialista Unificat de Catalunya, PSUC), unis sur des bases révolutionnaires en 1936. Telle unité, qui était aussi fabriquée entre le PCE et du parti socialiste espagnol pour constituer un parti prolétaire révolutionnaire uni, n’a pas pu culminer avec succès à cause des divisions internes du parti socialiste ce qui a provoqué une influence très négative sur le développement de la guerre civile et de la lutte antifranquiste.
Quand sera perçu le grave moment historique que nous vivons, il sera possible de reentreprendre le chemin de l’unité, d’unité indispensable pour battre l’ennemi : le fascisme, l’impérialisme et la bourgeoisie. Une unité sans renoncer aux principes mais en renonçant aux sectarismes et aux exclusions, et en mettant en avant la résolution des graves problèmes de la classe ouvrière avant une pureté doctrinaire extrémiste. A ce moment là l’anticommunisme de gauche recommencera à avoir dans l’histoire le rôle résiduel et anecdotique qui lui convient..

Notes:


(1) http://www.kaosenlared.net/noticia/que-hay-que-rescatar-del-poum
(2) http://www.elperiodicodearagon.com/noticias/noticia.asp?pkid=273460
(3) Antonio Elorza y Marta Bizcarrondo: Queridos camaradas. La Internacional Comunista y España, 1931-1936. Editorial Planeta, Barcelona 1999, pp. 351-375.
(4) David Martínez Fiol: Estatisme i antiestatisme a Catalunya, 1931-1939: rivalitats polítiques i funcionarials a la Generalitat. Publicacions de l’Abadia de Montserrat, 2008, p. 290.
(5) Marx y Engels, Manifiesto del Partido Comunista, Edicions PCC, 1983, cap. 2, p.15.

http://www.kaosenlared.net/noticia/sobre-anticomunismo-izquierdas-estalinismo-poum-movimiento-comunista

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