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Nicolas Maury Militant PCF Istres






 



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Espace post-soviétique (URSS)

L’ est de l’Ukraine est en pleine crise, mais les combats et l’opération militaire lancée par les autorités intérimaires de Kiev n’ont pas empêché le maintien du scrutin anticipé, le 25 mai. Tandis que la population s’en désintéresse, oligarques, dirigeants, candidats se mobilisent pour mieux continuer le pillage




Les Ukrainiens vont se rendre aux urnes le 25 mai pour élire le successeur de Viktor Ianoukovitch. Le premier tour de l’élection présidentielle a donc été maintenu malgré les affrontements en cours dans la partie orientale du pays. De nombreux habitants, à l’est comme à l’ouest du pays, s’interrogent sur la pertinence de ce scrutin dans le contexte actuel. « Pourquoi se précipiter ? Il n’aura pas plus de légitimité que le référendum tenu le 11 mai (dans les républiques autonomes de Lougansk et Donetsk – NDLR) », estime Olga, qui vit dans le centre de la capitale, Kiev. À 700 kilomètres plus à l’est, Nadejda, qui habite à Donetsk, se demande : « Comment voulez-vous tenir une élection alors qu’une partie du pays la rejette avec les autorités qui l’organisent. »

« Ce gouvernement défend la même idéologie que le précédent : le libéralisme, avec l’aide du FMI. » V. Ishchenko, sociologue

À l’instar des déclarations du secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, répétant, le 19 mai, que la présidentielle en Ukraine était « une occasion importante de trouver une issue pacifique à la crise actuelle », les dirigeants occidentaux et le gouvernement intérimaire de Kiev ont fait de cette élection une priorité. « La tenue de ce scrutin est clairement instrumentalisée par tous les protagonistes. Il s’agit encore d’un champ d’affrontement entre les États-Unis et la Russie, comme depuis le début de la crise en Ukraine. La volonté des Ukrainiens n’est pas questionnée », analyse Elena Tchaltseva, enseignante à l’université de Donetsk. Dans l’est de l’Ukraine, à Donetsk, seulement quelques affiches du candidat du Parti des régions, l’ex-gouverneur de Kharkov, Mikhaïl Dobkine, signalent qu’un scrutin présidentiel aura lieu à la fin du mois. Même constat à Torez, Slaviansk, Lougansk. La campagne électorale n’a jamais débuté, à la différence de l’ouest du pays où quelques meetings ont été organisés. « De nombreux incidents ont eu lieu durant cette campagne. Notre candidat (Simonienko) a été contraint de se retirer après avoir été agressé », condamne le député Vladimir Bidiovka, du Parti communiste ukrainien (lire cicontre). Mikhaïl Dobkin, Oleg Tsarev, partisan d’une solution fédérale pour l’Ukraine, ont également été violemment attaqués.

Le roi du chocolat

Les chaînes de la télévision ukrainienne ont consacré à la présidentielle à peine quelques heures d’antenne. La crise dans l’est du pays et les affrontements à Slaviansk, Lougansk, Marioupol ou Odessa ont pris toute la place médiatique. Depuis le lancement de l’opération militaire par le gouvernement intérimai re, les combats ont fait 130 morts. « L’opération qualifiée d’antiterroriste visant à reprendre le contrôle de l’est a été un échec. À l’ouest, on reproche au gouvernement son manque d’autorité, et à l’est, d’avoir tué ses propres citoyens en les traitant de terroristes. La fracture est telle qu’une élection ne suffira pas à y mettre un terme », constate Elena Tchaltseva. Pour Philippe Migault, directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), « la dramatisation de la crise sert actuellement les intérêts de tout le monde : les autorités de Kiev, pour arriver au scrutin drapées dans la posture de garantes de l’indépendance et de l’intégrité du pays ; les séparatistes, eux, jouant sur les incidents qui vont entacher le vote du 25 mai, qui démontreront qu’il faut sortir de la crise par des négociations entre toutes les parties ».

Le peu de passion autour de ce scrutin dévoile une forte démobilisation de l’opinion publique. « Nous avons cru pouvoir reprendre notre destin en main, à chaque révolution. Encore une fois, cela n’a rien changé. On s’est débarrassé d’un président corrompu, avide d’argent pour un futur oligarque », s’emporte Svetlana, qui a soutenu les protestations de 2004 et 2014. Le favori dans les sondages n’est autre que le roi du chocolat, Petro Porochenko. Ce milliardaire (fortune estimée à 1,16 milliard d’euros), propriétaire du groupe chocolatier Roshen, s’est enrichi sur les ruines de l’URSS dans les années 1990. Si Porochenko a soutenu la contestation de Maïdan grâce à la chaîne de télévision Kanal 5, il avait fondé quelques années plus tôt avec Viktor Ianoukovitch le Parti des régions... « Il s’agit encore une fois d’une simple redistribution des cartes entre les divers groupes oligarchiques qui ne pensent qu’à leur enrichissement personnel. Ce gouvernement défend la même idéologie que le précédent : le libéralisme économique. Pourquoi sinon avoir accepté l’aide du FMI et son accord », estime le sociologue Volodimir Ishchenko.

De grandes fortunes

Les autres candidats sont également liés, directement ou indirectement, à ces grandes fortunes qui se regroupent autour de deux clans l’un de Donetsk – Rinat Akhmetov, Viktor Ianoukovitch, Dmitri Firtach – et l’autre de Dniepropetrovsk – Ioulia Timochenko, Petro Porochenko, Igor Kolomoisky (1). Ces deux villes-régions sont en plein coeur du bassin industriel et minier de l’Ukraine. L’ancienne première ministre et égérie de la révolution orange, libérée de prison après la chute de Viktor Ianoukovitch, Ioulia Timochenko, y a fait fortune dans l’industrie gazière. Elle est candidate le 25 mai, tout comme le richissime Sergueï Tiguipko et le sulfureux Mikhaïl Dobkine. Le seul qui était resté en retrait jusqu’à présent des événements et de la présidentielle, Rinat Akhmetov (8,9 milliards d’euros), principale fortune du pays, qui règne sur le Donbass, a appelé ses ouvriers à manifester contre les séparatistes. Cette volonté de maintenir l’élection, émanant de l’oligarque Akhmetov, pourrait être un premier tournant. « En tant que principal magnat de la région et financier du Parti des régions, il ne pouvait pas laisser l’est partir et les communistes détrôner l’ancienne formation de Ianoukovitch. Il joue sa carte personnelle et aucunement un soutien aux autorités de Kiev », conclut Elena Tchaltseva. Son numéro d’équilibriste terminé, ce pari pourrait soit ramener le calme soit accélérer le processus de guerre civile...

(1) Patron du groupe Privat et de la PrivatBank, troisième fortune d’Ukraine.

La chasse aux communistes est ouverte

En marge de la présidentielle, de nombreux candidats ont été agressés. Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement intérimaire à Kiev, qui rallie des partis libéraux à l’extrême droite, le Parti communiste ukrainien (KPU) a dû faire face à de nombreuses attaques. « Notre siège à Kiev a été pillé et brûlé. Nos députés sont victimes d’intimidations et de violences lors des sessions parlementaires. Et pour finir, notre candidat, Piotr Simonienko, s’est retiré de la présidentielle », déplore Vladimir Bidiovka, député de Donetsk. Dans ces conditions, les communistes, et d’autres forces politiques, syndicales et associatives en Ukraine s’interrogent sur le bon fonctionnement de l’élection et sur sa légalité. Le pouvoir a même ouvertement réclamé l’interdiction du KPU. « Par contre, la présence de candidats membres de parti fasciste et de formation néonazie ne choque personne », constate Vladimir Bidiovka. Les deux dirigeants, Oleg Tiagnibok de Svoboda, membre de la coalition gouvernementale (Liberté, parti néofasciste) et Dmitri Iaroch, de Pravyi Sektor (Secteur droit, parti néonazi), peuvent être en lice pour la présidentielle. En 2012, le Parlement européen s’opposait à toute alliance politique avec ces formations.

Vadim Kamenka, Humanité Dimanche
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