Perspective Com
Alain souchon et le Che

Nicolas Maury

Lettre de la Présidente de Cuba Si France Provence à Alain Souchon

Le fait que vous, qui n’avez consacré votre vie qu’à votre propre carrière, vous vous permettiez de cracher sur Ernesto « Che » Guevara est proprement scandaleux. Et pour justifier ce fait, quels arguments avancez‐vous ?

Vous avez trouvé sur internet des témoignages de compagnons du Che qui parlent de sa cruauté. Comme vous le savez, on trouve tout sur internet, le vrai et le faux. Vous êtes‐vous penché sur la vie d’Ernesto Guevara ? Lui aussi aurait pu consacrer sa vie à devenir quelqu’un de « respectable ».

Issu d’une famille bourgeoise, le meilleur avenir s’offrait à lui : il pouvait devenir un médecin reconnu, estimé, faire fortune en soignant les riches argentins. Au lieu de quoi il est parti à la découverte du monde, à la découverte de la pauvreté, des injustices sociales, de la misère.

Il a soigné les gens dans les endroits où personne n’allait, commençant par la léproserie de San Pablo mais il les a soignés aussi tout au long de sa vie et c’est parce qu’il s’occupait d’un camarade blessé qu’il a été pris et assassiné. Vous parlez de « sa cruauté ».

Croyez‐vous que quelqu’un de cruel ferait ainsi passer la vie des autres avant la sienne ? Dans la Sierra Maestra, lorsqu’un ennemi était pris et qu’on savait qu’il avait été cause de la mort de nombreux guérilleros, les hommes qui combattaient avec le Che voulaient l’abattre. Mais lui ne voulait pas : « On n’est pas comme eux » disait‐il et chacun exprimait son avis en votant. Le Che, lui, ne votait jamais la mort car, disait‐il, il ne pouvait pas être juge et parti. Cette voix de moins, celle du Che, a sauvé de nombreux prisonniers…

Vous parlez, naturellement de la photo de Korda « une belle photo », dites‐vous. Savez‐vous seulement dans quelles circonstances a été prise cette photo ? Elle a été prise le jour des obsèques des victimes de l’explosion dans le port de La Havane du bateau « Le Coubre » qui fit plus de cent morts et des centaines de blessés. Et qui fut le premier à porter secours aux victimes lorsque retentit l’explosion (la première, qui sera suivie de deux autres) ? Che Guevara… Les témoins de cet attentat sont encore nombreux à se souvenir de cela. Est‐ce leur témoignage que vous avez lu sur les sites internet que vous avez visités ? Est‐ce le témoignage de ceux qui ont combattu à ses côtés ? Je veux dire de ceux qui ont vraiment combattu, pas de ceux qui se sont donné des airs, à un moment donné, et dont les véritables intérêts étaient à l’opposé de la cause défendue par le Che… J’ai rencontré récemment à La Havane des compagnons du Che qui ont combattu à ses côtés au Congo ou en Bolivie.

Aucun d’entre eux ne parlait de « sa cruauté » mais tous se souvenaient avec émotion de son humanité, de sa gentillesse, de son écoute des autres. J’ai bien connu aussi le docteur Freddy Ilunga qui fut, à l’âge de 16 ans, son traducteur de swahili au Congo et croyez‐moi, lui non plus ne parlait pas de « sa cruauté ». Jusqu’à sa mort il nous a parlé du Che avec un infini respect, une infinie reconnaissance, il nous disait qu’il lui avait appris la vie, à consacrer sa vie aux autres. Jusqu’à sa mort, il n’a eu de cesse de célébrer la mémoire du Che et le dernier texte qu’il a écrit « Nos héros ne sont pas des modèles idéalisés », quelques jours seulement avant sa mort, à l’occasion du 38° anniversaire de l’assassinat du Che en Bolivie témoigne encore de ces sentiments. Vous pourrez, si le coeur vous en dit, le consulter sur notre site http://www.editoweb.eu/vive_cuba/

Mais je ne crois pas que ces témoignages‐là vous intéressent. Vous voulez seulement attirer l’attention sur vous. Car vous savez que 2009 verra la commémoration du 50° anniversaire du triomphe de la Révolution cubaine et qu’à cette occasion, on parlera beaucoup du Che. Vous pensez prendre le contre‐pied de la pensée dominante en crachant sur le Che mais là, vous vous trompez car on dit beaucoup plus, dans nos pays « développés », de mal que de bien du Che. Ceux qui disent du bien du Che, ce sont les pauvres de la terre, les exploités, les opprimés, ceux qui lui doivent tant parce qu’il a été le premier à défendre leurs droits, à leur rendre leur dignité, à se battre pour eux et non pas pour lui‐même.

Chez nous par contre, les patrons, de presse et les autres, les riches, les dominants, les capitalistes, tous ceux qui tiennent le haut du pavé, disent du mal du Che. Vous hurlez donc avec les loups et vous vous croyez original…


Commentaires (4)
1. Oulianov93 le 10/12/2008 11:49
Je n'ai jamais vu que la droite et la bourgeoisie pour cracher sur le Che quand elles ne faisaient pas de son image celle d'un aventurier, n'oublions jamais qui fût réellement ce camarade : un révolutionnaire communiste qui s'est battu pour ses idéaux jusqu'à la fin de sa vie.

Hasta la victoria Siempre !

Fraternellement,

Oulianov93
2. max le 10/12/2008 17:26
« Nous avons fusillé, nous fusillons et nous continuerons à fusiller tant que cela sera nécessaire. Notre lutte est une lutte à mort » La havane 1964....

on sent tout de suite qu'on a vraiment affaire à un véritable humaniste.
3. LUC le 27/12/2008 16:11
Trouble des repères... à l'heure de la promo du film sur Mesrine, on lit en 4e de couverture de la réédition de son bouquin que ce dernier représente "un héros pour la jeunesse"... sur un blog, un djeun écrit qu'il aurait aimé être son pote... on te vend Mesrine en Robin des Bois, et le Che en boucher... Merci Machover, dont les retombées sur internet ont tant inspiré "La Souche" en manque de grandes causes à défendre...

Voici une chanson sur Souchon qui fait une chanson sur le Che :

http://pagesperso-orange.fr/luckys-trique/sushi.htm
4. Lilou le 02/01/2009 22:28
Comment peut-on encore tiré sur un type qui est mort il y à près de 42 ans ? Mais il est vrai qu'il est plus facile de taper sur le Che que sur ses bourreaux.
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