Mais oui! Comme si la pollution se suffisait pas.
Les orages du 10 septembre ont provoqué, en plus, une inondation soudaine. A l'arrière plan de la photo d'extérieur, on aperçoit l'eau qui jaillit des bouches d'égout.
Sans commentaires.

Les deux photos qui illustrent cette inondation se trouvent dans la galerie.

La Guinguette du Ranquet
Rédigé par La Guinguette du Ranquet le 13/09/2005 à 22:01

Vendredi 26 août 2005, 19H30.

Tout le monde en a marre au Ranquet. On sait depuis longtemps que la pollution de l'Étang empoisonne la vie des Ranquetois: les algues, qui viennent régulièrement se décomposer sur les rives, diffusent une odeur épouvantable et tenace.
Le dossier est dans le collimateur de l'Union Européenne.
En attendant, pendant les mois d'été, l'air empeste. Ça pue d'un côté par vent d'est. Ça pue de l'autre quand le vent tourne. Mais ça pue toujours quelque part.

Aujourd'hui, c'est le ras-le-bol général.

Dans la matinée, une équipe d'employés des services de nettoyage armés de pelles est venue pour ramasser les algues qui s'étaient entassées là depuis plusieurs jours. A midi, c'est la pause. Les jeunes ont formé un gros tas avec les algues. Il faut maintenant le charger sur le plateau de la camionnette des services de nettoyage.

L'après-midi s'écoule. Rien, personne.
Le tas reste là. Il trône sur la plage.

Depuis la salle du restaurant, les clients peuvent le contempler en prenant l'apéritif.
Demain, c'est samedi. Il y aura plus d'activité au café. Des clients ont réservé pour fêter un anniversaire. D'autres simplement pour dîner. Si des touristes arrivaient jusque là pour visiter les abords de l'Étang, est-ce qu'ils resteraient? Non. Ils fuiraient l'odeur.

Les riverains ont le sentiment que tout le
monde s'en fout. Ils se sentent abandonnés,
laissés pour compte.

Le débroussaillage: une fois par an avant les feux. Les espaces verts: lesquels? La balayeuse: seulement à la veille des manifestations festives – et depuis toujours.
La municipalité, qui dispose de 50 emplois jeunes détachés par le SAN pour l'amélioration des espaces verts, ne semble pas offrir assez de moyens pour nettoyer correctement les rives. Est-ce au SAn ou à la Ville d'Istres de fournir l'équipement pour ces tâches?

Il faudrait une pelle
mécanique et un camion benne.

Gu, le patron du café, s'inquiète. La plage n'a pas le statut de plage municipale. Elle est classée "plage naturelle". Qu'est-ce que cela signifie? Les services municipaux ont-ils les mêmes obligations envers cette plage "non municipale?". Et que ferait-elle si le feu assaillait les collines à la limite du territoire municipal?

Il y a bien une association de quartier. "Elle sert de relais avec les services municipaux, elle vidange gratuitement les fosses sceptiques. Pour ce qui concerne les algues en putréfaction: rien."

Est-ce que l'installation du tout-à-l'égout fera cesser l'entassement des algues sur les rives? C'est peu probable. D'autres quartiers et d'autres villes déversent encore leurs eaux usées dans l'Étang. Certains riverains racontent qu'il faudrait laisser trente ans s'écouler sans pollution pour que les algues se fixent à nouveau sur le fond. Si ce n'est pas assuré, cela donne au moins la mesure du désespoir des habitants du quartier. "Nous, on finit ici dans ces odeurs pestilentielles. Nos enfants, eux, verront peut-être le Ranquet réhabilité". Les Ranquetois auraient été encouragés, voilà déjà longtemps, à acheter leur lot de terre et à devenir propriétaires de leur cabanon...

Alors voilà. Demain, à 7H30, une pelleteuse
et un camion benne viendront terminer le travail des
employés des services de nettoyage.

L'entreprise facturera la Guinguette du Ranquet: une heure au moins de travail. La plage sera propre pendant au moins huit jours. Pour bien faire, il faudrait que la pelleteuse ramasse les algues tous les 10 jours.

Un particulier ou un commerçant peuvent-ils disposer d'un tel budget? Un groupement de propriétaires le pourrait peut-être.

Quand bien même, pourquoi les habitants devraient-ils se substituer au service public? Le fait que les pouvoirs publics fixent unilatéralement le montant des impôts et l'encaissent sans sourciller les engage à entreprendre les actions nécessaires.

Tout ça, c'est une simple histoire de pelleteuse et de priorités dans un budget collectif. Quand on sait qu'Istres se verrait bien parmi les villes les mieux fleuries, ça fait mal. fait mal.


La Guinguette
Rédigé par La Guinguette le 06/09/2005 à 18:33

Documents


le 04/09/2005 à 01:21

Un dossier etangdeberre.org


>sommaire >pourquoi l'étang est-il malade

L’état de santé de
l’étang de Berre

Le choc des eaux douces



L’étang de Berre est un lieu où l’eau de mer (dont la salinité est de 37g/l) rencontre l’eau douce, principalement celle apportée par la centrale hydraulique EDF de Saint-Chamas (85 à 95 % de l’ensemble de ces apports) ainsi que l’eau des principales rivières que sont l’Arc, la Cadière et la Touloubre
Les effets de la mise en service de la centrale EDF en 1966 furent immédiats puisque la salinité a chuté de 32 g/l à 10-15 g/l quelques mois après le démarrage de la centrale.
Les apports en eau douce d’EDF se caractérisent par une grande variabilité saisonnière et interannuelle. Nuls en période de sécheresse, ils peuvent atteindre des volumes considérables, comme en 1977 où 6,6 milliards de m3, soit plus de 6 fois le volume total de l’étang, ont été déversés.
A la fin du printemps, lorsque l’activité de la centrale ralentit, les apports en eau douce diminuent et la salinité de l’eau remonte. Celle-ci est à son maximum en été.
Ces variations de salinité ont des conséquences immédiates sur les animaux et les végétaux, générant la disparition de très nombreuses espèces.
A cela s’ajoute le fait que les eaux de la Durance (celles de la centrale) se répandent plutôt à la surface de l’étang. Aussi constate-t-on une différence importante de salinité entre les eaux de surface et les eaux profondes provenant de la mer, via le canal de Caronte. Les eaux ne se mélangeant pas, il se produit des phénomènes d’anoxie dans les eaux profondes, c’est-à-dire un manque d’oxygène.

Depuis 1995, à la suite du plan Barnier, l’étang de Berre reçoit de la centrale EDF jusqu’à 2,1 milliards de m3 par an d’eau douce, soit plus de 2 fois son volume total

Trop de sels nutritifs
Autre source de pollution : les rejets de sels nutritifs (nitrate, nitrite, ammonium et ortho-phosphate) qui sont d’origine domestique (via les stations d’épuration, qui ne traitent pas entièrement les eaux usées et via les cours d’eau), industrielle et agricole (épandage d’engrais en excès). Ils sont apportés directement dans le milieu par les effluents ou par les cours d’eau.
Les quantités rejetées sont telles qu’elles entraînent un phénomène d’eutrophisation, c’est-à-dire une eau trop riche en éléments nutritifs qui conduit à une prolifération excessive de végétaux. Les nuisances sont importantes : accumulation sur le littoral de macroalgues (ulves et entéromorphes) au printemps et en été, mauvaises odeurs liées au pourrissement de ces algues, manque de clarté, coloration des eaux, présence de mousses à la surface de l’eau à la suite de poussées phytoplanctoniques.
Etang plus confiné, l’étang de Bolmon est encore plus déséquilibré. L’eau y est moins renouvelée et l’essentiel des apports en eau douce provient de la Cadière, rivière très polluée par les rejets urbains. L’eau y est en permanence verte ou marron, les herbiers aquatiques ne peuvent plus se développer. L’étang de Bolmon est interdit à la baignade et à la pêche car les risques de toxicité sont permanents.

Sur les 9 stations d’épuration des communes riveraines dont les rejets ont un effet direct sur les étangs de Berre et du Bolmon, 4 stations ne respectent actuellement pas les normes en vigueur : Vitrolles, Miramas-Saint-Chamas, la Romaniquette à Istres, la Mède à Châteauneuf-les-Martigues.
62 % des stations d’épuration du bassin versant naturel ne sont pas aux normes.

Un déficit d’oxygène chronique
Pour 40 % de la superficie de l’étang, l’absence d’oxygène est quasi-permanente dans les eaux proches du fond, ce qui ne permet pas le développement normal d’espèces vivantes. Les sédiments du centre de l’étang composés d’une vase noire et nauséabonde n’abritent plus aucune vie. La partie périphérique de l’étang connaît quant à elle des périodes d’oxygénation correcte du fond et des périodes ponctuelles d’anoxie.

Des accumulations de limons
Les eaux duranciennes déversées dans l’étang par la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas sont fortement chargées en limons. Le plan Barnier entré en vigueur en 1993 a permis une réduction de ces apports à 200 000 tonnes par an. En 1999, les seuils ont été abaissés à 100 000 t/an en moyenne.
Mais, outre une accélération de l’envasement, ces apports ont un impact négatif sur le milieu en augmentant la turbidité de l’eau. La pénétration de la lumière est diminuée, ce qui limite la croissance des plantes aquatiques. Déposés en grande quantité sur le fond, les limons engendrent également de fortes contraintes pour la faune.

La fragilité de la qualité sanitaire des eaux
La baignade est une activité qui impose des normes de qualité très contraignantes et régulièrement renforcées.
Les sources de pollution bactériologiques sont les rejets des stations d’épuration, les dysfonctionnements des systèmes d’assainissement ou de fortes pluies survenant dans le bassin versant.
D’après les contrôles réglementaires assurés chaque été, en période d’ouverture de l’étang à la baignade, on assiste à une dégradation lente de la qualité des eaux, conduisant à la fermeture progressive des sites, en particulier dans les parties ouest et nord de l’étang. Une amélioration pourra se dessiner au fur et à mesure de la mise aux normes des stations d’épuration du pourtour de l’étang et du bassin versant.

Des polluants piégés dans les sédiments
D’une manière générale, les concentrations en micro-polluants (plomb, cadmium, chrome, cuivre, mercure, hydrocarbures) mesurées dans les sédiments sont élevées, conséquence du développement industriel et urbain de la région au cours des décennies passées. Il faut bien comprendre qu’il ne s‘agit pas ici d’une pollution de l’eau mais bien des sédiments fixés et enterrés au fond de l’étang, le risque existe toutefois encore en cas de brassage et de relargage. L’étang de Bolmon subit aussi fortement cette pollution chimique.

Et le vivant ?
En 40 ans, les vastes peuplements d’algues et de phanérogames (plantes aquatiques à fleurs), témoins d’un milieu en équilibre, ont laissé la place à des peuplements exubérants d’espèces opportunistes (ulves, entéromorphes), caractéristiques d’un milieu perturbé.
Quant à la macrofaune benthique, c’est-à-dire les petits animaux sédentaires vivant sur et dans les sédiments, si elle a résisté à la pollution par les hydrocarbures, elle n’a pu supporter le brutal changement de salinité intervenu en 1966. Actuellement, les espèces sont peu nombreuses mais très résistantes aux conditions du milieu. Dans la partie centrale de l’étang, il n’y a, par contre, plus aucune espèce macrobenthique vivante en dessous de 5 mètres de profondeur à cause des conditions d’anoxie.
Avant l’industrialisation des rives, la faune et la flore étaient à la fois abondantes et diverses, indice d’un milieu stable. Sardines, rougets, mulets côtoyaient les soles, daurades, saupes ou anguilles, loups et athérines. Jusqu’au milieu des années 50, la sardine, aujourd’hui disparue, était abondamment péchée. Mais l’ouverture de la centrale EDF a eu pour conséquence une diminution très importante du nombre d’espèces présentes dans l’étang. Aujourd’hui, seuls sont présents les muges, anguilles, loups et daurades.

Une salinité qui fluctue de 25g/l à 10 g/l en fonction de l’activité de turbinage d’EDF, des poussées d’ulves ou de phytoplanctons dues à d’importants apports en sels nutritifs, un manque d’oxygène chronique dans les eaux profondes du centre de l’étang, des accumulations de limons des eaux de la Durance, une pollution chimique des sédiments forte voire extrême en ce qui concerne certains métaux lourds, voilà ce qui explique pourquoi l’étang de Berre est malade…


du Ranquet Guinguette
Rédigé par du Ranquet Guinguette le 04/09/2005 à 00:58

Documents

03/09/2005

Source Web
Rédigé par Source Web le 03/09/2005 à 23:51

Documents

Jeudi soir, 21H au Ranquet. La nuit tombe sur le parking et sur la plage. Nous sommes venus en famille "faire un tour", histoire de se détendre et de tuer le temps. Une jeune fille assise sur un banc regarde le jour finir. Des jeunes caracolent à vélo, se montrent les uns aux autres les tours acrobatiques qu'ils viennent juste d'apprendre. La tranquillité règne sur le quartier: une soirée d'été sur la place d'un village.

Tout irait parfaitement bien si cette odeur d'algues en décomposition ne planait pas dans l'air. Fichue odeur: dans le collimateur de la ville, du département, du pays - et même de l'Europe. On finira bien par avoir sa peau! Et le plus tôt sera le mieux.

En attendant, les joyeux pilotes des deux roues s'éclatent. Ils nous prennent à partie et nous racontent les vacances. On finit par rire tous ensemble. Des téléphones mobiles surgissent de nulle part et quelques éclairs de flash immortalisent ces instants de joie.

Au bar, sur la terrasse, des gens bavardent, sirotent une bière ou un apéritif. Un gros chien noir, de ceux qui sont sensés faire peur, ne daigne pas nous accorder un regard. Il nous ignore souverainement. Les clients nous saluent. Inutile d'échanger nos prénoms: on se serre la main comme si on s'était quittés la semaine dernière. La musique semble donner le rythme à une boule de verre qui tourne sur elle-même, projetant des éclats de lumière rouge sur la piste de danse.

Sur la plage, de petits groupes papotent. On remonte vers le bar pour manger un morceau. Une andouillette maison fera l'affaire. Dommage: pas de poisson à la carte.

Le chien nous a rejoint. Il ne nous quittera plus de la soirée.

Article paru dans le quotidien La Provence.

S.D. Source La Provence
Rédigé par S.D. Source La Provence le 25/08/2005 à 23:48