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Marxisme-Léninisme, socialisme, communisme

"Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire" (Lénine - Que Faire ? 1902)

Pourquoi le socialisme comme cadre, l'autogestion (où la recherche de la démocratie dans toutes les sphères sociales et économiques) et le développement de la production coopérative collective (du type Kolkhoze) sont clairement des réponses aux enjeux du 21ème siècle ?

Troisième thèse sur le socialisme-communisme.


Le socialisme, l'autogestion et l'Etat
"Nous ne partageons pas du tout cette philosophie là, ça c'est l'époque soviétique, le kolkhoze". La phrase de Fabien Roussel, Secrétaire national du PCF et probable futur candidat de ce parti a déclenché une double polémique.

Une première avec la France insoumise, qui a vivement réagit en rappelant "l'héritage soviétique, voir stalinien" du PCF. C'est de bonne guerre, surtout venant d'une députée au parcours trotskiste, Danielle Obono.

Une seconde au sein du Parti communiste, avec une levée de bouclier contre l'autophobie et l'acceptation des discours anticommunistes par le Secrétaire national du PCF et par une guerre de tranchée pour justifier que le programme du PCF est totalement différent de celui de la France Insoumise (Lettre du RAPSE - ici sur le site des communistes de Pierre-Bénite). Mais une contre-analyse de camarades Niçois démontre que les "faux jumeaux" sont de véritables jumeaux (A lire sur le blog Omnia Sunt Communia) et remet en question la rigueur scientifique du travail politique effectué par la Commission économique du PCF.

Qui croire ? Qui est le moins soviétique ? qui est le moins étatique ? qui est la moins kolkhozienne ? La garantie d'emploi de la FI où la Sécurité Emploi Formation du PCF ?

Enfin on va pouvoir parler de choses sérieuses : Le socialisme, l'autogestion et l'Etat.

Le socialisme, l'autogestion et l'Etat
I- Le socialisme n'est pas l'étatisme

Une fois la polémique terminée, les petites phrases assassines rangées, on peut entrer dans le vif du sujet : Quel projet communiste pour la France du 21ème siècle ? Et bien il n'y en a pas 36, c'est le SOCIALISME.

1- Ce que le socialisme est

Le socialisme, comme étape (ou phase inférieure) vers le communisme, est le seul projet qui permette de se distinguer du réformisme, et donc de retrouver une véritable raison d'être au Parti communiste français. Sans revenir en détail sur la nécessité du socialisme (Une note plus complète est disponible ICI), il faut réaffirmer le projet communiste dans le socialisme.

Le Socialisme permet de ne pas réduire l'action politique à la seule action sur les leviers économiques, il permet de déjouer les pièges de l'économisme et de l'idéalisation du capitalisme monopoliste d'état.

Le Socialisme permet de poser la question démocratique, dans la production jusque dans les hautes sphères de l'Etat. C'est pourquoi dans un second temps, je développerai la question de l'autogestion.

Le socialisme permet d'engager la transformation de la société, le passage du capitalisme au communisme.

2- La marche démocratique vers le socialisme

On doit au Parti communiste italien et à Palmiro Toglitati l'idée de "Polycentrisme" et de "voies nationales vers le socialisme" (a ne pas confondre avec les modèles socialistes aux caractéristiques des pays qui l'applique).

Le polycentrisme montre qu'il n'y a pas de voie linéaire unique pour atteindre l'objectif du socialisme et que le modèle soviétique ne pouvait pas être la seule méthode pour vaincre l'impérialisme. La voie nationale vers le socialisme s'inscrit avec et dans certaines expériences issues de la démocratie libérale, sous peine d'épuisement du projet révolutionnaire.

Pour les communistes italiens la réalisation des revendications économiques et la jouissance des libertés constitutionnelles doit affecter les rapports de production capitaliste pour permettre le démantèlement des structures les plus arriérées de l'économie italienne et la réduction et l'élimination des structures monopolistiques les plus étouffantes et les plus parasites du système capitaliste.

Le Parti communiste français adopte ces thèses à partir de son 22ème congrès (4 au 8 février 1976), le PCF, dans sa résolution affirme qu'il existe une "voie démocratique au socialisme" qui rejette la "dictature du prolétariat" (abandon théorique que l'on ne retrouve pas dans le modèle italien promu par Togliatti).

Le PCF affirme lors du 22ème congrès, une voie autonome au socialisme qui s'inscrit depuis les années 1960 dans une modernisation engagée par Waldeck Rochet, explorant les possibilités d’un changement démocratique et majoritaire (Manifeste de Champigny, Défi démocratique). Cette recherche aboutit en 1972 à la signature du programme commun de gouvernement par le PCF, le PS et le MRG et au soutien à la candidature de Mitterrand en 1974.

Cette "voie nationale au socialisme" se retrouve aujourd'hui dans les corpus théoriques de la majorité des Partis communistes (sauf quelques exceptions, comme au PCF où le socialisme n'existe plus) et est une norme partagée par tous les Partis communistes et ouvriers dans les pays socialistes. On va donc valider ce postulat et accepter d'être "gravement coupable d'avoir mis dans la tête des jeunes communistes d’aujourd’hui cette idée historiquement indéfendable" (Lucien Sève -2010).

3- L'abandon du socialisme et l'affaiblissement idéologique du PCF

Après l'échec du gouvernement commun, le PCF va abandonner progressivement cette référence au socialisme démocratique. En décembre 1987, lors du 26ème congrès du PCF, elle est absente des textes & résolutions adoptées.

Après 1994, le socialisme, tel que présenté depuis le 22ème congrès du PCF, est absent du débat politique et c'est la première fois qu'un Secrétaire général (Robert Hue) assume pleinement son abandon. La suite sera celle de l'affaiblissement idéologique du PCF (Mutation), de l'acceptation du marché comme mode de développement (allant même jusqu'à reconnaître l'utilité des Partenariat-public-privé et des privatisations).

Aujourd'hui le PCF n'a plus de ligne politique, il se contente d'une "visée communiste" comme projet et vit dans l'illusion du "communisme déjà là" prêt à éclore puisque ce dernier "arriverait à maturité".

Conséquence : La bureaucratie interne liquide le PCF, le maintient dans un opportunisme électoraliste inimaginable et surtout, pour se démarquer de ses rivaux cherche des polémiques avec la France insoumise et à se démarquer de l'héritage du premier état socialiste et ouvrier du monde, l'URSS.

Le socialisme, l'autogestion et l'Etat
II - L'autogestion

Le mot d'ordre d'autogestion n'a jamais été une revendication explicite du PCF. A partir du 22ème congrès du PCF, il entre dans la réflexion politique et s'inscrit dans une époque où des mots d'ordre autogestionnaires éclosent dans les luttes ouvrières des années 70.

1- L'autogestion une idée neuve s'inscrivant dans le socialisme démocratique

Georges Marchais dans Le Défi démocratique (1973) écrivait que " Si l’autogestion veut dire démocratie dans l’entreprise, dans les communes, dans la société, alors nous ne sommes pas contre. Mais si cela signifie prétendre apporter des changements dans la gestion des entreprises, sans les modifications structurelles nécessaires, sans poser le problème de la propriété, alors l’autogestion n’a pas de sens."

Cette idée d'autogestion, s'inscrit logiquement dans les thèses du 22ème congrès même si il ne lance pas le mot d’autogestion. C’est le congrès de l’abandon de la dictature du prolétariat, et de la définition d’une "voie démocratique au socialisme", voie française à "un socialisme aux couleurs de la France". Jean Fabre, François Hincker et Lucien Sève dans Les communistes et l’état (Editions sociales, 1977) évoquent "une conception non étatiste de l’Etat", un socialisme autogestionnaire.

Dans les réflexions du PCF, l’autogestion ne s'oppose pas à la propriété collective des grands moyens de production et d’échange, elle apparaissent comme complémentaires. Georges Marchais se réfère explicitement à l’autogestion dans L’espoir au présent (Editions sociales, 1980).

2- L'autogestion selon le Parti communiste

Développons l'idée autogestionnaire du PCF. Elle se base à partir de l'expérience de la Yougoslavie socialiste. Félix Damette, dans son article "socialisme et autogestion : réflexion à partir de l'expérience yougoslave" (dans la revue Economie et politique) démontre que l'autogestion yougoslave ne s'oppose pas à l'Etat socialiste. "L'autogestion ne s'oppose aucunement au centralisme, bien au contraire, elle implique un Etat central important et puissant" écrit-il, développant que opposer ces deux concepts est une "absurdité de première grandeur". Enfin pour lui, le socialisme yougoslave permet de "garantir le rôle dirigeant de la classe ouvrière" et que le "rôle unificateur du Parti de la classe ouvrière" (la Ligue des communistes de Yougoslavie) permet de dépasser la technocratie managériale.

Il démontre que, dans les conditions de la France, la planification démocratique ne s'oppose pas à l'autogestion et qu'en réalité elles s'articulent pour former une "planification autogérée". Cette articulation n'est possible que dans un cadre socialiste.

A partir de ce constat, le PCF formule sa vision de la "démocratie politique et de la démocratie économique", pour les communistes, les deux sont indissociables.

Francette Lazard dans L'Humanité 17 août 1977 développe qu'après le socialisme viendrait le communisme "une société d’individus libres et égaux, disposant de moyens de produire, capables de répondre à tous les besoins, s'autoadministrant eux mêmes, gérant les affaires communes par consentement mutuel et sans contrainte étatique."

Pour ce faire, Francette Lazard préconise "l'autogestion nationale" et le développement des "droits et pouvoir des travailleurs, en leurs donnant les moyens d'intervenir efficacement dans les entreprises". Un des exemples cité étant l'organisation d'élections libres pour désigner les PDG dans les entreprises nationales.

Anicet Le Pors dans l'Humanité du 3 novembre 1977 oppose l'autogestion nationale préconisée par le PCF au capitalisme d'Etat. Un anti-étatisme assumé qui, dans le cadre du socialisme, prépare la mise à bat du "Capitalisme monopoliste d'état".

Le PCF développe des propositions :

1- L'expropriation de tous les grands propriétaires privés des moyens de production.
2- L'instauration de la "démocratie industrielle".
3- L'instauration d'un planification dans tous les secteurs productifs, nationaux, entreprises etc; Une planification faite par une contractualisation et garantissant une "autonomie de gestion".
4- La mise en place de fonds régionaux.
5- La décentralisation de tous les processus d'élaboration, de décision et de contrôle.
6- L'aménagement "en tout lieu et à chaque niveau de l'intervention des travailleurs manuels et intellectuels".

Les communistes ne comptent pas sur l'Etat mais sur le "mouvement des masses unies" pour faire de "l'autogestion nationale" une "forme supérieure de maîtrise collective de toute la vie sociale", conduisant ainsi au dépérissement de l'Etat.

Georges Marchais explique que "pour que le changement soit réel, il s'agit d'avancer de front dans tous les domaines vers une société toujours plus démocratique, décentralisée, autogestionnaire, une société faite pour les travailleurs et par les travailleurs eux-mêmes" (9 novembre 1977)

Fatih Mehmet Maçoglu travaillant aux champs
Fatih Mehmet Maçoglu travaillant aux champs
III - Et les Kolkhozes ?

L'étude des Partis communistes et ouvriers dans le monde est loin d'être inintéressant, ou folklorique. Il y a de nombreuses leçons à tirer et de nombreux exemples à souligner. Et pour avancer dans l'argumentation, il faut cerner quelques cas non issues des pays socialistes.

1- Ce qu'est un Kolkhoze et sa réalité en 2021

En 2021, en Russie, les Kolkhozes sont des îlots de société socialiste dans le territoire.

Le "Sovkhoze Lénine" et le "Kolkhoze Zarya" en Russie représentent le modèle agricole et d'organisation rural moderne. Cette modernité s'incarne par une production dont le but est hautement politique : nourrir, partager et redistribuer. Il s'oppose au modèle néolibéral, capitaliste et productiviste existant.

Un kolkhoze c'est quoi ? Une grande exploitation agricole tournée vers la satisfaction des besoins réels et locaux en fruits, légumes, viandes ... Qui met en commun sa force de travail, ses outils de production, ses bénéfices pour les redistribuer au profit des populations locales à travers le développement de programmes sociaux, éducatifs, culturels, sportifs ... Un kolkhoze ne laisse personne au bord de la route et comme l'explique Fatih Mehmet Maçoglu (maire communiste de dersim en Turquie), le "socialisme c'est préserver le vivant".

Une exploitation agricole capitaliste c'est quoi ? Une grande exploitation, travaillée par des ouvrières-ouvrières agricoles sous payés, des fermiers et des métayers, dont le but est de produire des profits. Ce modèle est celui de l'agriculture française, malgré quelques variantes existantes et la survivance d'une petite agriculture paysanne.

2- Pourquoi des coopératives du type Kolkhoze serait un atout en 2021 ?

Avec le développement de coopératives collectives de type Kolkhoze, le monde rural pourrait connaitre un renouveau avec des productions socialisées tournées vers la satisfaction des besoins et non vers la spéculation sur le marché agroalimentaire.

Cela permettrait de fixer sur place des populations dont le niveau de vie serait plus que largement renforcé et dont l'avenir ne se résumerait pas à l'exode rural vers les grandes métropoles et/ou le suicide. La gestion de ces kolkhozes serait aussi différentes, fini les actionnaires, les distributeurs, les agents et le marché de Chicago, place à la démocratie réelle des producteurs et productrices. Ce système socialiste ne pourrait se faire sans la participation de toutes et tous dans l'organisation de la production.

L'enjeu politique est donc de développer des modèles de production socialisé, démocratique et collectif, de créer autour de ces derniers, non pas une exploitation agricole "classique" ou "paysanne", mais bien une société socialiste réelle. Pour connecter ces îlots de socialisme, afin de rester dans une démarche scientifique et matérialiste, il convient de créer des systèmes de distributions collectivisés, indépendants des banques et de l'industrie agro-alimentaire.

C'est l’exemple d'Ovacik Dogal qu'il faut alors retenir, cette épicerie communiste qui distribue la production socialisée dans la région de Dersim par son maire, Fatih Mehmet Maçoglu (TKP). A côté de cela, le développement d'une économie socialisée, répondant à des buts politiques définis et clairement affichés peuvent apporter une réponse à l'objectif rechercher : la révolution et la destruction du capitalisme.

Ces îlots de socialisme doivent être la fenêtre de notre modèle de société. Je ne parle pas de "communisme déjà là" puisqu'il ne s'agit pas de sociétés communistes en tant que telles, mais bien des sociétés de transition du capitalisme au communisme.

Conclusion

Sans inscription dans un cadre socialiste, la Garantie d'emploi de la France Insoumise, où la Sécurité Emploi Formation du PCF seront deux propositions réformistes, d'essence keynésienne, qui s'inscrivent dans un mauvais remake du Capitalisme Monopoliste d'Etat 2.0.

Le socialisme comme cadre, l'autogestion (où la recherche de la démocratie dans toutes les sphères sociales et économiques) et le développement de la production coopérative collective (du type Kolkhoze) sont clairement des réponses aux enjeux du 21ème siècle.

Aujourd'hui, le PCF & la France insoumise sont désarmées face au modèle néolibéral, capitaliste et productiviste existant.

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