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Nicolas Maury Militant PCF Istres






 



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Histoire du mouvement social et communiste

Jeudi 14 Décembre 2006

Le 11 septembre 1973 eut lieu au Chili un coup d'État dirigé par l'armée et la police pour renverser le président socialiste Salvador Allende, mettant un terme à la démocratie et débouchant sur l'instauration de la dictature d'Augusto Pinochet.


Le dictateur Pinochet et Salvador Allende
Le dictateur Pinochet et Salvador Allende
I/ les circonstances

Au début du XXe siècle, le Chili connaît une industrialisation rapide soutenue par la forte croissance économique des États-Unis d'Amérique. Cette dépendance vis-à-vis des États-Unis fait que la crise économique des années 1930 se répercute durement au Chili. De là vient une certaine sensibilité sociale qui s'impose dès 1938 avec l'arrivée du Frente Popular au pouvoir. Le Chili se lance alors dans une série de réformes : rôle accru de l'État dans l'économie, législation et protection sociale.

Lors du scrutin présidentiel de 1958, Jorge Alessandri arrive au pouvoir soutenu par les partis de droite. Dès 1960, il doit affronter une forte agitation sociale et lors des élections de 1964, Salvador Allende (coalition socialo-communiste) s'oppose à Eduardo Frei Montalva (démocrate-chrétien). Celui-ci est soutenu par le centre et la droite (opposés à Allende) ainsi que par les États-Unis qui financent sa campagne électorale fondée sur l'anti-communisme. Frei gagne les élections, engage des réformes : syndicats, éducation, réforme agraire, services sociaux. Mais il doit faire face à l'opposition du Congrès (qui ne le soutient plus), de ses propres partisans (qui doutent de sa réforme agraire) et lutter contre une inflation importante.

A)Le scrutin serré de 1970

Au scrutin de 1970, la gauche et la droite se livrent à un combat de coqs. Le communiste Pablo Neruda retire sa candidature et forme avec les autres partis de gauche l'Unité Populaire. Cette nouvelle alliance des gauches présente le socialiste Salvador Allende pour candidat unique et prône d'importantes réformes, « une révolution par voies légales », telles que l'expropriation des grands propriétaires terriens et des nationalisations d'entreprises. Face à Allende, se présentent Rodomiro Tomic pour la démocratie-chrétienne et Alessandri (président en 1958).

Les résultats sont très serrés : 27.95% pour Tomic, 35.76% pour Alessandri et 36.29% pour Allende. Puisqu'il n'y a pas de majorité absolue, et comme le veut la constitution, c'est au Congrès qu'il revient de confirmer l'élu à la présidence. Celui-ci adopte précipitamment plusieurs amendements constitutionnels visant à limiter les pouvoirs du futur gouvernement et confirme Allende en tant que président de la République. Le nouveau président met rapidement en place le programme de l'Unité Populaire.

B)Crise économique

Des difficultés d'approvisionnement, l'inflation galopante (508% en 1973), les difficultés de la politique économique et les grèves ont vite fait de mettre le Chili dans une situation difficile. La forte augmentation de salaires provoqua d'abord une hausse de la consommation mais ensuite une inflation. Les catégories sociales menacées par des nationalisations se révoltent, notamment les grands propriétaires dont les possessions doivent être nationalisées.

C)La résolution parlementaire contre Allende

Le 22 août 1973, les chrétiens démocrates (centre) et les membres du Parti National (droite) de la chambre des députés votent par 81 voix contre 47 une résolution intimant à l'armée de mettre fin immédiatement à ce qu'ils appellent des violations de la Constitution et de restaurer le droit, l'ordre constitutionnel et les bases essentielles de la démocratie.

La résolution déclarait que le gouvernement d'Allende recherchait à "[...]conquérir un pouvoir absolu à la fin évidente de soumettre tous les citoyens à des contrôles politique et économique des plus stricts par l'État [avec] le but d'établir un système totalitaire". La plus grande critique consistait dans l'absorption par l'exécutif des prérogatives législatives et judiciaires.

Plus particulièrement, le régime était accusé de:

* diriger par décret en contournant le système législatif
* ne pas appliquer les décisions judiciaires prononcées contre ses partisans ou contrariant ses objectifs
* diverses pressions économiques et policières envers les medias
* permettre à ses partisans de défiler armés tout en empêchant à ses opposants de se réunir légalement
* réprimer illégalement la grève de El Teniente

La résolution condamne enfin "le développement, sous la protéction du Gouvernement, des groupes armés qui, en plus d’attenter à la sécurité du peuple et ses droits et à la paix de la Nation, sont destinées à se battre contre l’armée." Les efforts d'Allende pour réorganiser l'armée et la police en lesquelles il ne pouvait faire confiance, furent décrits comme "tentative notoire d'utiliser l'armée et la police à des fins partisanes, détruire la hiérarchie institutionnelle et infiltrer politiquement leurs rangs."

D)Les prémices du putsch

Allende nomme Carlos Prats, chef des armées et allié politique, au poste de ministre de l'Intérieur. Lors des législatives de 1973, l'Unité Populaire obtient 44 % des voix. Il semble que la décision d'une intervention militaire soit prise à ce moment-là. Bien qu'il ait sauvé le gouvernement d'un premier putsch en juin 1973 (un régiment de chars s'en était pris au palais présidentiel, la Moneda), Prats doit démissionner suite à de nouvelles grèves dans les professions libérales et chez les camionneurs, ainsi qu'à la grogne du parti du Pouvoir Féminin. Il est remplacé par Augusto Pinochet. Allende prépare, pour le 12 septembre, un discours aux Chiliens devant annoncer un referendum sur une nouvelle organisation économique du pays.

II/ L'implication des États-Unis

Les États-Unis ne sont guère satisfaits de l'expropriation de grandes compagnies américaines du cuivre et de l'entente entre la Havane et Santiago du Chili. Ils décident d'instaurer un blocus vis-à-vis du Chili et coupent tous les crédits sauf ceux de l'armée chilienne. Ils offrent par ailleurs des stages aux officiers chiliens.

A)L'hostilité de l'administration Nixon

L'administration Nixon est fondamentalement hostile au gouvernement socialiste d'Allende dès son élection. Cette hostilité ressort notamment du memorandum transmit à Nixon le 5 novemebre 1970 par Henry Kissinger, alors Conseiller à la sécurité national. D'après Peter Kornbluh, chercheur au National Security Archive, qui a participé à la déclassification des archives de la CIA, "si les Etats-Unis n'ont pas directement participé au complot du 11 setpembre 1973, ils ont tout fait pour préparer le coup d'État contre Allende." Deux documents déclassifiés de la CIA démontrent que dès 1970, le président Nixon souhaitait que Allende soit renversé, en étranglant l'économie et en déclenchant un coup d'État.

Selon une retranscription d'écoutes publiée par le National Security Archive, Henry Kissinger, devenu Secrétaire d'État américain, dit au président Nixon, le 16 septembre 1973, en parlant du coup : "Du temps d'Eisenhower, nous aurions été des héros.", puis : "Nous les avons aidés à créer les conditions au mieux".

B)La stratégie de déstabilisation

La CIA a pour mission de déstabiliser le régime chilien afin "d'alimenter un climat propice au coup d'Etat". William Colby, directeur de la CIA de 1973 à 1976, affirme dans ses mémoires, que sept millions de dollars ont été dépensés par la centrale dans ce but. Le mouvement de la grève des camionneurs qui paralyse le pays en octobre 1972 est soutenu financièrement par la centrale de renseignement américaine. Réagissant aux nationalisations effectuées par le gouvernement d'Allende, plusieurs firmes américaines dont ITT apportent leur concours à cette stratégie.

La sédition au sein de l'armée chilienne a également été favorisée, en coordination avec le mouvement d'extrême-droite Patrie et Liberté. En octobre 1970, le chef d'état-major René Schneider, susceptible de s'opposer à un coup d'État, est assassiné par ces éléments séditieux menés par le général Roberto Viaux, lors d'une tentative d'enlèvement.

Les États-Unis ont directement participé au coup d'État proprement dit du 11 septembre 1973. L'administration Nixon fut enchantée du coup de 1973. Kissinger affirme par ailleurs que les grandes manœuvres américaines, dont il ne faut pas perdre de vue qu'il était le principal coordinateur, étaient terminées à l'époque du coup.

III/ Le coup d'État: Septembre 1973

Le 11 septembre 1973 à 9 h du matin, la Moneda est assiégée par l'armée sous le commandement de Pinochet. On ne laisse qu'un choix à Allende : s'exiler. Mais il refuse, fait évacuer sa famille et le personnel, et se suicide à l'aide d'une arme automatique que Fidel Castro lui avait offert.
La junte militaire se forme alors, dirigée par un conseil de quatre soldats qui mettent à leur tête Pinochet :

* Augusto Pinochet pour l'armée de terre;
* Gustavo Leigh Guzmán pour l'armée de l'air ;
* José Toribio Merino Castro pour la marine ;
* César Mendoza Durán pour la gendarmerie.

À sa prise de pouvoir, Pinochet fait en sorte d'être seul à la tête du conseil et est proclamé Président de la république. Il s'attache aussitôt à consolider son pouvoir.

Le 13 septembre, la junte dissout le congrès et met hors-la-loi les partis membres de l'Unité Populaire. Le stade national est temporairement transformé en une immense prison ; 130 000 personnes sont arrêtées en trois ans dont des milliers dans les premiers mois.
La dictature ultralibérale de l'ami de Margareth Tatcher commence dans un bain de sang.
Jean_Ferrat___Complainte_De_Pablo_Neruda.mp3 Jean Ferrat - Complainte De Pablo Neruda.mp3  (3.82 Mo)


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