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Nicolas Maury Militant PCF Istres






 



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Pour la première fois, ils se présentent unis aux élections législatives. De quoi faire des arabes israéliens la troisième force politique du pays


Il y a quelques semaines encore, son nom était inconnu du grand public israélien. Pourtant, à la veille des élections législatives du 17 mars, Ayman Odeh est en train de se forger une improbable notoriété.

Allure impeccable et manières policées, cet avocat est le leader de la «liste arabe unifiée», alliance inédite des partis représentant les électeurs arabes de l’Etat hébreu. Ce n’est pas le moindre des paradoxes: sa nouvelle célébrité, Ayman Odeh la doit beaucoup à l’ultranationaliste ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman.

Le chef de la diplomatie est à l’origine d’une loi, votée l’an passé, relevant de 2% à 3,25% le seuil d’entrée au Parlement israélien. Ironie du sort, ce projet destiné à barrer la route aux différentes formations arabes les a en fait décidées à faire front commun pour pouvoir se maintenir à la Knesset. Malgré leurs différends idéologiques, voilà donc réunis sous un même étendard le mouvement islamique, les nationalistes du parti Balad, le mouvement arabe pour le renouveau et le Parti communiste Hadash.

Lors d’un récent débat télévisé, le faucon Lieberman alpaguait l’arabe Odeh: «Pourquoi êtes-vous venu dans ce studio et pas dans un studio à Gaza? Pourquoi ne vous présentez-vous pas à une élection à Ramallah plutôt qu’à la Knesset israélienne? On ne veut pas de vous ici.»

Dans une réplique devenue culte, l’intéressé répondit posément en citant... la Bible. «Comme le dit le Livre des Proverbes, “Celui qui creuse un trou pour quelqu’un risque fort de tomber dedans”. Dans ma patrie, beaucoup ont envie que je sois là.»

Les sondages ne disent pas autre chose: tandis que le parti d'Avigdor Lieberman (Israël notre maison) ne devrait récolter que 6 ou 7 sièges, la liste arabe unie pourrait rafler 12 à 14 sièges sur 120 et s’imposer comme la troisième force politique du pays. Si, comme l’évoquent certains analystes, un gouvernement d’union était formé entre le Likoud du Premier ministre sortant Benyamin Netanyahou et le «camp sioniste» mené par le travailliste Isaac Herzog, la liste arabe deviendrait le parti chef de l’opposition à la Knesset. Une première historique pour la minorité arabe.

Les citoyens arabes d’Israël sont les descendants des quelque 160.000 Palestiniens restés sur cette terre lors de la création de l’Etat hébreu en 1948. Comptant aujourd’hui plus d’1,5 million de personnes, ils représentent 20% de la population israélienne.

Désenchantement

Malgré leur importance numérique, les membres de cette communauté s’estiment traités comme des citoyens de seconde classe. Discriminés par l’Etat qui ne leur accorde pas d’emploi dans les administrations et ne protège ni leur héritage culturel ni leurs droits à la propriété. Et regardés de travers par une majorité qui doute toujours de leur loyauté vis-à-vis d’Israël. Certains comme Avigdor Lieberman n’hésitent pas à les qualifier de «cinquième colonne», pointant du doigt l’explosive députée Haneen Zoabi qui prit part en 2010 à la flottille du Mavi Marmara visant à briser le blocus de Gaza.

Pourtant, malgré leur attachement à leurs frères de Palestine, rares sont ceux qui prétendent vouloir devenir les citoyens d’un futur et hypothétique Etat palestinien. Ces derniers mois, un projet de loi soutenu par Netanyahou, visant à renforcer le caractère «juif» de l’Etat d’Israël, a décuplé leur amertume.

A Nazareth, principale ville arabe d’Israël, on trouve facilement les traces de ce désenchantement. «Même si l’on se retrouvait avec 20 députés au parlement, j’ai bien peur rien de meilleur ne nous arrive, soupire Mario Omar, employé d’une boutique de souvenirs à deux pas de la basilique de l’Annonciation. Quoi qu’il se passe, nous continuerons toujours à passer en second.»

Même tonalité chez Rania Sabah, 27 ans: «Allez donc vous promener du côté de Nazareth Illit [le faubourg juif de Nazareth], conseille cette juriste qui se hâte vers son travail. Vous verrez comme tout y est propre est moderne, alors que l’Etat n’investit jamais dans nos quartiers.»
C’est, en creux, l’un des reproches adressé régulièrement par la rue arabe à ses élus: ceux-ci passeraient plus de temps à s’occuper de la cause palestinienne qu’à tenter de résoudre leurs problèmes quotidiens.

Dans aucune coalition gouvernementale

Mais dans les rues pavoisées d’affiches aux couleurs de la «liste unie», le vent du changement est malgré tout perceptible.
«Les partis arabes se sont longtemps enferrés dans les divisions, mais en choisissant de réunir leurs forces, ils auront plus de poids pour faire bouger les choses», veut croire Ayman Abou Hama, un homme d’affaires de Nazareth qui s’en ira voter «avec espoir et enthousiasme».
D’après les sondages, la participation de l’électorat arabe devrait monter à 63% environ contre seulement 56% aux précédentes législatives de 2013.

Quelle que soit l’issue du scrutin et le nombre de sièges obtenus, la liste unie ne fera partie d’aucune coalition gouvernementale.
«Toutes les formations susceptibles de former un gouvernement suivent une ligne politique très sioniste et éloignée de nos principes, explique Ayman Odeh à un groupe de journalistes étrangers. La moitié du budget sera consacrée au soi-disant sujet de la sécurité, des milliards de shekels seront versés aux colonies. Peut-être qu’il y aura une autre guerre qui fera de nombreux morts au sein de notre peuple. Nous ne pouvons endosser cela.»

Il ne faut pas se faire d’illusions: la seule fonction des partis arabes est d’apporter une touche décorative à la démocratie israélienne
Mohammed Kayal

Le danger n’est-il pas de se retrouver une fois de plus cantonné au rôle de simple figurant sur l’échiquier politique? Les futurs élus affirment avoir plus d’une carte dans leur poche.

Une option serait de négocier de l’extérieur leur soutien à une coalition de centre-gauche pour empêcher le retour au pouvoir de Netanyahou. Le tout en échange de concessions sur le budget, les investissements, et de places stratégiques au sein des commissions parlementaires.
«Nous allons maximiser notre influence, lance Aida Tuma, numéro cinq sur la liste, et nous disons aux électeurs juifs qui croient à notre projet démocratique qu’ils sont les bienvenus.»

De fait, le parti Hadash est historiquement arabo-juif. Même si un seul député juif, Dov Khenin, est aujourd’hui éligible sur la liste unie, une autre personnalité (Avraham Burg, ancien président de la Knesset et figure de la gauche israélienne) a rejoint récemment les rangs du Parti communiste.

L’avenir, pourtant, n’est pas assuré. Hormis leur appartenance à la communauté arabe israélienne, les différentes formations ont peu en commun.
Une fois les élections passées, les vieilles rivalités idéologiques et de personnes risquent fort de resurgir, mettant en péril l’alliance tout juste formée. Pour certains acteurs de la scène arabe, liste unie ou pas, les dés sont de toute façon pipés.

«Voilà six décennies que les arabes votent et le résultat, c’est que le parlement adopte toujours plus de lois racistes, s’emporte Mohammed Kayal, membre du mouvement citoyen Abna al Balad (Fils de la terre) qui appelle à un boycott des élections. Il ne faut pas se faire d’illusions: la seule fonction des partis arabes est d’apporter une touche décorative à la démocratie israélienne.»

Marie de Vergès
http://www.slate.fr/story/98917/israel-partis-arabes-elections

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