Certains auraient pu prendre la grosse tête. Pas Marie-Pierre, d'ailleurs elle corrige d'entrée une petite erreur : «Non, je ne suis pas la première du département à siéger au Parlement européen, Philippe Douste-Blazy a été député européen de 1989 à 1993. Mais je suis quand même la première femme, communiste qui plus est, ce n'est pas si mal».

Surtout que contrairement aux apparences, elle n'est pas là par hasard. «J'étais 2e sur la liste Fronde de gauche menée par Jean-Luc Mélenchon en 2014 et l'ambition, à l'époque, était de passer deux députés. J'étais prête. Maintenant, c'est vrai que de se retrouver comme ça, après une séquence électorale où nous étions fractionnés, ça peut paraître curieux.»

Mais le fait est là, Jean-Luc Mélenchon, élu député dimanche, du côté de Marseille, doit céder son mandat européen et c'est Marie-Pierre Vieu qui en hérite, même si ça ne doit pas forcément faire plaisir au leader des insoumis, dont les liens avec le PCF se sont distendus, qui aurait préféré faire «monter» le suivant sur la liste, le jeune Manuel Bompard… Soudain pensive, elle revient aux résultats de dimanche : «Pourtant, la stratégie de l'union, que je défendais, était la bonne, si nous étions partis unis, on pourrait avoir un gouvernement de gauche alternative. L'envie d'une vraie gauche, je l'ai toujours». Et une vraie gauche, elle va la trouver à Strasbourg. «C'est vrai, dans le groupe où je vais siéger, GUE (Gauche unie européenne), il y a des gens de Die Linke, Siriza, de Podemos, issus de la formation de Jérémy Corbin, des écolos des pays du Nord… Je vais rejoindre des gens qui me ressemblent assez !» Et des sujets qui la passionnent ? «Oui, les questions de transport, d'énergie, d'écologie, d'économie sociale et solidaire, c'est mon truc et je pense que les décisions prises sont utiles pour les luttes locales. Et puis, il y a aussi le droit d'alerte, dont je ne vais pas me priver, la lutte pour les droits des femmes. Il y a de quoi faire.

C'est un mandat passionnant, pas un truc de notable. Et c'est enrichissant, je ne parle pas au plan financier, de rencontrer des gens différents.» Volontaire, comme toujours, Marie-Pierre Vieu se dit quand même un peu angoissée. «C'est la première fois que ça m'arrive, je l'avoue. Même si, candidate, je m'étais un peu préparée sur l'institution, je ne maîtrise pas les rouages, mais déjà, des gens comme Claude Onesta ou Francis Wurtz se sont spontanément proposés pour me briefer. ça va être de l'accéléré, la première session se tient du 3 au 6 juillet !»

Toujours élue à Tarbes ?

C'est la question… «Je suis farouchement contre le cumul des mandats mais je pense que je vais rester conseillère municipale d'opposition à Tarbes. C'est important, mon engagement pour ma ville reste total. Après, je vais sans doute rendre ma délégation d'élue à la grande agglo. Tout ça va se décider dans les jours qui viennent. Mais que l'on se rassure, je ne vais pas devenir Mme la députée européenne, je vais rester Marie-Pierre et j'irai toujours aux réunions de parents d'élèves de l'école Henri-IV…»

La dépêche