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Une contribution très riche et très intéressante de Jérémie Giono, PCF Pont-De-Claix (Isère - 38)


Quel positionnement du PCF pour les présidentielles si la division persiste ? Pour moi, ce sera une candidature communiste
La Conférence Nationale approchant, il est temps de prendre une position en tant que militant communiste sur l’option que je vais choisir concernant l’action de notre Parti lors des prochaines présidentielles.

Ce sujet est loin d’être simple, et il n’existe pas de « bon » choix tout tracé, qui s’imposerait de soi. Je tiens donc à réaffirmer le respect que j’ai pour les camarades qui tirerons d’autres conclusions que les miennes.

Ce respect mutuel est plus important que jamais, à l’heure où les réseaux sociaux hystérisent trop souvent les échanges et renforcent les divisions, alors que nous avons plus que jamais besoin de travailler aux convergences et à la construction en commun, qu’il s’agisse du Parti Communiste ou plus largement de la Gauche sociale et politique.

L’essentiel me semble d’essayer de sortir de l’émotionnel instantané et de l’environnement médiatique pour construire une pensée stratégique sur la situation, en analysant aussi froidement que possible tous les aspects de la réalité et des dynamiques à l’œuvre. Alors seulement on peut mesurer quelles sont nos responsabilités dans la période, et essayer de trouver une issue qui ne soit pas un miroir aux alouettes.

Dynamiques sociaux-politiques

En tant que militants, nous avons souvent l’impression de « comprendre le monde », ce qui est en partie vrai, mais qui nous enferme trop souvent dans une routine de dénonciation où l’on perd de vue les mutations qualitatives et quantitatives de notre société.

Quelle est la situation de notre Pays en quelques mots, et quelle sera-t-elle demain ?

Le déclin économique et la désindustrialisation se poursuivent, fruits d’un patronat assisté drogué aux fonds publics qui est incapable de construire une vrai stratégie de développement économique. L’investissement en France est terriblement bas, alors que la rémunération des actionnaires est terriblement haute : notre classe dominante est une classe rentière.

Couplée à la crise mondiale du Capitalisme, ceci porte une implication simple : la situation sociale de la grande majorité de notre Peuple va continuer de se dégrader de plus en plus dans les années qui viennent. En parallèle, le démantèlement de l’État Social passe à la vitesse supérieur, de sorte qu’on a le cocktail suivant : plus de gens tombent et il y a moins de filets de sécurité.

Il faut mesurer que nous sommes en passe d’atteindre un point de rupture, où la structure même de la société est en danger. Le modèle de stabilité sociale du Pays ne va plus seulement s’étioler comme il le fait depuis quinze ans, il est en passe de s’effondrer pour être remplacé par un autre modèle, « à l’anglo-saxonne ».

C’est dans ce contexte que la montée de l’extrême-droite doit être analysée, pas seulement comme un effet de balancier « naturel » semblable à ceux de 1986 ou 2002. La dynamique est réellement de leur côté, car ils servent de catalyseur politique au changement de société, à un certain changement de société. Le FN recrute et structure ses réseaux, ils sont maintenant une vraie force politique qui compte et comptera dans le pays, pour le pire.
Le retour de la Droite aux affaires ne suffira pas à les faire reculer, bien au contraire, et ils sont même en passe de devenir la première opposition parlementaire à un futur gouvernement de Droite. Nous devons en mesurer toutes les implications, au sens réel du terme : la bête est là, ce n’est plus une chimère qu'on agite pour faire peur aux enfants.

La radicalisation des discours de la Droite « traditionnelle » marque pour une part aussi ce changement de fond du paysage politique. La « course à l’échalote » identitaire a un sens au-delà du traditionnel « diviser les opprimés pour mieux régner », elle se veut l’élément fédérateur du changement de société, de la « Révolution conservatrice » qu’ils nous préparent tous et à côté de laquelle toutes les vagues de contre-réformes précédentes nous sembleront bien douces.

Un mot sur la Droite au passage : le spectacle de la guerre des chefs au niveau nationale ne doit pas nous détourner d’une réalité, c’est que sur le terrain ils sont organisés et dans une logique de conquête. Ils aspirent à retrouver leur hégémonie dans la gestion des affaires du pays à tous les niveaux, et ils s’en donnent les moyens, là où la social-démocratie notabilière est en déconfiture. La Droite est le véritable relais de la classe dominante, et ce n’est pas un hasard si à tous les niveaux où ils peuvent ils liquident bourses du travail, planning familiaux et associations progressistes...

Dans ce paysage, la tête de la social-démocratie mets en œuvre son plan de refondation démocrate en ordre dispersée, comme une fuite en avant réfléchie après le quinquennat Hollande. Ils aspirent à gérer les grandes métropoles et délaissent tout le reste du territoire : la base sociale du libéralisme qu’ils portent se trouvent en ville, chez les derniers « qui gagnent » de cette société, parmi les classes moyennes supérieurs.

Cette « Gauche » n’est pas la nôtre, ce n’est pas la Gauche. Si nous laissons ce scénario se jouer nous sommes voués à la marginalisation et avec nous à la marginalisation de toute perspective d’alternative populaire, de rupture avec le système capitaliste, alors que nous sommes à l’un des moments de l’Histoire où il y a précisément le plus besoin d’une perspective politique progressiste.

Que-est-ce que « notre Gauche » ?

Celle du travail évidemment, celle de ceux qui manifestaient il y a quelques mois contre la loi « Travail » et qui se battent au quotidien dans les entreprises pour faire respecter la dignité humaine des salariés. Mais aussi celle de ceux qui font vivre la solidarité à tous les niveaux : ceux qui s’organisent pour accueillir les réfugiés malgré une pression médiatique accablante ; ceux qui s’échinent chaque jour à faire vivre des associations sportives et culturelles, remplissant un rôle inestimable d’éducation populaire dans une société qui part en lambeau ; ceux qui luttent enfin dans tous les espaces de la vie pour défendre leurs semblables contre les injustices…

Cette Gauche-là est bien loin des états-majors, des calculs politiciens et des gue-guerres de leadership. Mais c’est elle « la Gauche », notre Gauche. C’est sur ces gens que nous devons nous appuyer pour reconstruire un débouché politique progressiste, en tissant du lien, en donnant confiance, pour qu’une dynamique majoritaire l’emporte.

Communistes, nous ne sommes pas des « donneurs de leçons » qui restons sur le bord du chemin à dispenser notre « savoir », nous sommes des « agissants », des fédérateurs.

C’est dans ce rôle que nous sommes utiles.

L’une des questions clés est à mon avis celle de la dynamique. Pas celle des sondages, éphémère et illusoire, mais celle du réelle, qui prend corps dans la vie des gens. La dynamique, c’est ce qui donne confiance, c’est la mise en mouvement de plus en plus de monde autour d’un espoir commun.
Pour qu’il y ait dynamique, il doit y avoir rassemblement.

C’est pour cela que notre démarche sur l’année 2016 est une bonne démarche sur la durée : nous pointons les défis de la période, et la nécessité d’un grand rassemblement populaire de toute « notre Gauche ». Alors évidemment nous nous sommes adressés formellement aux états-majors, à ceux dont nous savions qu’on pouvait douter de la sincérité. Mais en faisant ça nous nous sommes surtout adressés à toute la base de « notre Gauche », et nous sommes en phase avec une grande majorité de cette base. Je suis personnellement fier de faire parti du seul Parti à ne pas avoir cautionné ce pitoyable spectacle de « la guerre des égos », le seul Parti qui a commencé par aller demander au Peuple son avis !

Notre démarche ne compte pas seulement pour ces présidentielles, je dirais même aujourd’hui pas principalement : la période politique post-2017 nécessitera la construction d’un nouveau Front Populaire, et les graines que nous avons semées compteront à ce moment-là. Je dis bien Front Populaire et non gauche plurielle : c’est la dynamique de terrain qui sera primordiale, et non les accords de sommet, car seule la dynamique de terrain peut faire bouger réellement les choses.

C’est aussi pour ça qu’il est primordial d’entretenir les liens et de travailler les convergences avec tous les militants de terrain qui font d’autres choix que les nôtres, car demain nous devrons avancer ensemble face à tous les réactionnaires.

Quelque soit le choix des communistes, la candidature de Jean-Luc Mélenchon s’inscrira dans le paysage et attirera de nombreuses personnes de « notre Gauche », comme elle en repousse autant. Mais aussi quelque soit le choix des communistes, cette candidature ne sera rien de plus qu’une baudruche électorale, à l’image de celle d’Olivier Besancenot en 2007 : on ne crée pas un mouvement politique sur des élections, ça n’arrive jamais, la création d’un mouvement politique part toujours d’une dynamique sociale.

Donc c’est notre rôle, quelque soit notre décision collective, de ne pas couper les ponts avec tous ceux qui choisirons de suivre « JLM2017 », car une fois la poussière médiatico-électorale retombée il faudra reconstruire dans le réel, et pour cela nous aurons besoin de toutes les énergies.

Nous devons réellement voir les échéances de 2017 comme un temps dans un mouvement plus général de la société, nous devons réellement voir au-delà, tout à la fois pour mesurer les responsabilités qui sont les nôtres et pour retrouver une certaine sérénité dans notre action.

Présidentielles, les différents choix possibles pour les communistes :


Une fois ce contexte posé, venons-en à la question de notre choix en tant que communistes.
Le Conseil National a posé sur la table les trois options à notre disposition, il n’y en a pas de quatrième à moins d'assister à un retour à la raison généralisée de la part des états-majors de la Gauche anti-austérité.

Essayons de distinguer pour chacune de ces options les avantages et inconvénients, à la fois pour notre Parti et pour notre perspective politique.

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Au vue de ces éléments, si la situation ne se débloque pas d'ici au vote des adhérents, mon choix personnel se portera sur une candidature communiste, de préférence celle de notre camarade André Chassaigne.

Ce pour plusieurs raisons.

La dynamique militante avant tout, car ce choix permettrait le mieux à mon avis de libérer les énergies d'une grande majorité d'adhérents de notre Parti, en leur redonnant une perspective « identitaire » dans le marasme de division à Gauche dans lequel nous serons pour ce scrutin. Et nous avons besoin d'une dynamique chez les communistes pour engager une dynamique de rassemblement par la suite, car la base militante communiste sera déterminante pour réussir la construction d'un rassemblement majoritaire. D'où la nécessité d'aborder les difficultés de manière offensive, en relevant la tête.

La démonstration de la force militante du Parti auprès de « notre Gauche » : la mise en mouvement de notre Parti serait un point d'appui pour redonner confiance à une frange non négligeable des citoyens qui se battent au quotidien autour des valeurs véritables de la Gauche, même s'ils ne votent au final pas pour nous. L'impact de notre présence sur le terrain de manière offensive est bien plus grand que les seules voix que nous récoltons au final, nous l'avons déjà vu en 2012.

La reconstruction de repères politiques clairs ensuite. Là où toutes les candidatures actuelles de la Gauche anti-austérité contribuent à brouiller les cartes, en jouant sur un créneau « attrape-tout » électoraliste à courte-vue, une candidature communiste contribuerait à reconstruire des repères politiques et idéologiques au sein de « notre Gauche », du « Peuple de Gauche ». Autant de points d'appuis qui seront utiles pour la construction du rassemblement par la suite, pour que s'engage véritablement la construction d'un nouveau Front Populaire.

Attention toutefois à éviter plusieurs écueils, dérives possibles d'un tel choix.

Le repli identitaire est le plus dangereux : fuir la réalité du monde, sa complexité et les responsabilités qui sont les nôtres en nous repliant sur des certitudes dogmatiques, dans la posture du donneur de leçon. Nous devons au contraire mener une campagne ouverte, la plus ouverte possible, en affirmant jusqu'au bout notre volonté de rassemblement. Si nous nous isolons, nous manquons notre rôle historique, et nous porterons la responsabilité de l'échec de l'émergence d'une alternative majoritaire autant que les autres courants de transformation sociale.

Si nous faisons ce choix, nous devons mener une campagne sans sectarisme, en tendant en permanence la main aux militants et citoyens engagés sur d'autres options, car encore une fois tout l'enjeu sera qu'on se retrouve par la suite. Nous devons nous adresser largement à toute cette frange de « notre Gauche » qui ne se retrouve ni dans le social-libéralisme ni dans les dérives d'un Jean-Luc Mélenchon.

Les illusions sur notre poids dans le paysage électoral ensuite. Rien de pire pour démotiver qu'une claque électorale que nous n'avons pas prévu, nous devons donc d'emblée éviter de semer des illusions sur les hypothétiques résultats d'une candidature communiste. Une telle candidature sera très certainement en dessous des 5%, et presque à coup sur derrière celle de Jean-Luc Mélenchon au vue de la couverture médiatique avantageuse dont il bénéficie par rapport à nous. Il est important que les choses soient claires pour les camarades, afin d'éviter que ce choix ne se retourne contre nous et que la dynamique reflue. Il faut aborder cette perspective avec sérénité, avec une vision dynamique plus large de l'ensemble de la séquence engagée, comme je le développais plus haut.

Par contre, il faut mener sérieusement la bataille partout où nous pouvons faire élire des députés communistes, en faisant tout pour conserver une représentation parlementaire. Cette question n'est pas sans importance, elle est même centrale pour l'avenir de notre Parti comme – surtout – pour celui de « notre Gauche » : nous l'avons encore vu récemment, si nous sommes ponctuellement rejoints par des ex-socialistes ou des écologistes isolés, nos députés sont la colonne vertébrale de la représentation des intérêts populaires dans les hémicycles. S'il n'y a plus de députés et de sénateurs communistes demain, c'est autant de remparts en moins contre la « Révolution conservatrice » qui se prépare et autant de points d'appuis en moins pour faire émerger l'alternative.

Nous ne devons reculer devant aucune possibilité de faire élire des parlementaires communistes, y compris en terme de rassemblements locaux les plus larges possibles, car les législatives et sénatoriales sont à la fois des élections nationales et « locales » !
L'intérêt d'une candidature communiste – comme « moindre mal » en l'absence d'un nouveau Front Populaire – peut être aussi de favoriser l'élection de parlementaires communistes.

Voilà l'état de ma réflexion à l'heure actuelle. Je redis encore que rien n'est simple, et qu'il faut respecter tous les avis aussi bien parmi les communistes que parmi tous ceux qui sont engagés pour la transformation sociale. Une chose est sûre, la séquence qui s'ouvre s'annonce compliquée, et nous devons l'aborder de manière offensive. A chaque moment clé de l'Histoire de notre pays, les communistes ont sus être les piliers et les vecteurs du rassemblement populaire, nous devons garder cette boussole : le chantier qui est devant nous n'est rien de moins que la reconstruction de la Gauche, la reconstruction d'une perspective progressiste pour et avec notre Peuple !

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