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C'est dommage qu'on ne fasse pas, ici, de bal de fin de promotion comme on en voit aux États-Unis. C'est vrai : ces jeunes filles et jeunes gens, en jolie tenue, qui s'amusent pour la fin de l'année scolaire, c'est charmant. C'est ce que je me disais en pensant à l'anniversaire de notre petite dernière. A 16 ans, ce joli petit bout de femme aimera sans doute que ses parents lui offrent un cadeau qui la rende encore plus jolie. Mais lequel ? Le mieux est certainement de lui demander.
- « un jean, un top avec un headband, Papa ! »
Me voilà perdu : c'est quoi un headband ? J'apprends finalement que c'est un bandeau à cheveux, comme en portait ma femme quand je l'ai rencontrée. Dans ces années-là, les bandeaux à cheveux, étaient plutôt larges, élastiques. On en trouvait de toutes les couleurs.
En papa lourdaud que je suis, je ne comprends pas immédiatement la subtilité du cadeau: le jean, le top et le bandeau à cheveux doivent être coordonnés. Si je m'en tiens à mes goûts personnels, tout sera bleu. Mais ce n'est pas si simple. Avisée, ma fille me conseille de commencer par le headband et d'y coordonner le top et enfin le jean.
Car, de fait, ajoute-t-elle, il y en a en tissu, en métal… Bref:  de toutes les couleur et dans toutes les matières. Et elle conclut :
- « Enfin, dans les couleurs à la mode cette saison, naturellement ! »
Ce à quoi je réponds bêtement :
- « Naturellement... »
 

Mais on ne peut pas marcher éternellement: je finis toujours par avoir soif ou envie d'un café et je m'arrête à une terrasse. Je décompresse, m’attèle à lire le journal. Alors que je suis plongé dans la lecture d'un fait divers qui me surprend par sa banalité, j'entends:
- "Je peux?"
J'hésite à lever les yeux de mon journal. Pourtant, la voix m'attire: quelque chose me dit que ma vie de solitaire va basculer. La première question qui me vient à l'esprit, c'est: bon sang! il y a tellement de tables inoccupées dans ce bistrot, pourquoi juste la mienne? C'est là que la voix inconnue insiste:
 -"Je sais que vous vous intéressez à mon legging et je veux savoir pourquoi..."
Une bourrasque de vent arrache mon journal. Je n'ai plus le choix et mes yeux s'abaissent vers le legging supposé. C'était un legging noir à taille basse avec un foulard rouge orné de sequins et noué autour des hanches: un legging de style oriental. Je flashe, hésite encore un instant avant de lever les yeux. C'est là que sa main se pose sur mon épaule et me voilà le dos bien calé au dossier du fauteuil.
C'est une femme entre deux âges, enfin je crois, peu importe. Elle me dévisage puis me lance: