Autriche: La mort d'Haider pourrait ressouder l'extrême droite

Leader politique charismatique en Autriche, Haider avait effectué un spectaculaire retour sur la scène nationale lors des élections du 28 septembre.

L'Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZÖ) qu'il avait créée après sa rupture avec le Parti de la liberté (FPÖ) en 2005 avait obtenu 11% des suffrages tandis que l'extrême droite rassemblait 30% des voix.

Haider, 58 ans, a trouvé la mort samedi dans un accident de la circulation alors qu'il se rendait à une fête de famille pour le 90e anniversaire de sa mère.

Le leader d'extrême droite a perdu le contrôle de son véhicule alors qu'il roulait à 142 km/h, soit deux fois la vitesse autorisée.

Des centaines de personnes ont allumé des bougies et placé des gerbes de fleurs devant le siège du conseil régional à Klagenfurt, capitale de la région de Carinthie dont Haider était gouverneur.

Selon des analystes politiques, cette disparition de Haider est de nature à favoriser un rapprochement entre le FPÖ et le BZÖ, aucun successeur incontestable ne semblant devoir émerger de l'Alliance pour l'avenir de l'Autriche.

"L'Alliance ne possédait d'identité que grâce à Haider et sa mort signifie qu'il n'y a plus d'obstacle à une union avec le Parti de la liberté", a expliqué Peter Pulzer, spécialiste des questions autrichiennes à l'université d'Oxford.

Les dirigeants de l'Alliance se sont réunis dimanche à Vienne, mais le parti pourrait reporter sa décision sur un rapprochement jusqu'aux élections régionales de 2009, a estimé le politologue Peter Hajek.

Le succès aux législatives tenait en grande partie à la personnalité de Haider et il n'est pas certain que tous les électeurs du BZÖ acceptent de soutenir le FPÖ en cas de fusion.

"Il n'est pas certain que ceux qui ont voté pour l'Alliance reportent systématiquement leur suffrage sur le Parti de la liberté", a indiqué Pulzer. "Certains électeurs ont voté en faveur de l'Alliance, non pour des motifs politiques mais pour soutenir une personnalité."

Ayant adopté un style moins intransigeant et plus populaire, Haider avait élargi son audience au sein de l'électorat rural et parmi la classe moyenne.

De son côté, Heinz-Christian Strache, nouveau chef de file du FPÖ, attire plutôt un électorat jeune, ouvrier et urbain.

"Une majorité des électeurs de l'Alliance se tourneront vers le Parti de la liberté mais tous n'apprécient pas Strache", a rappelé Pulzer.

En 2000, le FPÖ conduit par Haider avait obtenu un score inattendu de 27% des suffrages, ce qui lui avait permis de participer à une coalition gouvernementale avec les conservateurs.

Après une bataille de pouvoir avec Strache, Haider avait quitté le FPÖ en 2005 pour fonder l'Alliance.

"Maintenant que Haider n'est plus là, un accord devient possible sans que personne ne perde la face," a indiqué le politologue Peter Filzmaier. "Tout dépend de la capacité de réaction de l'Alliance pour se remettre en ordre de marche."

Les incertitudes entourant l'avenir de l'Alliance et ses relations avec le FPÖ favorisent les partis centristes, perdants des législatives mais qui peuvent envisager une coalition.

Le président Heinz Fischer a demandé au social-démocrate Werner Faymann de former un nouveau gouvernement et des contacts ont été pris avec le conservateur Josef Pröll qui doit composer avec sa base électorale, opposée à un tel rapprochement.


Source: Yahoo News