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France
14/11/2007 - 13:26

Grève: la négo ou le chaos

Libération

Face à la grève qui a débuté aujourd’hui, le gouvernement, pour éviter un conflit prolongé, a déjà entamé des discussions avec les syndicats.



La CGT avait pris l’initiative de la rencontre: hier après-midi, Xavier Bertrand a reçu pendant une heure une délégation conduite par Bernard Thibault. Le ministre du Travail s’est ensuite entretenu avec les dirigeants de l’Unsa (Union nationale des syndicats autonomes), deuxième fédération à la RATP et troisième à la SNCF. Trop tard évidemment pour stopper le mouvement de grève d’aujourd’hui. Mais la CGT et le gouvernement ont commencé à préparer une sortie de crise par le haut, permettant d’éviter les deux scénarios à haut risque, le durcissement ou le pourrissement.

Au-delà des rodomontades, l’idée commence à faire son chemin que seule la négociation peut offrir de part et d’autre une issue honorable. «En 2003, il y avait eu une longue phase de discussion tripartite et une négociation», rappelait hier Bernard Thibault, renouvelant la demande de réunion à trois, pouvoirs publics, employeurs, syndicats qu’il avait formulée vendredi. Mais il l’a cette fois nuancée, acceptant qu’il n’y ait plus une négociation unique, – qui ne pouvait porter que sur les principes de la réforme –, mais des «cycles de négociation avec les directions d’entreprises et les représentants de l’Etat sur chacun des régimes spéciaux».

Xavier Bertrand a saisi la balle au bond, se réjouissant que la CGT accepte désormais «une négociation dans les entreprises». En contrepartie, il pourrait accepter qu’elles soient tripartites, donc avec la participation d’un représentant des pouvoirs publics.

Nicolas Sarkozy lui-même a accusé réception de la nouvelle, souhaitant que «les négociations s’ouvrent rapidement». Le président de la République a dressé la liste des points qui devraient être abordés, citant notamment «la pénibilité, l’emploi des seniors, l’aménagement des fins de carrière, le régime additionnel de retraites sur les primes, les avantages familiaux et conjugaux». De son côté François Fillon demandait hier soir à Xavier Bertrand de recevoir au plus vite l’ensemble des syndicats.

Si l’hypothèse d’une sortie de crise négociée a hier gagné du terrain, elle ne signifie par pour autant, pour les usagers, que le trafic redeviendra normal dès demain. Mais la situation pourrait s’améliorer sensiblement en fin de semaine. Alors que dans les deux autres scénarios possibles, celui du choc frontal et celui du pourrissement, on voit mal quelle issue aurait pu être trouvée avant dix à quinze jours.

Si l’on prend au mot aussi bien les responsables syndicaux que le ministre du Travail, une sortie de crise négociée est donc possible. Au-delà des positions de principe, «il y a de nombreuses dispositions qui constituent les droits en matière de retraite des salariés en cause et justifient de véritables négociations», rappelait hier matin Bernard Thibault. Le différend portait sur le cadre des négociations. Il est en train d’être levé. Dans ce scénario, les principales organisations syndicales pourraient jeudi ou vendredi suspendre leur mot d’ordre, quitte à déposer un nouveau préavis de grève quelques jours plus tard si les négociations achoppaient. Cette piqûre de rappel pourrait coïncider avec la journée d’action des fonctionnaires, le 20 novembre. La vraie difficulté, pour la CGT, sera d’obtenir dans la négociation des concessions suffisantes pour calmer ses troupes.

Si les deux camps, gouvernement d’un côté, CGT de l’autre, avaient continué à camper sur leurs positions, la grève pouvait s’installer et durer – et il n’est toujours pas exclu que cela se produise. Le discours que François Fillon tenait encore hier après-midi aux députés n’est pas fait pour calmer le jeu. Répondant lors des questions d’actualité à François Hollande, le chef du gouvernement a évoqué «les millions de Français risquant d’être privés d’une liberté fondamentale, celle de se déplacer, et parfois même celle de travailler». En opposant ainsi les usagers aux grévistes, il risque d’exacerber la colère des cheminots. Or ce sont les assemblées générales dans les dépôts, à la SNCF comme à la RATP, qui vont décider de la reconduction ou non du mouvement.

Si en début de semaine prochaine la mobilisation reste forte, la grève des fonctionnaires du 20 novembre peut apporter un second souffle au mouvement. C’est le scénario que défend la Ligue communiste révolutionnaire, qui appelait hier à «faire du 20 novembre une première journée de convergence interprofessionnelle». Sur le terrain, des organisations comme SUD- rail, mais aussi FO et une partie de la CGT, devraient relayer cette stratégie, qui ne peut déboucher, après deux ou trois semaines de grèves, que sur une défaite en rase campagne de l’un ou l’autre camp.

Les tentatives de négociation séparée avec une partie des syndicats menées notamment à la SNCF laissent entrevoir une troisième hypothèse: celle d’une grève se délitant plus ou moins lentement. Dès le 17 octobre, veille de la première journée de grève, la direction de la SNCF avait pris contact avec une fédération autonome, la Flac (3% des salariés, mais 30% chez les conducteurs de train), pour proposer des conditions plus favorables aux agents de conduites. Depuis, elle a relancé la CFDT et la CFE-CGC, pour les assurer que ces mesures pourraient être étendues.

A la RATP, la direction fait de même avec la CFDT (qui appelle à une grève limitée à 24 heures), la CFTC et la CFE-CGC (qui n’appellent pas à la grève). Cette stratégie pourrait accentuer les divisions syndicales, entraînant certes une reprise partielle du travail mais aussi un durcissement des «jusqu’au boutistes». Si le mouvement amorce une décrue enfin de semaine sans qu’il y ait appel de la CGT à reprendre le travail, le gouvernement peut être tenté de jouer cette carte du pourrissement. Au risque de braquer la CGT, qui a montré hier qu’elle était prête à négocier.

Nicolas Maury



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