L'Italie mise en cause dans la mort de Français en Afghanistan

L'état-major des armées françaises a dit ne pas être en mesure d'infirmer ou de confirmer l'existence de tels procédés de la part de l'armée italienne tout en jugeant les informations du quotidien britannique infondées.

Le 18 août 2008, 10 soldats français étaient tombés dans une embuscade tendue par quelque 170 taliban dans le district de Surobi, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Kaboul, qu'ils pensaient sûr.

Selon le Times, qui cite des sources anonymes au sein de l'Otan, les militaires italiens chargés de la pacification de la région, en collaboration avec les Français et les Turcs, l'avaient obtenue en versant des dizaines de milliers de dollars aux taliban.

Ils n'auraient pas tenu la France au courant de ces pratiques et l'attitude des activistes aurait changé du jour au lendemain lorsque les Français ont pris le relais de l'Italie pour le commandement de la région en août 2008.

La mort de ces soldats dans une embuscade avait ému l'opinion publique française. Les photos des taliban portant les tenues de leurs victimes, parues dans l'hebdomadaire Paris Match, avaient suscité l'ire des familles de soldats et du ministre de la Défense, Hervé Morin.

Les services du président du Conseil italien Silvio Berlusconi ont démenti jeudi ces informations, soulignant que plusieurs attaques de taliban contre les troupes italiennes dans la première moitié de 2008 constituaient la preuve que Rome n'avait pas eu recours au versement de pots-de-vin.

"Le gouvernement Berlusconi n'a jamais autorisé ou permis une quelconque forme de paiement d'argent aux insurgés taliban en Afghanistan, et il n'est pas au courant d'initiatives de ce type par le gouvernement précédent", peut-on lire dans un communiqué.

L'Italie dément également que l'ambassadeur américain à Rome se soit officiellement plaint de telles pratiques après avoir intercepté des conversations téléphoniques en faisant état, comme le rapporte le quotidien britannique.

Christophe Prazuck, le porte-parole de l'état-major des armées françaises, a souligné pour sa part que Paris ne disposait d'"aucun élément permettant d'infirmer ou de confirmer" les informations du Times.

Il a fait valoir qu'il y avait un partage d'informations quotidien sur place entre les Français, les Italiens et les Turcs "en confiance" et "en transparence".

"L'organisation du commandement dans la région, les échanges d'informations permanents entre militaires italiens, turcs et français nous permettent de dire aujourd'hui que ce qui sort dans la presse britannique n'est pas fondé", a-t-il déclaré en marge d'une conférence de presse à Paris.

"Nous avons eu accès à toutes les informations dont disposaient les militaires italiens sur ce qu'ils faisaient en Surobi", a-t-il ajouté.

Prié de dire s'il était d'usage de recourir au paiement des taliban pour éviter des affrontements, Christophe Prazuck a déclaré : "En tout cas, ce n'est pas un usage français en Afghanistan."

Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, a demandé que le ministre de la Défense, Hervé Morin, soit entendu par la commission de la défense.

"C'est très grave si c'est exact", a-t-il dit. "En l'occurrence, ça pose un problème de coordination des interventions militaires (...) Est-ce qu'on ne met pas en péril, en raison de l'organisation militaire, la vie de nos soldats ?"

La France a perdu 36 soldats en Afghanistan depuis le début de l'intervention militaire alliée en 2001. Paris compte quelque 3.000 soldats dans le pays.


Source: Reuters via Yahoo News