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France
19/11/2007 - 13:57

Les dessous d’un conflit qui dure

Libération

«Libération» raconte les coulisses d’un conflit durant lequel le gouvernement a davantage tenté de diviser les syndicats que d’engager les négociations.



Comment en est-on arrivé là ? Au sixième jour de grève dans les transports, la négociation sur les régimes spéciaux n’est toujours pas engagée. Et parmi les acteurs, on ne voit que des perdants.Les usagers d’abord, qui ne comprennent pas pourquoi il n’y a depuis mercredi qu’un train ou métro sur trois, alors qu’on annonce seulement 32 % de grévistes à la SNCF et 23 % à la RATP. Sans doute y a-t-il davantage de grévistes chez les roulants que derrière les guichets. Mais pourquoi la négociation annoncée dès le mardi 13 novembre n’a-t-elle pas commencé ?

Autres perdants : les syndicats. Ceux qui appellent à suspendre la grève ne peuvent que constater que cela n’a rien débloqué. Quant à ceux qui appellent à poursuivre la grève, la CGT en tête, cela ne les empêche pas d’être violemment critiqués dans les assemblées générales pour avoir osé parler de négociation.

Pour autant, le Président et le gouvernement n’apparaissent pas en position de force. Leur popularité est en baisse dans les sondages. L’opinion les soutient dans leur volonté de réforme, beaucoup moins dans la gestion du conflit. Les militants UMP eux-mêmes n’ont pas très bien compris s’ils devaient aller manifester en masse contre les grévistes ou rester chez eux pour ne pas gêner le gouvernement. Retour sur deux semaines de valse-hésitation.

Entre Xavier Bertrand, François Fillon et Nicolas Sarkozy, le partage des rôles est fixé depuis plusieurs semaines. Le bon, c’est le ministre du Travail chargé de négocier en finesse. Il en réfère directement à Raymond Soubie, conseiller social de l’Elysée et fin connaisseur du monde syndical. La brute, c’est le chef du gouvernement, chargé de rappeler à ses engagements une majorité UMP qui oscille entre l’antisyndicalisme primaire et la crainte des municipales de 2008. Et le patron, c’est Nicolas Sarkozy, qui dirige les opérations mais attend que l’on entrevoit le bout du tunnel pour intervenir directement. «ça se passe souvent comme ça, note un de ses conseillers. On se teste, on se fait peur au cas où l’autre craquerait, et puis on finit par se parler et négocier.» C’est ce moment qu’attend le Président pour intervenir. Mais il tarde.

En attendant, c’est d’abord à Fillon qu’il est revenu de durcir le ton. Le 7 novembre, sur Europe 1, il se dit «prêt à affronter les crises, et même une certaine impopularité». Devant les députés, le 13, novembre, il lançait : «Le gouvernement fera tout simplement son devoir» et «ne transigera pas sur les principes.» Les syndicalistes ne sont pas dupes de ce partage des rôles, même si, note alors Jean-ClaudeMailly (FO), Fillon devrait éviter de «jouer les pyromanes».

C’est donc Xavier Bertrand qui est chargé de dialoguer avec les syndicats. «J’ai compté : nous l’avons rencontré onze fois depuis début septembre», note le secrétaire général de l’Unsa-cheminots. Avec la CGT, le dialogue est difficile, mais il a lieu. Avec SUD rail, il a tourné court. Son délégué général Christian Mahieu ne sera reçu qu’une seule fois. «On a proposé à SUD de les revoir. Ils nous ont dit : “Pas tant que vous ne céderez pas sur les 37 ans et demi”, explique-t-on dans l’entourage du ministre. Son emploi du temps ne permet pas d’organiser des rencontres inutiles.»

A la SNCF, avec la FGAAC (autonomes), Xavier Bertrand enfonce un coin dans le front syndical. Au soir de la première grève, le 18 octobre, cette très ancienne fédération, qui représente 30 % chez les agents de conduite, fait savoir qu’elle a obtenu ce qu’elle demandait : maintien des bonifications pour les conducteurs de train, décote à taux réduit et augmentations de salaire en fin de carrière pour ceux qui accepteraient de travailler plus longtemps.

Rue de Grenelle, on se frotte les mains : avec la FGAAC, 30 % des trains devraient circuler. Et Bertrand se dit que si l’Unsa (14,5 % des cheminots) rejoint la FGAAC, la CGT (40 %) devra choisir son camp : l’affrontement ou la négociation. Le ministre demande aux directions de la SNCF et de la RATP de tout faire pour rompre l’unité syndicale. Sans succès. Même à la RATP, où la CGT est moins en position de force (37 %) et SUD beaucoup plus faible qu’à la SNCF (6,5 % contre 15 %), la grève est très majoritaire le premier jour et reconduite les suivants. Les conducteurs d’autobus, noyau dur de l’Unsa, très remontés contre la réforme, marchent avec la CGT.

A la SNCF, quelques jours avant le 14 novembre, la direction fait une dernière tentative de division en proposant un protocole d’accord à trois syndicats : CFDT, CFTC et CGC. Mais les trois syndicats font comprendre à François Nogué, DRH de la SNCF, que sans la signature de l’Unsa et de la CGT, cet accord ne vaut rien. La stratégie de division a échoué.

Le vendredi 9 novembre, le scénario est donc clairement celui de l’affrontement. «ça va se jouer au bras de fer… Comme d’habitude», note un conseiller de Sarkozy. Quand Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, annonce qu’il est prêt au dialogue dans une négociation tripartite nationale (Etat, syndicats, employeurs) portant sur les principes mêmes de la réforme, Bertrand rejette sèchement la proposition. Le ministre du Travail y voit une simple opération de communication destinée à faire porter la responsabilité du blocage des négociations sur le gouvernement. «De toute façon, les autres syndicats ne veulent pas de négociation nationale», répond Xavier Bertrand.

Thibault téléphone à ses homologues, Jean-Claude Mailly (FO) et François Chérèque (CFDT). Ce dernier lui rappelle que son syndicat demande, depuis le début, des négociations entreprise par entreprise, mais qu’il ne s’opposerait pas à ce qu’elles soient tripartites. «Si tu veux qu’on passe le message au gouvernement pour lancer la négo, pas de problème», propose-t-il.

A la CGT, Bernard Thibault réunit Jean-Christophe Le Duigou, chargé du dossier retraites, et les trois responsables des fédérations concernées, Didier Le Reste (SNCF), Gérard Leboeuf (RATP) et Frédéric Imbrecht (EDF-GDF). Le numéro 1 de la CGT finit par imposer son point de vue : il faut, selon le syndicait, fixer le cadre de la négociation pour préparer la sortie de conflit. Si elle se tient entreprise par entreprise, le gouvernement ne pourra pas refuser.

Le 12 au soir, le numéro 1 de la CGT appelle le ministre du Travail et demande à être reçu. Étonnement, rue de Grenelle, où l’on pensait qu’aucun contact n’aurait lieu avant la grève du 14. La CGT est reçue le 15 à 16h30. «Thibault a été impressionnant : c’était lui le patron», raconte un participant. Le soir même, Bertrand reçoit l’Unsa, et le lendemain les autres syndicats. Il leur remet une «lettre de méthode» actant le cadre de la négociation convenu avec la CGT.

Jeudi, le nombre de gréviste baisse. Néanmoins, trains et métro sont toujours en rade. François Chérèque appelle à suspendre le mouvement. Mais la CFDT ne pèse pas grand chose à la SNCF. Le secrétaire général de la fédération des cheminots, Arnaud Morvan, après avoir tenté de convaincre la CFTC et la CGC de le suivre, appelle seul à la reprise vendredi.

Le problème pour la CGT et l’Unsa est d’obtenir un geste qui permette à leurs militants dans les AG de dire que quelque chose a changé. Mais la tentation est forte de faire la jonction avec la journée d’action dans la fonction publique de demain. Hier, les six syndicats qui appellent encore à la grève ont pris date pour démarrer mercredi la négociation à la SNCF.

Nicolas Maury



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