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Textes Littéraires
07/10/2007 - 18:09

Les enfants des ténèbres - 32

Roman- Chapitre XXXVI suite



 Les enfants des ténèbres - 32
Bastard, moqueur, montra du doigt la 2CV de Soeur Marie Ange.
- C'est quoi ça?"
Elle rit, demanda aux infirmiers de l'aider à installer "Monsieur le Préfet" déclama-t-elle. Devant leur surprise de constater qu'il faisait mine de ne pas avoir l'usage de ses jambes, Bastard leur adressa un clin d'oeil complice.

Il était plus de minuit lorsqu'ils traversèrent Libourne et son marché aux arcades désertées. Les muscles de Bastard lui faisaient mal. Il tenta de se détendre en renversant la tête sur le dossier. Marie-Ange lui disposa un minuscule oreiller sous la nuque.
- Merci Angela, mais j'eus préféré qu'il n'ait pas été extrait de sous votre postérieur.
Il alluma une cigarette, fuma lentement en inhalant avec délice chaque bouffée.
- Il fait froid," dit Angela en surveillant la route, il redressa le torse.
- Je possède une petite maison de campagne à quelques kilomètres d'ici. Un petit détour. Voulez vous que nous y passions la nuit? "
Elle lui lança un regard teinté d'une nuance d'affection.
- vous êtes fatiguée Angela. "
- D'accord l'oncle, allons-y. "
- Vous auriez peur d'un infirme, Angela... "
Elle ne répondit pas. Il lui indiqua la route.
- Une fois arrivés, comment ferai-je pour vous aider à sortir de la voiture? "
Il prit un air pompeux :
- Ne nommez pas cette poubelle voiture s'il vous plaît. Elle est la honte de l'industrie française. Mais je conçois qu'elle soit la nécessaire preuve de l'humilité de l'Eglise."
- Louis, pourquoi en voulez-vous autant à l'Eglise? "
Il réfléchit un moment, se demandant où pouvait bien les mener cette conversation :
- L'Eglise a perdu sa vocation apostolique, relégué la religion derrière d'autres préoccupations. Elle n'est qu'un Etat, Angela rien qu'un Etat. Elle en a les attitudes, les réflexes, et même les usages. "
Bastard soupira, de son moignon, se caressa la barbe :
- Ne vous inquiétez pas pour moi Angela, il y a un gardien à la maison. Il vous aidera à extraire ma carcasse. "
Il ajouta, en s'abandonnant de nouveau contre le dossier.
- Tournez à gauche. Dans cinq kilomètres, nous y serons. "

Ils avaient pénétré dans une forêt. Au printemps, commença par penser Angela, cela devait être magnifique.
Les faisceaux des phares balayaient d'immenses ombres noires. Indéfiniment, la lumière semblait se répercuter de tronc en tronc. Du fossé qui longeait la route, de grandes fougères d'un vert aquatique émergeaient comme d'un antre noir et profond. Un vent sournois, qu'Angela ne sentait pas en conduisant, secouait leurs feuilles rabougries.
Au dessus de la route, les branches se rejoignaient, s'entremêlaient sans indulgence, formant une voûte capricieuse. A la faveur d'un dos d'âne non signalisé, l'image de la route disparut, effacée par l'enchevêtrement des branches qui semblèrent se rapprocher exagérément du pare-brise. Le coeur d'Angela se mit à battre plus fort.

Un panneau signalisant le passage de cerfs la rassura. Les troncs noirs défilaient toujours, leur succession rendue chaotique par les déformations de la chaussée. Bastard semblait somnoler.
Elle qui aimait tant faire de grandes courses en forêt aurait préféré quitter cet endroit sinistre.
Alors qu'elle se posait la question de savoir pourquoi le paysage lui procurait un malaise, elle se rendit compte que le pare-brise était parsemé de nombreuses déjections d'oiseaux.
- C'est la verdure qui vous met mal à l'aise jeune fille ? "
Sa voix était ensommeillée, Angela sursauta. Il ajouta:
- C'est un micro climat. Ici, nous ne connaissons pas les gelées de l'hiver. Il vaut mieux vous arrêter et nettoyer votre pare-brise. "
- Mais nous ne devons pas être à plus de deux ou trois kilomètres. "
Il lui lança un regard trouble.
Elle se rabattit sur la droite, au bord du fossé. Le moteur s'éteignit. Au loin le vent lui fit écho.
- Je n'ai pas le carnet, Louis et je crois en vous. Que vous resterait-il si vous me détruisiez? "
- Pour l'instant, je me fous du carnet. La maison est là, juste derrière la bute, il y a des gyrophares. Je ne voulais pas vous inquiéter avant d'en être certain."
Elle vit des lumières qui dansaient une folle farandole, elle lui prit la main. Il la trouva glacée. De son moignon, il lui caressa la coiffe, elle posa la tête sur son épaule.
- Donnez-moi mon automatique, Angela. Il est dans le sac sur le siège arrière. "
- Ils ne pouvaient pas savoir que nous arriverions. Pourquoi penser qu'il s'agit d'un piège? "
Il ricana en lui tapotant la main :
- C'est une simple précaution Angela; je refuse de me faire tirer comme un lapin. Donnez-moi mon pistolet et avancez lentement dans le petit sentier sur la gauche. "
Elle obtempéra. Il prit l'arme, en fit jouer le chargeur. La coinçant de son moignon contre sa cuisse, il engagea une balle dans le canon.
- Roulons, roulons, belle demoiselle, ordonna-t-il joyeusement.
Ils roulèrent.
- Je voudrais pouvoir prier", murmura Angela.
Bastard la fixa, il voulait distinguer ses traits.
- Très bien, soeur Marie-Ange: après moi:
"Merci mon Dieu merci Marie
Joseph n'est pas ce que l'on dit."
Elle pleura bruyamment.

Un agent leur fit signe se s'arrêter.
- Que cherchez-vous par ici? interrogea-t-il , méfiant.
- Je suis Louis Bastard, Préfet de Police Hors Cadre. Vous êtes chez moi, jeune homme. Allez me chercher votre supérieur, même si au fond il ne doit pas l'être."
L'agent écarquilla les yeux, hésita un moment puis effectua un demi-tour impeccable.
Angela fit entendre un petit rire nerveux. Bastard glissa son arme entre ses cuisses. Il commanda:
- Laissez-moi faire Angela. En cas de danger, courez en zig zag en direction de l'ouest, il y a une cabane, vous ne pouvez pas la manquer. Attendez que je vous y rejoigne."
- Inutile, je ne vous laisserai pas, vous ne pourriez pas marcher. "
Quelqu'un alluma un puissant projecteur, des hommes en uniforme s'agitèrent. Marie Ange se protégea les yeux, le faisceau les brûlait.



Henri Vario-Nouioua










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