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Nouvelles de la Faim et de la Mort!
15/09/2005 - 23:14

Niger : tous responsables, tous coupables ?

Polémique sur le système de l’aide autour d’une crise nutritionnelle

Depuis le printemps dernier sévit au Niger une crise nutritionnelle grave qui tue des enfants. 32 000 enfants sont sévèrement malnutris, (donc à risque de mort imminente pour ces enfants qui sont à moins de 70% du rapport poids-taille normal), et 160 000 enfants sont victimes de malnutrition modérée (moins de 80% du rapport P/T), qui sombrent dans la malnutrition sévère s’ils ne sont pas nourris et soignés. La réponse à cette crise suscite une polémique entre Médecins Sans Frontières et les agences des Nations unies, dont l’UNICEF. Explications de texte…



Depuis le printemps dernier sévit au Niger une crise nutritionnelle grave qui tue des enfants. 32 000 enfants sont sévèrement malnutris, (donc à risque de mort imminente pour ces enfants qui sont à moins de 70% du rapport poids-taille normal), et 160 000 enfants sont victimes de malnutrition modérée (moins de 80% du rapport P/T), qui sombrent dans la malnutrition sévère s’ils ne sont pas nourris et soignés. La réponse à cette crise suscite une polémique entre Médecins Sans Frontières et les agences des Nations unies, dont l’UNICEF. Explications de texte…


Les racines du mal

La sécheresse et l’invasion de criquets ont leur part dans cette crise, mais le déficit agricole (7% de moins que les prévisions) n’explique pas seul l’ampleur du problème. La crise que subit le pays n’est pas une famine : une famine touche l’ensemble d’une population, sans discrimination sociale ou d’âge, une famine se « voit », les êtres faméliques étant partout visibles. Au Niger, la crise nutritionnelle touche les groupes sociaux les plus vulnérables et, au sein de ces groupes, les enfants de moins de cinq ans. L’appauvrissement, au fil des années, des groupes sociaux les plus vulnérables, une sécurité alimentaire aux mains des commerçants locaux, une réforme du système de soins qui rend ceux-ci payants pour les enfants de moins de 5 ans (les plus touchés par la malnutrition), l’habitude prise de voir les indicateurs du Niger parmi les pires enregistrés sur la planète… tous ces facteurs expliquent aussi le retard avec lequel chacun a réagi à la crise.


Une réponse tardive

L’UNICEF n’a pas fait partie des retardataires, étant présent sur ces terrains bien avant l’arrivée des caméras. D’ailleurs, l’UNICEF France a débloqué un financement de 300 000 Euros pour le Niger en réponse à l’appel d’urgence du Représentant dès mars. Ce financement a été réparti en deux tranches de 150 000 Euros, la première tranche ayant permis de financer des approvisionnements de vivres en urgence dès mars, la seconde pendant l’été.

Mais demeure que la réponse à la crise est tardive et que la polémique enfle, sur fond de médiatisation subite. Médecins Sans Frontières lance, fin août, un pavé dans la mare, le président de la section française accusant, dans une interview parue dans Le Monde, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Unicef d’inertie et d’erreur d’adressage dans les distributions générales. En effet, le Programme alimentaire mondial identifie ses lieux de distributions en fonction du déficit agricole et non du pourcentage d’enfants malnutris. Or il n’y a pas de corrélation directe entre les deux phénomènes. Cette critique ne devrait pas affecter l’UNICEF, pourtant logé à la même enseigne dans la bouche du président de MSF, alors que nos approvisionnements d’Unimix, farine spécialisée, se font auprès de nos 11 organisations partenaires de terrain, dont MSF ! Donc si nos distributions de nourriture spécialisée ne se faisaient pas aux bons endroits, cela signifieraient que ces ONG se sont implantées au mauvais endroit…

Quant au retard dans la réponse à la crise, réel, il s’explique par la difficulté pour les agences d’obtenir les financements d’urgence auprès des bailleurs institutionnels, ces bailleurs ayant réagi lorsque la crise a suscité un intérêt médiatique (notamment les couvertures de la BBC). L’UNICEF a dû divertir des fonds normalement prévus pour les programmes à long terme afin de répondre sans attendre à la crise. Et, encore une fois, l’UNICEF France a fait partie des premiers à répondre présent lorsque le Bureau de terrain a tiré la sonnette d’alarme.


Erreurs opérationnelles

Erreurs de choix opérationnels, ensuite. Ni MSF, ni l’UNICEF, ni le PAM n’ont procédé à ce qui doit se faire dans ce type de crise : une prise en charge des enfants modérément malnutris par des programmes de « nutrition supplémentaire », des distributions de farines spécialisées qui permettent à l’enfant – et à la famille – de se nourrir correctement, sans hospitalisation mais avec un suivi médical régulier. Or, prendre en charge un enfant qui sombre la malnutrition permet d’éviter une dégradation de son état jusqu’à moins de 70% du poids qu’il devrait avoir à son âge. MSF estimait que cette responsabilité incombait à d’autres acteurs car ses ressources étaient mobilisées par les centres thérapeutiques pour les enfants les plus malades (tout en refusant d’appeler aux dons pour le Niger, l’argent du Tsunami couvrant les besoins…), le PAM mais les autres agences ne disposaient pas de financements suffisants pour effectuer ces approvisionnements en vivres.

Autre attaque contre l’Unicef qui, selon les dires de Jean-Hervé Bradol « n’aurait pas un gramme d’Unimix en stock ». Les informations du terrain (lire le question-réponse) démontrent le contraire même si l’Unicef n’a pu couvrir son appel d’urgence qu’à la mi-août et donc augmenter son volume d’activités au cours de l’été.


Responsables, coupables ?

Alors, tous responsables et coupables ? La polémique déborde du Niger pour retrouver le débat entre urgence et développement : vaut-il mieux donner un poisson ou le filet pour pêcher ? Après avoir refusé de procéder à des distributions générales de vivres de peur de déstabiliser le marché et les agriculteurs locaux, poursuit en substance Jean-Hervé Bradol, le président de MSF,les Nations unies ont aujourd’hui une approche qu’il qualifie d’idéologique « sur ce que doit être le développement et les sacrifices à faire pour y parvenir. « Cela revient à dire aux Nigériens, poursuit-il, « sacrifiez vos enfants d’aujourd’hui pour pouvoir bien manger demain. » Le système implose à présent. A court terme, ce sont des dizaines et des dizaines de milliers d’enfants qui sont menacés de mort. »

Une attaque violente à laquelle Kofi Annan a répondu de retour de Zinder, l’une des principales régions – agricoles pourtant – touchée par la crise : « nous avons tous mis trop de temps à réagir, à comprendre la situation, à déployer du personnel, à dégager des ressources, reconnaît-il. Mais (…) chacun doit accepter sa responsabilité sans rejeter la faute sur autrui ». Pour le Secrétaire général des Nations unies, sur fond de pauvreté chronique (un Africain sur trois souffre de malnutrition) et de dettes à rembourser, c’est l’ensemble du système d’alerte qui est à revoir, ce sont des fonds à dégager pour les réponses en urgence et la prévention par un coup de pouce aux Etats les plus pauvres qu’il faut permettre. Des systèmes d’alerte basés sur des indicateurs plus pertinents pour la santé des bénéficiaires existent d’ailleurs depuis des années dans d’autres pays, comme le Kenya par exemple, et permettent efficacement d’anticiper les crises.

Enfin, lorsque la crise arrive, poursuit Kofi Annan, « c’est aux être humains, et non aux grands principes, qu’il faut penser d’abord. » Un débat donc autour du système de l’aide, un débat où il question de la responsabilité des acteurs face à l’avenir mais aussi face aux enfants nigériens qui, aujourd’hui, dépendent cruellement de nous tous…


Anne Fouchard








Quel est le degré de coopération entre l’UNICEF et MSF Niger ?

Niger : Questions-réponses autour d’une polémique


Pourquoi MSF dénonce-t-il une réponse lente et inadéquate de l’UNICEF ?

Nous sommes surpris des critiques de MSF sur l’UNICEF par voie de presse. L’UNICEF, ainsi que toutes les agences humanitaires qui travaillent au Niger, ont fait face à un manque de fonds, avant que les médias internationaux n’attirent l’attention, en juin, sur la situation qui sévit au Niger. Toutes les agences humanitaires au Niger, y inclus MSF, connaissent et sont d’accord, les mesures qui doivent être prises, et la plupart des agences, telle l’UNICEF, était incapable d’agir, sans avoir la garantie des dons. L’intense couverture médiatique de la BBC et des autres organisations, a permis une amélioration de la situation.



Quand l’UNICEF a-t-il donné l’alerte d’une possible crise alimentaire au Niger ?

L’UNICEF savait en octobre-novembre 2004 que la crise surviendrait sûrement en 2005, lorsque le PAM a lancé son premier appel aux fonds en conséquence d’une saison pauvre en pluie et d’une invasion de criquets.



Quand l’UNICEF a-t-il effectivement commencé à répondre à la crise ?

Depuis le début de l’année 2005, l’UNICEF Niger a mené un grand nombre de plaidoyers et de visites aux Etats-Unis et en Europe, afin d’attirer l’attention sur la situation nutritionnelle au Niger, qui tendait vers la crise actuelle. Un film de plaidoyer sur la crise de malnutrition au Niger a été produit et présenté, ainsi que des propositions de récoltes de dons. L’UNICEF a injecté les fonds existants pour d’autres programmes, s’élevant à 600 000 US$, en mars, lorsqu’il est devenu clair que les dons au PAM arrivaient trop lentement et que la crise s’aggravait. En mars, nous avons reçu et distribué aux partenaires avec lesquels nous travaillions ou avec lesquels des partenariats ont été établis – dont MSF – de la nourriture thérapeutique et autres matériels spécialisés. A la mi-avril, nous avons publié le premier appel pour une aide additionnelle urgente s’élevant à 1,3 million US$.



Comment le programme de l’UNICEF a-t-il été affecté par la faible réponse à l’appel du PAM ?

Si la réponse à l’appel du PAM avait été effective, une distribution générale de nourriture aurait permis que la situation n’empire pas, et bien moins d’enfant auraient aujourd’hui besoin de nourriture thérapeutique et de soins.



Quel est l’état actuel des stocks de l’UNICEF ?

L’UNICEF a maintenu une livraison ininterrompue de la principale nourriture thérapeutique des enfants, depuis juin, lorsque l’attention des médias a considérablement favorisé les dons. Aujourd’hui nous avons assez de stocks des cinq sortes de nourriture thérapeutique au Niger, jusqu’au mois d’octobre, et assez prévus jusqu’à décembre. Toutes les livraisons spécialisées ont pour but principal de sauver les vies du nombre colossal d’enfants - 160 000 souffrant de malnutrition modérée et 32 000 souffrant de malnutrition sévère – et de soutenir les familles et les communautés.

Pour information, le ministère des Affaires Etrangères suite à la visite de Monsieur Douste-Blazy au Niger a décidé de prendre en charge le transport par avion de 250 tonnes d’UNIMIX.

MSF est l’une des onze ONG internationales qui sont investies dans les programmes nutritionnels au Niger, et avec laquelle l’UNICEF a un accord de coopération. L’UNICEF et MSF ont signé un protocole nutritionnel. En temps que partenaire exécutif, MSF a été engagé à tous les niveaux dans l’élaboration de la réponse à la crise du Niger. L’UNICEF a distribué de la nourriture thérapeutique spécialisée pour les enfants aux cliniques de MSF depuis avril 2004.



Lire aussi sur notre site (www.unicef.fr) : Niger, les actions de l’UNICEF en réponse à la crise

Hélène Dehaspe
Tél. 06 60 97 73 10
kerhelene@free.fr

H.D/ UNICEF









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