Notes Philosophiques ou Voyage en Anachronie -

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Samedi 22 Octobre 2005
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    La Grande Corniche eut ses heures de gloire. S'y rendre constituait une excursion et, en ses années 1930, le mot n'est nullement exagéré.

 

    En kilomètres, bien peu de choses. Trente, peut-être, mais combien fut rude la route pour ces voitures lourdes et peu fiables qui au premier nid de poule rendaient qui un pneu, qui un radiateur.

 

    La mission de l'excursionniste est pourtant simple. Gagner la frontière italienne de Nice en passant par toutes les communes qui ont une emprise sur cette déjà fameuse corniche. Villefranche, Eze, Monaco, Roquebrune, Menton, etc.

 

    A mi-chemin, le bien nommé "Belvédère d'Eze", trônant au-dessus du village de sa hauteur de cinq cents cinq mètres. Il est une prouesse d'architecture tant il semble qu'il doive sombrer dans l'abîme à chaque coup de vent. De ses terrasses, s'étalait un paysage sans nimbes ni nuées où il semblait que l'on puisse toucher l'inatteignable.

 

    Sur les présentoirs en fer, cartes postales et souvenirs. Parmi eux, la brochure dite "Excursion de la Grande Corniche". Lourd papier luxueux, reproductions de grande qualité, le tout édité pour et par le Belvédère d'Eze.

 

   

"Excursion de la Grande Corniche" - Belvédère d'Eze - Collection X. Cottier

 

    La plaquette commence par un audacieux photomontage à la facture très moderne pour l'époque. Au premier plan la Promenade ornée encore pour quelques années de sa jetée promenade, puis au loin les étapes du voyageur : le Belvédère, Eze, La Turbie, etc. comme autant de haltes sur une muraille invisible.

 

   

 

    Le conducteur de la petite décapotable noire voit Eze s'approcher et, sur cette photo, le Belvédère est bien indiqué. Il pourra là trouver de l'eau pour sa voiture et quelques rafraîchissements pour lui-même.

 

   

 

    "Eze - Epoque Sarrazine (sic)"! Amusant raccourci "historique". Eternelle vision de la "montagne" d'Eze qui était restée inchangée depuis tant de siècles.

 

    L'excursionniste n'a pas besoin d'en savoir plus et, sans doute, reviendra-t-il quelques jours plus tard pour découvrir le "nid d'aigle".

 

    Ce temps paraît si lointain et désuet. Nous savons qu'il ne reviendra pas.


Xavier Cottier
Rédigé par Xavier Cottier le Samedi 22 Octobre 2005 à 22:11
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